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MessagePosté: 24 Juil 2025, 23:21 
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Alec Leamas est le reponsable des opération du MI5 à Berlin. Il organise le passage raté à l'ouest d'un maître-espion infiltré au sein du ministère de l'intérieur est-allemand, compromis et finalement abattu sous ses yeux
ce n'était peut-être pas une très bonne idée de l'attendre pile devant Checkpoint Charlie et de griller nerveusement une clope en faisant les 100 pas devant les vopos, mais il s'agit d'une chorégraphie morale et abstraite, d'un lieu en forme de palais racinien où le peuple cesse en direct de se confondre avec l'espace matériel où fuir, et s'identifie au Dieu ou au pouvoir

Il est rappelé à Londres et sanctionné pour cet échec, son chef, "Control", hésitant entre le congédier et le muter.


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J'avais vu la fin du film enfant, peut-être première fois que j'ai enregistré sur VHS, et en avais été traumatisé
idée géniale de filmer le corps de Claire Bloom qui pendouille de loin, en plan fixe, sur le mur, puis tombe, et bien sûr la convention mensongère du projecteur temporairement fixe pour indiquer le moment où tenter la sortie renvoie à la salle de cinéma elle-même.


Le communisme d'état est à la fois le réalisateur et le projectionniste en somme.
C'est vachement bien (grande scène de procès, tout en étant un film qui dans sa première moitié multiplie les lieux, les extérieurs).
La complexité politique et la mélancolie de John le Carré sont bien rendues. C'est sans doute lié au fait que Martin Ritt était plus ou moins blacklisté. Les acteur sont énormes, Burton et Oscar Werner bien-sûr, mais aussi Sam Wanamaker et Claire Bloom.

La début à Londres est génial, inclassable, ni dans la convention hollywoordienne ni dans le modernisme Nouvelle Vague. C'est un univers existentiel, becketien, sans ésotérisme, socialement et géographiquement localisé car la mauvaise conscience est continue, elle prive les personnage d'une forme de droit à l'abstraction et à l'imaginaire. Ils chutent tout en modifiant directement le monde.
Les idéologies sont jugées, mais forment aussi l'unique texture du réel, d'où un récit avec une tonalité sombre et biblique, explicite dans les répliques sur le judaïsmd l'antisémitisme chrétien (avec l'idée de faute, de salut d'autrui que l'homme voudrait endosser seul comme un secret, pareillement orgueilleux dans l'humilation et l'amour, mais qui échoue).

Bizarrement le film permet aussi de laisser sentir la limite morale de le Carré, qui le rattache immanquablement au genre et à une sous-culture, malgré sa sophistication, sa franchise politique et son ambition morale : il faut que l'espion assiste à la mort qu'il a provoquée de façon indirecte, et celle-ci a lieu sous ses yeux et est toujours terminale. Le récit finit par la mort du juste de la même manière que Colombo commence par un crime que l'on n'arrive pas à dissimuler, elle est analysée avant d'avoir lieu. La critique politique est présente, mais laisse la fatalité intacte, elle la containt à se manifester en voulant l'annuler, et la voit comme une rivale plutôt qu'un mythe.

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He pays penance to the air above him

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 25 Juil 2025, 20:04, édité 20 fois.

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MessagePosté: 25 Juil 2025, 07:59 
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Un de mes films favoris qui fait regretter que le genre de l’espionnage soit si mal servi au cinéma en général, a quelques rares exceptions près.
Y est bien rendue la grisaille typique de Le Carré mais surtout un des rares rôles au cinéma à la hauteur du talent et du « mythe » Burton, justement pour en faire un type au bout du rouleau, dépassé par les événements.


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MessagePosté: 25 Juil 2025, 12:22 
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Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
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Oui, il est impressionant. Cependant il ne donne pas l'impression de forcer sa nature, tant le film reproduit ses convictions et sa vie privée.

La seule erreur du personnage de Leamas est sa conjointe, il ne comprend pas que le personnage de Claire Bloom (la maîtresse de Burton pendant plusieurs années) est sacrifiée dès le début, ou plutôt dès qu'il tombe amoureux.
Elle a tout vu, est à la fois trop anglaise pour passer à l'est et trop sincèrement communiste pour devenir une espionne, suffisamment fine pour gêner les deux camps.

C'est ainsi une image du peuple ou de l'opinion internationale (occidentale en fait) . Elle est justement placée à la charnière intéressante entre les deux, avec ses problèmes de loyers, mais aussi son poster anti-bombe nucléaire, et son ton perpétuellement raisonneur, à la fois modeste et désirant.


C'est cette profondeur qui manque aux Patriotes de Rochant quand il choisi de ressusciter le personnage de Kimberlain pour un happy end superflu et mal intégré dans le film.

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