Cantal a écrit:
J'ai du mal à voir ce que tu entends par stabilité, perso.
Ce serait lancer une longue discussion (voire un topic dédié). Qu'on peut avoir si tu le souhaites.
Cantal a écrit:
Oui tu as un sens plus fort du "collectif", du manifeste, d'une volonté de proposition. Il y a aussi par le fait que ces artistes se revendiquent aussi comme des penseurs (un cinéaste moins, il reste dans la grande majorité des cas un conteur).
Cantal a écrit:
Demander à un cinéaste dans quel mouvement il se situe ça me parait incongru.
Je ne sais pas si tu le dis au sens figuré, mais non, ce n'est pas l'idée. L'avis d'un cinéaste est sans grand intérêt quand il s'agit d'étudier l'esthétique dans laquelle son cinéma prend place. Ce n'est pas son boulot, ça demande un recul et une approche qu'il n'a pas, et tant mieux d'ailleurs : je trouverais ça un peu malsain qu'il filme en se posant la question. Que certains se soient constitués en courant, c'est un fait, mais ils ne font que cristalliser une tendance qui les dépassent (le cas d'école étant justement celui du dogme, bien vite sorti des principes stricts de ses jalons premiers).
Art Core a écrit:
Ah ça Tom et ses cases c'est tout une histoire.
C'est de bonne guerre. Mais tu sais aussi ce que je pense de ton éternelle réaction sur la question.
Qu'on me dise que les cinéastes mis en exemple sont mal choisis, en m'expliquant pourquoi, c'est le but. Qu'on refuse de se poser la question des mouvement esthétiques des 40 dernières années, non, car c'est juste renier la possibilité d'un travail historique ou esthétique sur la période, ce qui est débile.
Le "bon sens" auquel tu fais appel pour prouver l'absurdité de la proposition, j'ai du mal à la prendre autrement que comme la volonté de s'en tenir mordicus à une lecture de surface de ce qui est en jeu dans ces décennies.
L'homme qui rétrécit,
Naissance d'une nation,
Fury et
Tous en scène ont beau ne rien avoir en commun "d'évidence", ils sont aujourd'hui considérés comme quatre avatars exemplaires du même cinéma classique. Car sous la variété des genres, des styles, et des libertés diverses prises avec la vraisemblance, ils participent tous d'un même rapport au spectateur, d'un même type d'énonciation. Le spectateur classique habitué aux films noirs relativement vraisemblables ne tiquera pas en allant voir un film avec un mec qui mesure dix centimètres, mais hurlerait si on lui avait projeté
A bout de souffle, qui reprend pourtant de nombreux motifs du film noir...
Donc oui, il y a des mouvements généraux qui dépassent la variété des style et des univers, et le néo-classicisme en est un : à nous de le délimiter. Et passées les apparences, je vois en effet bien plus de similitudes esthétiques entre le cinéma de Weir et de Miyazaki (qui fonctionnent sur des principe de rapport au specateur communs : non-désignation de la mise en scène et immersion, identification à un personnage, continuité par l'action...), qu'entre par exemple Miyazaki et Oshii (qui rejoue le cinéma moderne, de Marker et Antonioni, ne faisant que le mettre à la sauce d'un cinéma d'action SF).
Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas également étudier ce qui unit les films d'animations japonais de la période. L'erreur est de considérer que ces dénominations ("néoclassicisme", "naturalisme"...) sont des cases, c'est à dire des box définitifs et hermétiques. Ce sont des pôles : c'est à dire un type de rapport au spectateur qui se cristallise d'une certaine façon, plus ou moins stable (de l'expressionnisme au sens strict qui dure à peine 2 ans, jusqu'au classicisme qui s'étend, souverain et stable, sur plusieurs décennies). Mais évidemment que tout cela se croise, évolue, se rencontre, s'hybride, on parle d'un art vivant !
Encore une fois, ce n'est pas la discussion que je réfute (même si là c'est pour la gloire, car ces catégories vont jarter : trop de films à y ranger). On pourrait par exemple m'objecter que sur la fin Miyazaki se fait baroque, ou qu'il y a une donnée de contemplation, de sidération, et d'effacement de personnage dans
Hanging Rock qui rapprocherait Weir de certains principes du cinéma moderne.
Ce que je refuse, c'est qu'on arrête de se poser des questions esthétiques juste parce que les cinéastes on arrêté de poser des pancartes pour nous avec manifestes écrits et signés.