Forum de FilmDeCulte

Cela fait quelques années que j'ai découvert les oeuvres de Banksy, street artist britannique, dont j'apprécie le style et le propos. J'étais donc très curieux de voir ce documentaire réalisé par le bonhomme.

Le projet en soi est déjà assez fascinant et particulier.
Il y a initialement un mec, Thierry Guetta, qui tient une boutique de fringues pour bobos de LA, qui ne se sépare jamais de sa caméra et filme absolument tout, jusqu'au jour où il découvre les oeuvres d'un cousin à lui, qui s'avère être nul autre que Space Invader (le français qui a collé un peu partout des petits space invaders en mosaïques, vous en avez évidemment vu).
Dès lors, Guetta se passionne pour le street art en pleine naissance et enquille les rencontres, comme celle de Shepard Fairey, l'artiste responsable de la célèbre image d'Andre The Giant accompagnée du slogan "OBEY" (et qui allait être aussi l'auteur de l'iconique image d'Obama tricolore avec le slogan "HOPE").
Cette rencontre en engendrera d'autres et au fur et à mesure, Guette se plonge dans le Los Angeles nocturne à la recherche de street artists, les filmant en train de tagger ou d'afficher leurs oeuvres sur les murs de la ville, le plus souvent clandestinement, enfreignant les mêmes lois qu'eux.

Il y a déjà là, dans un premier temps, une sorte de paradoxe entre la dimension initiale du street art (oeuvre d'artistes anonymes, invisibles) et cette mise en avant de leurs auteurs jusqu'alors définis par leur discrétion (même ceux qui gardent pseudos et visages floutés sont du coup "médiatisés" et révélés au grand jour).
Se pose d'emblée un embryon de question sur le besoin (apparemment inévitable) de reconnaissance, même de ces artistes post-punk habitués à se jouer du système, condamnés à l'anonymat. Même avec internet, c'est leur art qui était diffusé au plus grand nombre, ici ils sont filmés, ils sont les héros d'un documentaire qui leur est consacré.

Il est marrant d'ailleurs de constater cette nature presque "super-héroïque", ou plutôt de "vigilante", avec tous ces mecs qui oeuvrent la nuit, masqués (parfois littéralement, parfois en post-prod), oeuvrant dans les limites de la légalité, évoluant sur les toits, dénonçant les "lavages de cerveau" (j'y reviendrai plus tard).

Poursuivant sa recherche, et prétendant préparer un documentaire, Guetta estime indispensable d'entrer en contact avec Banksy, chantre du du mouvement, légende du street art, et par un concours de circonstances, il fera sa connaissance, devenant plus ou moins son complice (l'escapade à Disneyland est en cela assez édifiante et palpitante).

A nouveau, Banksy évoque l'intérêt de voir la réaction des gens face à leur art et apprécie de cette manière les vidéos de Guetta.
Voyant que son documentaire ne va nulle part, il le pousse à montrer les images qu'il a. Mais en voyant le résultat, expérimental (poseur?) et p^resque irregardable, Banksy intime à son comparse de se mettre au street art (auquel il s'était vaguement prêté) tandis que lui reprend le documentaire en main.

Dans un premier temps, j'étais assez étonné de voir la forme finalement assez conventionnelle choisie par Banksy pour ce documentaire, et je me demandais si le film allait porter un regard critique sur ce contraste entre leur "rébellion" anonyme et ce produit filmique à leur gloire, notamment sur Fairey par exemple, qui commence donc comme street artist et finit par avoir designé l'image la plus connue d'Obama. Sont-ils vendus au système à présent?
Et en fait, il est assez fascinant de voir comment Banksy retourne le dispositif contre le réalisateur original (Guetta) dont il utilise les images pour les reconfigurer en une descente en flammes justement. Car en effet, la suite du documentaire montre alors un Guetta passé à la vitesse supérieure, multipliant les oeuvres d'art, à un rythme industriel, avec une douzaine d'employés qui exécutent les oeuvres pour lui à partir de ses idées (alors qu'à la base, le street artist est "tout seul", dans la rue), et ira même jusqu'à liquider toute sa thune dans l'organisation d'une exposition maousse, carrément mégalo, où le moindre tableau se vendra 18 000 $ minimum, accumulant les louanges du moindre hipster ou riche collectionneur d'art californien.

Le retournement est au final si violent qu'on en vient à se demander, forcément, si tout ceci n'est pas monté de toutes pièces au final. Un canular habilement déguisé (le film n'a pas la réputation pré-projection d'être un documenteur à la I'm Still Here) pour montrer l'appropriation d'un art par les médias, par le peuiple, portant aux nues l'oeuvre complètement dénuée d'originalité (Guetta copie allègrement Fairey, puis Banksy, et même Warhol) d'un mec qui a débarqué d'un coup.
Je veux dire, c'est pas pour rien qu'il prend comme pseudo Mr. Brainwash.
En fin de compte, ce qui est dénoncé, c'est ce lavage de cerveau, vidant l'art de son sens et le réduisant à un produit, à une mode.

Le film est donc finalement une oeuvre purement banksienne, vu comme le projet documentaire est parasité puis semblablement complètement renversé voire même carrément parodié, tourné en dérision pour dénoncer une dérive du système.
C'est riche, et quelque part assez complexe. En plus d'être à la fois drôle, et juste, et intéressant, et informatif.

4,5-5/6

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Cool ça.

Visible où stp ?

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I think we're gonna need a helmet.

Moi je l'ai vu à Bercy mais il vient de sortir en DVD aux States donc tu devrais trouver un RIP.

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Exact... cool, parce que je n'ai plus la carte depuis des années. Merci d'avoir posté un avis, en tous cas.

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I think we're gonna need a helmet.

Mais clairement !!! Ce film est un canular, qui commence sur des bases reelles, a savoir les fondements du street art. Mais ca me rappelle le Ce qui me meut de Klapisch ou le Forgotten Silver de Jackson, en plus pervers, puisqu'il offre une reflexion sur le consummerisme, la mode, l'art... tout en se faisant moins evident, et en ayant pris soin de distiller le faux bien avant sa conception, avec la naissance de Mr Brainwash dans la vraie vie. C'est du spoof happening.

En tous cas tu ecris plein de choses tres justes sur le film ou le street art.

J'ai bien sur adore, mais le debut me faisait peur (meme si je suis vendu au sujet), et quand le fim se renverse, j'etais rassure...

5/6

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I think we're gonna need a helmet.

Cela dit, Banksy a démenti (mais bon).


Booya. Cool que tu aies eu envie de le voir et que ça t'ait plu.

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Sur Banksy et le street art, je suis comme toi, ca fait plusieurs annees que je suis ca avec gourmandise, je trouve ca rellement passionnant. Du coup ce doc me faisait peur pour le cote mainstream, et surtout le risque de mettre le projecteur sur les artistes plutot que sur les oeuvres, comme tu l'expliques bien. C'est d'ailleurs la meilleure demarche, quel que soit l'art, de focaliser sur les oeuvres. Mais c'est parfois tres difficile de resister a la personnification, surtout dans le cinema, ou tu t'apercois tres vite que le meme mec pond plusieurs oeuvres que tu adores... Mais le film distille un rappel tres "don't love the players, love the game" que j'apprecie.

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I think we're gonna need a helmet.

Un des films que je râle vraiment d'avoir raté en 2010..! J'espère pouvoir le rattraper bientôt.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Pareil, surtout que j'aime beaucoup Banksy depuis quelques temps aussi et que le documentaire Style Wars fait partie de mes films préférés, je compte me le chopper dès qu'il sort.

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Non mais ça va pas t'es malade !

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CroqAnimement votre

<3 <3 <3

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chui un fou moi. LOL.

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Je pense sincèrement que ça doit être très intéressant, mais je suis incapable de dépasser mon blocage formel pour ce montage "séduisant" et surgavé de musiques additionnelles, je n'arrive pas à voir le film, il y a mille artifices entre lui et moi, je décroche toutes les cinq minutes, quand bien même je fais tout pour me concentrer. Non, décidément, ce genre de documentaires à voix, montage dynamique et musiques sympas, je suis désormais simplement incapable de les regarder.

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Regarde-le comme une fiction alors (surtout celui-ci).

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