Sous pression par son mari, Lara subit les punitions d'un exorciste qui tente de sauver son âme en l'obligeant à vivre un enfer.Tout d'abord, je suis très peu client des films d'exorcisme, genre que je trouve très limité pour rester poli et qui a engendré un nombre incalculable de merdes. Meme l'exorciste de Friedkin, je trouve ça sympa mais je suis loin de vibrer devant. Et devant les relatifs bons bruits de cette exclu Shadowz, je me suis laissé tenter et bien le résultat est à la fois excitant et terriblement décevant. Excitant, car l'approche du film repose sur une excellente idée. Nick Kozackis décide de prendre à contre rebours le genre avec une approche 100% "réaliste".
Par "réaliste", la première demi-heure va montrer un couple dont la femme trentenaire souffre de schizophrénie suite à un traumatisme passé. L'exploration de son trouble mental est plutot bien montré. Bref, on a un vrai personnage et le film est plutot juste sur le point de vue pathologique. Mais le mari, chrétien cul béni va vouloir arreter son traitement médicamenteux, persuadé que son corps est envahi par un démon. Il va alors passé par une communauté ultra croyante qui va le mettre en contact avec un exorciste.
Et ça va évidemment mal se passer.
Ce qui est très habile, c'est que le film se coupe de toute approche fantastique, et en considérant l'exorciste comme le pire des charlatans, va totalement déconstruire le genre. Fini l'imagerie et les clichés débiles, il y a une vraie inversion des roles. L'exorciste, qui est habituellement le héros, est le vrai psychopathe du film, et sa patiente "envahie" par le démon, la victime du film d'horreur qui se déroule. Et, sans aucune complaisance dans le regard du cinéaste, on souffre pour la patiente qui a une vraie épaisseur psychologique. On glisse subtilement du film d'exorcisme au film de psychopathe.
Et surtout, Kozackis touche à quelque chose. Son film illustre finalement la lutte de la science contre l'obscurantisme religieux. L'approche raisonnée contre les croyances des charlatans. Et après la période Covid, son discours a une vrai résonance.
Malheureusement, c'est excitant sur le papier, mais c'est un peu lourdé par une mise en application qui peche par moments. Pas complètement convaincu par les visions "fantasmagoriques", ça se précipite un peu aussi dans son déroulé. Plus qu'une question de moyens, meme si il a de bonnes idées, Kozackis est un peu limité dans sa mise en scène et ça mériterait une approche un peu plus radicale. Par contre, mention pour l'exorciste qui est réussi comme "méchant" et le traumatisme très bien amené dans un flashback ( c'est tellement maladroit d'habitude).
Bref, le résultat est inégal. Il y a pas mal de bonnes idées mais ça n'exploite pas complètement son potentiel. C'est vraiment le film qui mériterait un remake, tellement l'idée de départ est intéressante et que ça fout un sacré coup de fouet, à un genre complètement moisi. C'est malin mais ça manque un peu de talent, quoi. Mais ça mérite le coup d'oeil.