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Classique du cinéma serbe, adapté de la pièce de théâtre du même nom : un sexagénaire se convainc que son locataire est un espion capitaliste.

Une comédie serbe : quels que soient les gags, quel que soit le talent d'écriture, ça aura toujours un certain parfum de nausée. C'est ici flagrant, et les ressorts comiques du film, qui lui donnent une identité particulièrement forte, provoquent moins le rire que la gène : lorsque les réalisateurs lâchent dans le cadre toute une fratrie en chapeau melon et en costume, arborant de petites moustaches comme une cohorte de Stalines de pacotille, on pense d'abord à cette atmosphère de folie qui s'installe un peu partout, prenant le pas sur l'humour. Ainsi une des plus belles idées du film, unr cuisine éclairée par une lumière rouge vif à défaut d'ampoule normale, conséquence des pénuries dans une Yougaslavie au bord de l'effondrement, qui se transforme en salle de torture. Le ridicule et l'horreur se télescopent et entraînent dans leur sillage toutes les péripéties, qui osent un peu tout, jusqu'à ce petit bijou d'humour noir : une filature burlesque dans une forêt, qui s'achève par la découverte d'un pendu, dont la dimension symbolique résume assez bien un métrage qui n'est qu'oeuvre de décomposition.

Et finalement, là où le film échoue, c'est qu'il rompt trop souvent ce fragile équilibre. Tantôt il tente trop fort de rappeler qu'il est une comédie (longues et fatigantes séquences d'espionnage), tantôt il se pare d'un propos politique asséné sans grande subtilité. Car L'espion des Balkans n'est jamais aussi bon que lorsqu'il se contente de faire le portrait d'un homme mangé par la rancoeur, brisé par ses illusions perdues, étouffé par sa médiocrité, laminé par les promesses non-tenues d'un système. Cette idée géniale, lui donner une batterie de frères lui ressemblant comme deux gouttes d'eau, le rend plus insignifiant encore. Ce qui jaillit de ce pathétique, c'est un désir morbide de réaffirmer sa virilité, quitte à le faire dans le violence la plus absurde. Et tant pis si la fin appuie son propos sans aucune nuance : l'image, extrêmement forte, reste.
Vrai beau film, donc, avec un gros ventre mou quand même.

Voilà, le cinéma d'Europe de l'Est, c'est vraiment une mine d'or à explorer.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."