Forum de FilmDeCulte

Temple du cinéma d’auteur, le Festival de Cannes a aussi pour mission de mettre sur un pied d’égalité les expressions artistiques du monde entier. Sélectionner «Grigris» du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun en compétition de cette 66e édition est un geste politique fort, même si le film n’a pas l’envergure thématique du précédent long métrage du cinéaste, «Un homme qui crie», prix du jury en 2010. L’intrigue est ici minimaliste: le petit Grigris, formidable danseur éclopé tombe amoureux de la grande et belle Mimi, prostituée au grand cœur, mais doit surtout trouver de l’argent pour son beau-père, malade. Il accepte alors de travailler pour le parrain de la Mafia locale. La suite, on la connait déjà. Les codes du film de genre seront respectés à la lettre, sans grande surprise dans la narration, alors que le jeu des acteurs fluctue d’un interprète à l’autre... La forme, elle, justifie la place du film en compétition, avec une très belle utilisation de la lumière, notamment lors d’une scène de contrebande nocturne. Et la scène finale reste en tête, moment de Girl Power aussi inattendu que réjouissant.

3/6

en images ici: http://festival-de-cannes.parismatch.co ... que-515987

Grigri est le surnom de Souleymande Démé, un homme d'un quarantaine d'année, au physique noueux et sec, plutôt introverti et tacutiurne. Il vit le jour chez son beau père photographe à l'ancienne (sur argentique) et sa mère, pieuse et sévère mais c'est la nuit qu'il gagne sa vie : c'est un excellent danseur qui écume la scène nocturne de N'Djamena et a un numéro de breakdance exceptionnel. Il est plus ou moins racketté par Moussa, un dangereux mafieux local, proxénéte, trafiquant d'essence; plus ou moins en cheville avec des milieux islamiste: le fait d'afficher sa piété lui permet une certaine impunité et en meême temps de développer un réseau puissant et semi-informel qui contrôle et surveille la population de tout un quartier. Grigri a au jusqu'ici des rapports distants avec Moussa, dont il se méfie, mais son beau-père, dont il est finalement plus proche que sa mère, est vieux et se meurt à l'hôpital, et Grigri veut l'aider et a besoin d'argent...

J'ai eu du mal à rentrer dans le film qui m'est part moins complexe qu'"Un Homme qui crie". L'histoire est trop métaphorique (ou plutôt métonymique: les personnages concentrent tous le clivage: passé/présent, solidarité tradtionnelle/capitalisme, loi/illégalisté, ville/campagne, rigorisme moral religieux/acceptation de lautre qui fait une place à la faiblesse et au trouble et au profance, et finalement pour le message du film c'est que le clivage homme/femme résume ultimement tous ces cllvages) surtout au début et à la fin . Les personnages sont des archétypes, comme souvent au cinéma -a fortiori avec le genre policier-, mais dans un Homme qui Crie les ersonnages se mettaient à critiquer eux-même l'archétype que l'on leut faisait jouer, et à en sortir pour parler en leur nom, de l'extérieur, à un moment le film excédait l'image que le public européen se fait du film-fable sur la réalité africaine, tout en se plaçant à ce moment justement au coeur du sujet . Ce n'est pas le cas ici, même si Souleymane Démé et Cyril Gueï sont excellents. C'est aussi peut-être moins bien éclairé qu'un Homme qui Crie dont la lumière était superbe.
Mais par contre j'ai apprécié la partie polar nocturne en voiture du milieu du film, ainsi que les scènes où Grigri danse la nuit. On sent que Hanoun fait le lien entre le polar classique comme "Rififi chez les Hommes" de Dassin et les films plus récents comme "Kinatay" de Mendosa ou "the Driver", en gardant la distance et la situation "post-moderne" de ces films mais sans tomber comme peu-être Mendoza dans le travers de considérer le sous-texte de critique sociale du polar comme une afféterie esthétique, et cette partie est vraiment très intéressante et prouve que Haroun reste un très bon cinéaste, son montage, le découpage des plans expriment un style esthétique et moral fort.

3/6