Forum de FilmDeCulte

Un célèbre documentariste canadien accorde une ultime interview à l’un de ses anciens élèves, pour dire enfin toute la vérité sur ce qu’a été sa vie.

Paul Schrader adapte un roman de feu Russell Banks. Dès le début j'ai été séduit par cette "intense tranquillité" schraderienne où tout semble posé et pépère mais tu sens partout du sous-texte, un truc sourd qui bout à l'intérieur.

Un documentariste star se fait interviewer face caméra et revient sur sa carrière et le mensonge qu'a été sa vie. Celui qui a passé sa vie a filmé les autres se retrouve devant la caméra ; celui qui a fait son beurre de la vérité se retrouve confronté à la sienne: un sujet méta en diable qui ne pouvait que me plaire.

Surtout que le film s'avère un labyrinthe mental particulièrement fécond, juxtaposant les changements: de format ; de couleur et de N&B ; d'acteurs (un coup le perso jeune est joué par Jacob Elordi, un coup par Richard Gere non-grimé) ; de rôles (Uma Thurman joue deux personnages). Parfois ça switche même au sein de la scène, comme un reflet de la confusion du personnage. En gros, comme aurait jadis pu tweeter "Film Twitter": "OH CANADA is just THE FATHER from Errol Morris's point of view".

Cependant, de la même manière qu'il est difficile de retranscrire l'ennui sans être ennuyeux, le film veut témoigner de la confusion mais s'avère confusant (salut Billy Budd). Et les errements du récit deviennent trop dur à suivre pour pleinement les apprécier, jusqu'à une fin par trop abrupte - je rêve mais en ce moment j'ai l'impression que les films que je vois sont trop courts. En résulte une sensation de "C'est tout ?", d'un film stimulant mais qui manque de densité. A voir comment il vieillit.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste