Forum de FilmDeCulte

Déçu par ce film dont j'attendais clairement plus et qui s'est avéré en fait sans surprises. C'est vraiment ce que tu peux attendre de ce sujet sans prise de risque, en restant suffisamment soft dans la description de ce monde interlope du porno underground.

Il rate un peu tout ce qui pouvait faire le sel du film d'un point de vue psychologique, c'est à dire comment une éducation très religieuse calviniste pouvait soudain faire prendre un virage brutale à une adolescente en perte de repères (c'est évoqué bien trop brièvement dans une poignée de dialogues en fin de film). Il manque cette prise de conscience de la part du père qu'il a raté un truc et qu'il passé totalement à côté de qui était sa propre fille. Et de l'autre côté il manque, et c'est plus surprenant de la part de Schrader, une description de ce monde beaucoup plus forte, glauque et qui prend aux tripes. Là ça reste beaucoup trop gentillet que ce soit dans l'imagerie ou plus simplement dans la manière de filmer ces sex shops, ces cinémas pornos, ces quartiers louches... Schrader rate un peu tout ce que réussit Friedkin dans Cruising par exemple. Tout le film manque de trouble, s'avère finalement toujours un peu trop lisse. Par exemple le personnage du père n'est jamais titillé par ce qu'il voit, il ne montre jamais que lui aussi c'est un homme, il aurait été intéressant de le voir céder à des pulsions ou du moins se montrer troublé par cet étalage de chair qu'il n'avait jamais expérimenté auparavant mais on en est pas du tout là.

Le film déroule son petit programme prévisible, une enquête presque banale, un détective privé, la rencontre d'une fille (aussi paumée que la sienne) qui va l'aider jusqu'à une conclusion très consensuelle qui ne fonctionne pas trop (et un peu l'opposé d'un Taxi Driver). Le problème c'est que le film n'est pas non plus suffisamment "Série B" ce qui aurait pu lui donner une vraie efficacité brute. Mais on est vraiment entre les deux, entre le drame un peu basique et un côté plus vengeance d'un père qui fera tout pour retrouver sa fille. Le résultat est donc finalement un peu tiède et c'est sans doute ce qui m'a le plus surpris de la part de Schrader.

Reste George C.Scott excellent acteur, l'un de ses meilleurs rôles sans doute. La scène où il découvre pour la première fois sa fille dans un porno est sans doute la meilleure du film et il y est bouleversant. Pas un mauvais film du tout, la dernière partie est pas mal, il y a quand même une vraie ambiance (la scène dans la boîte sado maso) mais de la part de Schrader (et Milius à la prod) on pouvait s'attendre à plus "osé", plus fort et marquant.

3/6

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CroqAnimement votre

Lol, la tagline.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

La tagline-pitch, pour le coup, elle fonctionne bien (mais si vulgos et cash oui).

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Un peu putassier mais elle ment pas sur la marchandise.

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CroqAnimement votre

J'avais bien aimé mais ça remonte à tellement longtemps...

J'ai été par contre étonné que Hustle de Aldrich (film au rythme bizarrement mou mais qui vaut le coup d’œil) que j'ai vu récemment, sorti quelques années avant, traite exactement du même sujet.

J'aime assez Schrader mais ce film, c'est du glorified Joel Schumacher. Donc à la limite, je préfère 8mm, auquel il me fait penser, que ce truc qui se vautre dans sa noirceur comme un cochon dans la boue.

Tiens je connaissais pas celui-là, je savais pas que Deneuve avait tourné pour Aldrich.

Sinon en lisant la page wiki du film Pauline Kael dit exactement la même chose que moi (sur le manque de trouble) : https://en.wikipedia.org/wiki/Hardcore_(1979_film)

Sinon voilà ce que John Milius pense du film :

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CroqAnimement votre

Oui, entre les deux je me demande si je ne préfère pas le Schumacher...
Grosse déception pour le Schrader, cinéaste qui me semble bénéficier (du moins dans ses premiers films) d'une certaine immunité critique.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Jamais autant que pour son dernier

Oui, aussi !

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Lightsleeper, the Walker sont des character studies intéressantes. Moins fan d'Affliction qui a ses fans. Pas vu Blue Collar. Et déjà dit, mais j'aime beaucoup le Nicholas Cage movie renié qu'il a fait. Le suivant Dog eat dog est bon tout laissant aucun souvenir.

Art Core a tout dit. George C. Scott est bon et j'aime les virages comiques qu'il prend (genre quand il se déguise en producteur de porno). Mais le film semble réalisé par le personnage lui-même, donc à distance, avec un regard trop gentillet et inoffensif. A aucun moment t'es troublé, perturbé, remué.

De plus, on n'a pas suffisamment vu George C. Scott avec sa fille au début pour percevoir leur relation, du coup l'absence de la jeune fille est théorique, et les retrouvailles superficielles (le dialogue de la fille sur ses motivations est trop rapide).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Il y a une bonne trentaine de pages sur ce film dans Cinema Speculation de Tarantino.
Je ne sais plus trop ce qu'il en dit, je crois qu'il aime bien l'univers tout en reprochant à Schrader d'avoir voulu faire à la fois un remake caché et bancal de la Prisonnière du Désert et jouer la carte du cinéma d'exploitation embourgeoisé.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre