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MessagePosté: 18 Avr 2020, 10:33 
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Sir Flashball
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Dingue qu'il y ait pas de topic pour ce film.

Luo Hongwu revient à Kaili, sa ville natale, après s’être enfui pendant plusieurs années. Il se met à la recherche de la femme qu’il a aimée et jamais effacée de sa mémoire. Elle disait s’appeler Wan Qiwen…

Image

C'est difficile de parler d'un film aussi peu intéressant dans ce qu'il raconte - entre une histoire d'amour qui lorgne du côté de Wong Kar-Wai sans avoir la capacité d'en reproduire le côté viscéral et un scénario inutilement tortueux (alors qu'il n'y a rien de compliqué) qui jongle de façon maladroite entre deux temporalités - et par ailleurs d'un brio formel absolument hallucinant, avec certaines séquences parmi les plus incroyables jamais vues au cinéma.

Parce qu'il faut bien avouer que c'est le festival. Déjà, la photo est à tomber par terre : les couleurs et la lumière sont somptueuses, ce qui permet d'instaurer une atmosphère onirique dans chaque plan, de la première à la dernière minute. Certains décors sont de véritables bijoux, et le travail de composition est diabolique. On ajoute à ça des mouvements de caméra complètement dingues (tout y passe, y compris une caméra qui filme à travers un filet d'eau et des mouvements verticaux sur 180 degrés), et le fait que chaque plan soit un plan-séquence, et on en arrive à une expérience visuelle hors du commun. Et puis il y a évidemment ce plan séquence de 59 minutes (!), littéralement un film dans le film, dont on se demande encore comment il a été possible tant tout est millimétré et fabuleusement agencé.

Cette orgie formelle n'est même pas entièrement gratuite, puisqu'elle participe au désir de la réalisation d'anesthésier le spectateur pour qu'il puisse lui aussi entrer dans le parcours onirique du personnage principal. Mais malheureusement, plus on se laisse prendre à cette atmosphère ouatée, indubitablement réussie, plus on se rend également compte de la vacuité du film, dont la narration plate et sans inspiration ne parvient jamais à se montrer à la hauteur de sa magnificence formelle. Et finalement, c'est une sensation duelle qui l'emporte : celle d'une véritable ivresse, d'une plongée dans un monde d'une beauté visuelle incroyable, mais aussi celle d'une vacuité qui confine à l'esbroufe, tant la puissance de l'image étouffe le récit (Tessé écrit "Un grand voyage vers le bidon", et c'est difficile de lui donner tort). Reste donc l'impression désagréable qui Bi Gan n'a rien à raconter, au risque que son brio formel confine à la prétention.

4/6 quand même, parce que c'est incroyablement beau. Il FAUT que je le revoie en 3D.

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Dernière édition par Castorp le 18 Avr 2020, 10:49, édité 2 fois.

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MessagePosté: 18 Avr 2020, 10:37 
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Sans la 3D j’imagine l’intérêt du film proche de 0


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MessagePosté: 18 Avr 2020, 10:37 
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Belle critique, on dirait du Art Core.


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MessagePosté: 18 Avr 2020, 10:37 
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Sir Flashball
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Lohmann a écrit:
Sans la 3D j’imagine l’intérêt du film proche de 0


Non, le plan séquence est somptueux en 2D aussi.

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MessagePosté: 18 Avr 2020, 10:38 
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Sinon c’est pas Bi Gang mais Bi Gan


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MessagePosté: 18 Avr 2020, 10:39 
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Sir Flashball
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Lohmann a écrit:
Sinon c’est pas Bi Gang mais Bi Gan


Ah oui, zut. Modifié.

Déjà-vu a écrit:
Belle critique, on dirait du Art Core.


:lol:

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
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MessagePosté: 18 Avr 2020, 10:43 
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Déjà-vu a écrit:
Belle critique, on dirait du Art Core.


Oula je le prends TRÈS mal :twisted: (nonobstant la qualité de la critique de Castorp).

Sinon il faut vraiment que je le rattrape.

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MessagePosté: 18 Avr 2020, 11:03 
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Lohmann a écrit:
Sans la 3D j’imagine l’intérêt du film proche de 0

D'autant qu'il y a un petit côté ludique avec cette invitation au rêve en la faisant apparaître en cours de film. Quelle traversée de la ville putain...
Reste que sans elle, aucune envie de le revoir. Comme dit plus haut, c'est difficile de trouver le moindre propos derrière une beauté technique à tomber. C'est quand même la démonstration qui maintient l'intérêt en mode "putain, le joueur de billard devait bien avoir la pression".
Dommage aussi que la direction artistique se place dans la série film chinois noir à néons roses. Il perd en personnalité. La virtuosité technique en moins et avec un peu plus de chair, t'as l'impression que Le Lac aux Oies sauvages a été tourné avec la même équipe de décorateur.
Sinon, c'est bien qu'il y ait de moins en moins de films asiats avec un titre anglais (tant pis pour le très beau "An Elephant sitting still").


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MessagePosté: 18 Avr 2020, 11:10 
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Art Core a écrit:
Oula je le prends TRÈS mal :twisted: (nonobstant la qualité de la critique de Castorp).

Castorp a tout dit.


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MessagePosté: 18 Avr 2020, 11:47 
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Cette propension du film asiatique (ouais je ratisse large) à l'esthétisme chichiteux et néonné dans la lignée de Wong Kar-Waï dont les films, comme le signale Castorp, sont autrement plus incarnés, finira par me blaser complètement.
Face à la nuit (vous remarquerez la parenté du titre français) de Wi-ding Ho dans le genre me tentait vaguement mais ça sentait l'arnaque à plein nez, ou la déception pour être plus mesuré et pour autant que les attentes soient plus élevées qu'il ne convient.


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MessagePosté: 18 Avr 2020, 11:51 
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Bêtcépouhr Lahvi a écrit:
La virtuosité technique en moins et avec un peu plus de chair, t'as l'impression que Le Lac aux Oies sauvages a été tourné avec la même équipe de décorateur).

Elle n’est pas du même ordre mais je suis loin de le trouver moins virtuose, peut être même plus. Moins de technicité par contre oui probablement


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MessagePosté: 18 Avr 2020, 12:14 
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C'est le même chef op (même si Bi Gan en a usé trois sur ce film, je crois).

Sinon scène d'hypnose totale à Cannes, donc je ne veux surtout pas le revoir.


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MessagePosté: 19 Avr 2020, 04:42 
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bmntmp a écrit:
Cette propension du film asiatique (ouais je ratisse large) à l'esthétisme chichiteux et néonné dans la lignée de Wong Kar-Waï dont les films, comme le signale Castorp, sont autrement plus incarnés, finira par me blaser complètement.
Face à la nuit (vous remarquerez la parenté du titre français) de Wi-ding Ho dans le genre me tentait vaguement mais ça sentait l'arnaque à plein nez, ou la déception pour être plus mesuré et pour autant que les attentes soient plus élevées qu'il ne convient.


Il me semble que c'est une "mode" que l'on retrouve en Asie (on peut ajouter "Manta Ray") comme en Amérique du sud ("Los Silencios", "Hard Paint"), le néon ou le fluo (même si c'est pas tout à fait la même chose), films dans lesquels des fantômes réfugiés errent en peine entre les frontières, apparaissent et disparaissent en silence. Le cinéma les accueille dans l'obscurité, enveloppés des couleurs fluorescentes et artificielles de la mondialisation, en «rebelles du dieu néon» ruraux ayant réinventé les rites autour du feu de leurs ancêtres dans la lumière factice du présent...

Pour les films chinois cette esthétisme m'avait un peu saoûlé dans le film précédent de Diao Yinan ("Black Coal"), j'avais l'impression que ça servait de cache vintage un peu douteux à la misère ambiante, mais dans son dernier film franchement on peut pas lui reprocher de pas filmer ou de chercher à embellir la précarité telle qu'elle existe aujourd'hui dans la Chine rurale, le film a pour ça également une véritable puissance documentaire. Dans un sens le film de Bi Gan filme aussi, dans l'ombre des néons, une Chine rurale "en ruine". Avant d'y voir automatiquement des références à WKW je dirais qu'il se joue ds ces films qqch entre la lumière et l'obscurité, entre ce qu'on peut et ne peut pas voir, entre ce qu'on peut et ne peut pas montrer. Quand on lui montre la précarité sur pellicule, la censure regarde les néons esthétisants et laisse passer.

Il faut aussi relativiser cette impression de "mode esthétique" en Chine, impression donnée par la faible quantité de films chinois qui arrivent jusqu'en France. Par rapport à l'ensemble de la prod de films chinois (même si l'on ne prend que les films d'"auteurs"), ça représente quoi ? 0,5% de l'ensemble ?

Comme je l'avais déjà écrit ailleurs sur ce forum je crois, le film de Bi Gan est plus qu'une histoire (en effet peu intéressante, c'est plutôt un trip), c'est aussi une réflexion méta sur le cinéma et la mémoire pour moi.


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MessagePosté: 18 Oct 2022, 09:15 
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Castorp a tout dit, ce film c'est Le lac aux oies sauvages puissance 1000. Un déferlement formel dingue (c'est le même chef op) au service de rien, ou presque. Dans la première partie, le récit est tout bonnement incompréhensible, on enchaîne des plans, des moments de cinéma comme ça sans parvenir à les lier à quoi que ce soit de tangible. Là le personnage principal est en voiture et va quelque part, le plan d'après il est débout dans un bus, la narration semble volontairement désordonnée, frustrante. On mélange les temporalités de manière très brouillonne nous perdant sans cesse. Peut-être qu'au cinéma, en 3D, on fait fi de ce que nous raconte le film et on se laisse porter mais dans mon cas j'étais perdu, je me faisais un peu chier pour tout dire. Impression que l'on pourrait réarranger toutes les scènes dans n'importe quel ordre ce serait presque pareil. Alors c'est beau, chaque plan propose quelque chose, il y a une espèce de préciosité constante qui ne peux que flatter l'œil. Mais perso ça ne me suffit pas (ou ça ne me suffit plus).

Puis vient le plan-séquence, en effet à tomber, que ce soit techniquement (cette envolée poétique) ou même dans ce que ça raconte ce couple qui n'en est pas un, cette obsession très film noir de la figure féminine perdue que l'on cherche en vain. Là il y a vraiment quelque chose et le film atteint de sommets de beauté et de romantisme. C'est assez saisissant et je rêverais de le voir en 3D. Finalement je trouve ça assez dommage cette séparation en deux si nette, si brutale sans que l'ensemble fonctionne totalement.

Je suis content de l'avoir vu mais je me souviens des avis totalement délirants à Cannes et ça me laisse un peu dubitatif. Pas sûr qu'il m'en reste grand chose. Puisque la comparaison est évidente, Le lac aux oies sauvages me semble bien supérieur.

3-4/6

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MessagePosté: 18 Oct 2022, 12:13 
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