Forum de FilmDeCulte

De retour de cure, Kwon réceptionne une série de lettres signées de Mori, un japonais rencontré autrefois quand il donnait avec elle des cours dans un institut de langues. Ce dernier est venu pour la revoir dans le quartier de Bukcheon mais n'est pas parvenu à la retrouver... Malheureusement après une chute dans un escalier, Kwon disperse les lettres et doit les découvrir une à une sans en connaître l'ordre.

Je ne sais pas trop comment sera accueilli le film (première grosse crise avec critique française? Il faudra bien que ça arrive), je le trouve supérieur en tout cas au court métrage un peu étiré qu'était Sunhi... Sur 66 minutes l'execution me parait parfaite, c'est d'un naturel assez bluffant avec pourtant quelques éléments de montage ou de raccords assez inédits, une dimension onirique insidieuse dans l'exploitation de la banalité et du quelconque, qui sape encore plus les repères en fin de projection (avec un ou deux plans parmis les plus "fantastiques" d'HSS), même si le réal a son terrain désormais bien connu évidemment, mais est-ce un reproche à lui faire?
On peut se lasser ou pas, je trouve Hill of Freedom tout à la fois vif et mélancolique, d'une multiplicité émotionnelle réjouissante, plus focalisé aussi sur les marginaux avec son héros au chomdu et son acolyte d'éthylisme en surendettement. L'éclatement du récit et le décalage de deux personnages sur des mêmes lieux façon Pouvoir de la province de Kangwon / HaHaHa est ramené à sa perspective la plus minimaliste, le coup des lettres permet aussi d'offrir une fondation à une construction aléatoire assez implacable, jusqu'au dernier coup final... Hill of Freedom exprime à la fois espoir et illusions comme rarement, tout en les réduisant en miette sans passer par le cynisme. C'est du concentré dans le processus créatif d'HSS et dans sa dernière période, on se demande jusqu'où il va aller comme ça... Là il n'a rien tourné pour l'an prochain.

J'ai vu le Pouvoir de la province de Kangwon avant celui là et c'est amusant de mesurer l'écart entre les débuts d'un cinéaste encore un peu en lutte avec ce qu'il représente et ce film-ci dans lequel j'ai eu le sentiment qu'Hong Sang Soo était arrivé à créer un monde plein, minimaliste et apaisé, plus encore replié sur ces figures mais aussi paradoxalement plus ouvert (le héros japonais moins versatile qu'Huppert dans another country, le vin à table et les langues parlées)
Ici on a il me semble un personnage principal masculin un peut à part dans son oeuvre, peut être plus dans la continuité d'autres personnages féminins, débarrassé de certains traits de caractère évacuant pour le coup le sentiment de gêne présent dans d'autres films. De la douceur et de la lumière.

Ah oui c'est vrai la reprise des 3 continents.

Il reste des séances en périphérie :

http://www.3continents.com/fr/ledition- ... de-france/

La petite musique mélancolique de Hong Sang-soo en format resserré, centrée sur les rêveries sentimentales d'un chômeur japonais en Corée du Sud. On retrouve bien sûr sa patte, ses circulations narratives, son jeu sur le réel et le fantasmé. Parfois drôle, parfois triste. Petit mais précieux.

4-5/6

Je trouve que la "petite musique" d'HSS est fredonnante ce coup-ci: le récit éclaté donne une belle légèreté au film, qui est comme souvent mélancolique mais également rempli d'espoir. La fin me plait beaucoup. En revanche les séquences prises à part me convainquent de façon aléatoire, parfois les acteurs sont un peu en roue libre à mon sens, c'est trop démonstratif à mon goût, limite grossier, notamment dans certaines séquences où on a davantage le sentiment que les acteurs font semblant d'être bourrés, plutôt qu'ils jouent réellement leur personnage.

Le film se suit sans déplaisir, avec une agréable douceur, mais me fait quand même grimacer par moments (petit moment de malaise aussi quand le perso principal invective la gérante de l'auberge pour faire manger son neveu gratuitement - ces passages ne me font pas vraiment rire, parfois les personnages me sont antipathiques et je vois pas bien ce que ces séquences viennent faire là).

3/6

Tu te trompes de jaune.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Ou alors rotary et toi avez trouvé le troisième homme.

Je m'en suis rendu compte trop tard, ça a pas trainé !

Seulement mon 2ème film de la période pré-Kim Min-hee, et plaisir de (re-)découvrir un Hong Sang-soo plus léger, plus ludique, qui semble prendre autant de plaisir à jouer avec la forme (la structure éclatée du récit, comme un écho du parcours erratique de Mori durant son séjour en Corée, et qui va bien au-delà du simple artifice scénaristique que cela pourrait sembler être) qu'avec le fond (les atermoiements amoureux de ses deux protagonistes principaux). L'impression que depuis Un jour avec, Un jour sans, il a perdu de cette légèreté, que le scandale occasionné par sa liaison avec Kim Min-hee a marqué en profondeur son cinéma, qui est devenu plus dur à l'encontre de la gent masculine, comme s'il battait sa propre coulpe et cherchait à expier sa faute de film en film. En comparaison de ses 6-7 derniers films, Hill of Freedom est lui beaucoup plus innocent, il n'y est jamais question de culpabilité, mais de désir et de déception amoureuse, où l'on s'autorise une escapade amoureuse le temps d'une ou deux nuits, le temps pour chacun des amants de trouver un moment de réconfort autant charnel qu’émotionnel, sans que cela ne porte nullement à conséquence. Et j'aime beaucoup ce qu'apporte l'injection d'un personnage étranger dans son récit. J'ai retrouvé ce que j'avais pu ressentir dans La Caméra de Claire (pas vu In Another Country), le côté révélateur qu'apporte l'étranger sur la culture coréenne, comme s'il permettait de mieux mettre en relief ses particularités (bien que Mori se défende de vouloir porter un jugement définitif sur la base des quelques personnes qu'il a pu côtoyé en Corée).

Du coup, je me demande si je ne vais pas prendre plus de plaisir maintenant à découvrir la filmographie de HHS à rebours plutôt que dans ses prochains opus. Et puis, Kim Min-hee n'étant pas là pour attirer toutes la lumières et l'attention de son conjoint-réalisateur, je trouve que les autres acteurs s'épanouissaient plus dans les précédents films de Hong Sang-soo. Impossible par exemple d'imaginer maintenant qu'un personnage aussi improbable et excessif que le neveu de la propriétaire de la Guest House puisse encore exister que chez HSS, et c'est dommage.