Je précise d'emblée, quitte à paraître un peu sectaire, que l'idée est pas de remettre en cause ce qui a été largement balayé et validé par la théorie (du genre "le cinéma moderne ça veut rien dire !"), mais seulement de mieux dispatcher les films dans les sous-catégories existantes, ou de se pencher sur la possibilité de fusionner/diviser certaines d'entre elles.
Pour rappel, le but est pas de ranger les films dans des cases hermétiques, mais de trouver ce vers quoi ceux-ci tendent en priorité, pour que la mise en relation des films prenne un sens, et permette une lecture parlante des périodes/genres/mouvements qu'ils composent. Voici donc ce qui coince...
• Erreurs de recopie, de précision...
Chaque topic est cité deux fois : dans la section "Par pays", et dans la section "Par courants" (où il n'y a jamais de doublon, par souci de clarté). La difficulté à naviguer dans un message de 400 000 caractères envahi de balises php fait que j'ai pu faire des erreurs : films dans le mauvais pays ou dans le mauvais courant, topic présent seulement dans l'une des deux sections (ce qui pour le coup va être difficile à repérer), topic présent en doublon à cause d'un mauvais copier-coller...
Dans la section "Par courants", le pays doit toujours être indiqué (sous cette forme : [Pays]) après le titre du topic, saut s'il est déjà renseigné dans le nom de la catégorie ou de l'onglet où le film est listé. Si cette mention manque, c'est un erreur.
Dans la section "Par pays", une ligne doit être sautée dans la liste de films entre chaque décennie.
• Textes de présentations
Mickey avait suggéré un texte de présentation sous chaque catégorie (classique, moderne...). J'ai essayé, et ça peut certes être utile pour renseigner ce qui a été décidé pour les jalons de début et fin de la période. Mais j'ai le sentiment que ces petits textes vont à eux seuls provoquer les différences de vue les plus féroces, donc je sais pas si ça mérite d'être conservé...
• Les genres classiques
Les films ont été triés par genre dans les périodes où cela a un sens fort (= quand ça devient une typologie dominante : dans le cinéma classique, et dans le cinéma bis d'après-guerre, donc). Parce que je n'ai pas vu beaucoup des films, et/ou parce que j'hésite, j'aurais besoin de votre aide là-dessus.
J'aimerais essayer de m'en tenir à de "vrais" genres, au sens de genres qui ont été théorisés, qui ont une codification propre et reconnaissable. Par exemple, il n'est pas compliqué de lister les codes du western, de comprendre ce que ces codes racontent, de voir comment ils sont maniés (ou comment ils mutent) avec les années, de comprendre ce que le genre met en jeu : ici le classement par genre a un sens.
Mais, pour prendre un exemple que j'ai utilisé sans en être réellement convaincu, je doute que "film historique" soit autre chose qu'une case commode. Car ces films n'ont rien à commun a priori, ni une situation, ni une tonalité, ni des codes à proprement parler. Un film historique peut tout aussi bien être une comédie qu'un mélodrame, par exemple...
J'aimerais donc éviter, dans la période classique (car dans le cinéma bis la question ne se pose pas), les genres tels que "drame" ou "comédie dramatique" qui sont juste des fourre-tout ; ou alors les conserver comme fourre-tout justement, pour la fin, quand tout le reste aura été rangé. Faisons le tri !
• Genres qui me semblent assez théorisés pour être acceptés : Burlesque / Comédie musicale / Comédie sophistiquée / Screwball comedy / Horreur (qui est indissociable du fantastique sur toute la période classique, me semble-t-il) / Mélodrame (muet, classique, flamboyant) / Merveilleux / Film noir / Science-fiction (même si j'ai l'impression qu'il y a presque quedalle à Hollywood avant les séries B fifties) / Western.
• Genres pertinents mais dont je me demande s'il n'est pas nécessaire de les préciser ou de les subdiviser : Film d'aventure / Comédie "normale" (n'est-elle pas toujours sentimentale dans le Hollywood classique ?)
• Genres sur lesquels j'ai des doutes :
- Americana : peut-être pas assez théorisé en France, pas beaucoup de films, souvent au croisement avec d'autres genres.
- Film de guerre : la situation est certes claire, mais j'ai du mal à voir des codes (sinon pour des sous-genres trop spécifiques comme le film de commando), ni même vraiment une tonalité propre.
- Film historique, donc : peut-être y a-t-il ici quelque chose en commun avec le biopic (qu'on pourrait aussi questionner... Le biopic n'est-ce pas l'habitacle pour d'autres genres ?)
- Thriller : ça me semble être un terme contemporain, non ? Pourtant, où ranger les Hitchcock par exemple (ce sont quoi ? Des "Films de suspense" ?). Est-ce que le terme existe pour parler de la période classique ?
- Quid du bazar Film policier / Film de gangster / Film criminel ? Il y a clairement un genre de ce type dans le précode, mais après c'est plus flou, surtout que ça se confond vite avec le film noir.
- Film de prison : très clairement une veine du précode, mais n'est-ce pas une sorte de subdivision d'un autre genre plus large ?
- Le drame psychologique : il me semble que ça a un sens pour le cinéma hollywoodien tardif à prétentions psychologisantes, au moment où la typologie des genres s'étiole, justement. Mais c'est dur à circonscrire...
- Peplum et Film biblique : y a-t-il une réelle différence entre les deux ?
• Genres trop fourre-tout ou pas assez codés : Action / Drame / Comédie dramatique, il y en a sans doute d'autres...
• Genres "nouveaux", que je pense ne pas adopter. Par exemple la comédie de remariage de Cavell. Là-dessus je suis un peu embêté, car tout en reconnaissant parfaitement sa théorie, on se retrouve avec quelque chose qui recoupe différents genres de comédie déjà existants, et qui compte un nombre très minime de films...
• Genre ou Non-genres : deux cas se posent à nous, le documentaire et le film d'animation. Habituellement, me concernant, ce serait niet pour les deux : le documentaire tel qu'on l'entend aujourd'hui est le fruit du cinéma direct (donc moderne), il évolue hors du système de genre, on peut faire des documentaires n'importe comment sur n'importe quoi, il n'y a pas de codes. Idem pour les films d'animation, qui sont juste un support (on peut faire des westerns animés, des mélodrames animés...), même si les films Disney sont difficiles, dans le sens où ils sont souvent un espèce de melting-pot des différents genres hollywoodiens. Mais le documentaire classique, qui est un vrai alien vis-à-vis de ce qui se fera ensuite en doc, fonctionne bizarrement comme un genre à part entière : une situation d'exploration du monde (je ne vois pas de contre-exemple), une tonalité didactique (ce qui le différencie du film d'aventure), etc.
• Hollywood tardif / Nouvel Hollywood précoce / Ciné populaire US d'après-guerre
J'aime l'idée d'essayer de séparer le cinéma hollywoodien tardif, en crise, du reste de la production classique : la période où un épuisement, une reconfiguration, et un besoin de déconstruction de l'esthétique classique se font sentir. Ça reste néanmoins difficile à apprécier, car c'est très progressif. Je me demande aussi s'il ne faut pas s'en tenir à des questions formelles : par exemple, Johnny Guitare déconstruit certes les codes du genre (absence du cowboy désarmé, etc), mais il n'y aucune crise de croyance ; contrairement à certains western de Fuller où la froideur et la profondeur de champ immense semble presque poser un regard analytique sur le Far West...
Autre difficulté : il y a une route qui mène au Nouvel Hollywood, solidement analysée par Thoret, qui tient surtout à trois cinéastes (Siegel, Aldrich, Peckinpah). Mais qu'est-ce qui tient au Hollywood tardif, et qu'est-ce qui tient aux prémisses du Nouvel Hollywood ? Ça peut sembler être une question d'enculage de mouches, mais c'est surtout dans l'idée de faire la différence entre un cinéma qui se fatigue, qui ratatisse, qui se déconstruit, et un nouveau modèle qu'on est entrain de façonner. Rien n'empêche d'ailleurs de scinder les filmos de ces cinéastes selon les deux tendances...
Autre problème : quand est-ce qu'on quitte le cinéma classique pour aller vers une production lambda (ce que j'ai rangé sous "cinéma populaires d'après-guerre"). On peut certes partir à la course de la date symbolique (l'échec de Cléopâtre en 1963 pourrait faire l'affaire), mais j'ai plutôt le sentiment que ça dépend de l'état de délabrement de chaque cinéaste et/ou de chaque genre...
• Nouvel Hollywood : qu'est-ce qui va dedans, comment l'ordonner ?
Le bouquin de Thoret est une boussole diablement précise pour caractériser la période, et la circonscrire dans le temps. Mais son livre concerne "le cinéma américain des années 70", c'est à dire toute la production, et c'est un peu le problème : qu'est-ce qui relève vraiment de la construction de ce courant (d'une "nouvelle vague américaine"), et qu'est-ce qui ne fait que résonner du ton ambiant du paysage américain d'alors ? Y a-t-il eu des rassemblement concrets (cinéastes échangeant concrètement, travaillant les uns pour les autres, centre de production précis) permettant de faire cette découpe ?
Par exemple, il semble évident que Coppola, Shrader, Scorsese ou Friedkin fassent partie du Nouvel Hollywood. Mais quid de Woody Allen, de Norman Jewison, de Bob Fosse, et de tant d'autres ? J'ai déjà éloigné certains cinéastes qui me semblaient plus "modernes" que "nouvel hollywood", peut-être à tort.
Il faudrait aussi trouver un moyen de "classer" les films au sein de la catégorie "Nouvel Hollywood", car on en a trop. Je vois deux solutions :
- Noyau dur / Films affiliés (mais ça nous renvoie à la question précédente)
- Phase chaude / Phase froide : c'est une des pierres angulaires des travaux de Thoret qui sépare une première période (67-71) marquée par l'euphorie, l'explosion, la dépense, et une seconde période (72-79) marqué par l'épuisement, le repli, et le désenchantement. Pourquoi pas, mais j'imagine que la découpe temporelle n'est pas si tranchée, et dans ce cas j'ai besoin de vous, car je connais pas assez les films pour les trier tout seul.
Pour décider de ce qui appartient déjà au cinéma néo-classique dans les années 70, on en reparlera, j'ai pour l'instant pris en compte un certain nombre de critères : l’émergence du film catastrophe, les premiers blockbusters, le retour à un mythe de l'Amérique glorieuse, à une forme qui n'est plus symptomatique d'une crise morale, cinéastes dont la carrière est clairement détachée du Nouvel Hollywood, etc.
• Nouvelle vague japonaise, Neueur Deutscher Film, et Cinéma direct
La partie "Cinéma moderne narratif", qui contient tous les "auteurs" du cinéma moderne, est amputée des films appartenant aux nouvelles vagues de chaque pays. Néanmoins, la nouvelle vague japonaise et la nouvelle vague allemande posent problème, dans le sens où la théorie ne les as pas circonscrites dans le temps : tout film moderne allemand ou japonais y appartient. C'est d'autant plus embêtant dans le cas du cinéma japonais, où une partie de la nouvelle vague se confond également avec le cinéma bis...
Le cinéma direct a le problème inverse : sorti de sa période propre (58-62, 63 à la limite), il a peu d'héritiers purs, à part Wiseman (et peut-être Depardon plus tard). À quel point des documentaristes comme Herzog, Van der Keuken, ou Spata, dont le cinéma part d'une captation "directe" de la réalité, ont-ils un lien au cinéma direct (sachant qu'Herzog et Keuken ont conspué le cinéma direct en interview) ? Est-ce que ça a un sens de les y rattacher ?
• Cinéma populaire et série B
J'ai décidé de ne pas intégrer dans les catégories "Cinéma de genre, bis et d'exploitation d'après guerre" les genres sans ancrage sérieux dans les circuits de distribution alternatifs (= les drive-ins et cinémas de quartier). La comédie italienne, le film policier ou la comédie françaises, me semblent ainsi relever d'une diffusion "normale", large et populaire, quand bien même ce sont des genres codés : je les ai mis dans "Cinéma populaires d'après guerre", avec le reste. À vous de me dire si ça vous semble légitime. Je précise pour plaider ma cause que, peut-être justement à cause de cette distribution plus large, il ne partagent pas certains traits esthétiques répandus de le cinéma B d'alors (l'emploi outrancier de la couleur, par exemple).
• Difficultés du cinéma classique japonais
Il y a probablement une découpe à faire dans la section "cinéma classique japonais", où il y a trop de films, mais laquelle ? Les deux genres (gedai/jidai) sont ils vraiment parlants ? Bub avait évoqué dans la shoutbox une période tardive dans le cinéma classique japonais, où on voyait déjà des transformations pré-nouvelles vagues advenir : ça parle à quelqu'un ?
Autre problème, les genres, et notamment le Chambara et le yurei-eiga : j'ai du mal à voir quand on passe du cinéma classique à une exploitation de l'ordre du cinéma de quartier, ou s'il est même possible de faire une telle découpe sans dénaturer ce qui lie ces films entre eux.
• Quelques hésitations pour les genres du cinéma bis
- Le fantastique US: j'ai l'impression d'une grosse différence entre les prods Corman/Castle (colorées, avec humour, mise en scène calme) et d'autres films qui, bien que participant au même genre, me semblent être complètement autre chose (le saillant Carnival of souls, par exemple).
- Des ambiguités entre certains films de la fin de l'ère classique et les premiers films bis d'après-guerre : instinctivement, La Maison du diable, bien que contemporain de la série B de cinéma de quartier, ne me semble pas y appartenir. À l'inverse, Le Croque-mort s'en mêle de Tourneur, qui reprend le style, les comédiens et la durée des Corman, m'y semble associé... Pas sûr non plus qu'un film comme Le mystère d'Andromède de Wise, quand bien même il relève d'une SF paranoïaque, soit de la même famille que les série B américaines sur la question (d'ailleurs, autre problème, la SF paranoïaque américaine est peut-être à arrêter plus tôt, car une fois la folie soviétique apaisée les films prennent une autre gueule).
- Pinku-eiga : je vois ce qui peut y appartenir pour la production bis de masse, mais est-ce qu'on y rattache les films de Wakamatsu, par exemple ? Beaucoup de films me semblent trop "auteurisants" pour cette branche.
• Hésitations sur des cas particuliers
Aka "moderne ou pas morderne", la plupart du temps... Attention, si y a une partie qui va énerver les anti-cases, c'est celle-là !
- Bergman : ses premiers films (pré-Monika) sont-ils classiques ?
- Rossellini: ses films avec Ingrid Bergman sont-ils encore du néoréalisme ?
- Fellini: son premier film (Le cheik blanc) est-il néoréaliste ?
- Otto Preminger : à quel stade de sa filmo voit-on poindre le ciné hollywoodien tardif de la transparence, très 60' ?
- Hitchcock : y a-t-il chez lui une période moderne ? (notamment avec le cas Psychose)
- Georges Franju : La tête contre les murs, classique, moderne ?
- Alain Cavalier : y a-t-il une dimension moderne dans ses premières fictions ?
- Costa Gavras : Moderne ? Je trouve pas mais au cas où vérifions...
- Zulawski : ça se range où ?
- Michel Deville : idem
- Truffaut : à quel moment ça devient vraiment tendu de le considérer comme un cinéaste moderne ? Les deux anglaises et le continent me semble l'être encore, après c'est moins clair.
- Yilmaz Guney : Je sais pas trop où le foutre... Le côté néoréaliste (par les milieux décrits, par l'approche plus descriptive/attentive que dramatisante) y côtoie paradoxalement une puissance narrative très néoclassique... Pas clair.
- Martin Rosen : hésitation, j'y vois des aspects modernes comme néo-classiques (de manière générale, cette transition est difficile car le néoclassicisme digère des aspects du cinéma moderne...)
Et en vrac :
+ Du mal à qualifier de moderne tout ce qui ressemble plutôt à une avant-garde tardive : Jodorowski, Sweet Movie...
+ Les réals un peu liés au clip, comme Ridley Scott, sont-ils vraiment néoclassiques ? (bon, ça on en reparlera plus tard)
+ La femme scorpion, c'est toujours érotique/Pinku à partir de l'épisode 3 ?
+ Quel place donner à tout ce cinéma des années 80 avec une forme un peu désuète, un peu associée à la TV ? (genre Walter Hill)
Et je vais m'arrêter là !