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MessagePosté: 07 Avr 2015, 22:55 
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aka L'orribile Segreto Del Dr. Hichcock

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Ayant mis au point un puissant anesthésique, le Dr Hichcock l’utilise sur son épouse, Margherita, pour assouvir sa déviance sexuelle : la nécrophilie. Un jour, une surdose accidentelle entraine la mort de la jeune femme. Le Dr Hichcock quitte alors sa résidence à Londres. Il y revient quelques années plus tard, en compagnie de sa nouvelle épouse, Cynthia. Mais, dès la première nuit, la belle subit une apparition fantomatique et menaçante, drapée dans son suaire blanc… [Artus, et belle ciopie du DVd au passage]

Un peu frustrant ce film, qui me convainc plus que les Bava vu jusqu'ici celà dit. Niveau ambiance c'est clairement du maître étalon gothique tendant déjà la main vers les expérimentations giallesques autour de l'invéitableBarbara Steele, tout est donc à tomber et tient plutôt bien le coup malgré une esthétique pompée jusqu'à la moelle. Paradoxalement, le début est admirable dans la simplicité de sa narration, avec un personnage principal potentiellement ambivalent qui ne s'arrête pas à sa seule perversion. Mais on se demande du coup un peu pourquoi tout celà va se perdre dans son jeu maladroit sur les références hitchcockiennes en pagailles : au-delà du motif Vertigo/Rebecca que prend le récit, le scénariste dessine un collier de références presque gags : verre de lait empoisonné, crâne sur un lit, Mrs Bates en puissance... on a un enesemble de clin d'oeuils iconiques qui se veut sans doute amusant mais qui personnellement me fait sortir assez souvent de la splendeur réelle ou le trouble du morbide qui ne demande qu'à s'installer dans plusieurs scènes. Une franche distanciation voir un côté farce finit par prendre le pas dans la toute fin d'ailleurs dans ce qui reste un jeu sur les clichés, et pas encore une forme revitalisé qui va chercher aussi dans ces audaces à renouveler un certain lyrisme. Jamais d'ennui ici, de l'amusement en même temps qu' un plaisir réel niveau rétine, mais difficile de se dire que tout celà ne tiens pas aussi un chouilla du gâchis d'inspiration. Plus je découvre ces films (les Hammer, les italiens sixites), plus je me dis que c'est une sorte de transition moyennement convaincante vers un exercice parfois plus débridé dans les années 70 et 80 chez certains réalisateurs... Mais j'en ai encore pas mal à découvrir.


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MessagePosté: 07 Avr 2015, 22:59 
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Mr Chow a écrit:
Plus je découvre ces films (les Hammer, les italiens sixites), plus je me dis que c'est une sorte de transition moyennement convaincante vers un exercice parfois plus débridé dans les années 70 et 80 chez certains réalisateurs

Tu penses à quels films (pour les années 70-80) ? C'est rare de rencontrer quelqu'un qui n'aime pas Bava (cela dit au fur et à mesure des visions il me déçoit assez aussi).


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MessagePosté: 07 Avr 2015, 23:01 
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Bah je préfère Dario et même Lucio je crois :)

Bava jusqu'ici pas convaincu, un peu cynique et froid je trouvedans ce que j'ai vu, mais faut que je vois Diabolik quand même


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MessagePosté: 07 Avr 2015, 23:05 
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Même Le corps et le fouet ? Y a une impuissance narrative qui me bloque un peu pour ma part, je me rend compte petit à petit que ça fonctionne vraiment comme un cinéma de peintre (pas au sens c'est joli, mais dans le sens où on contemple, où les situations se dilatent et se figent, et du coup y a quelque chose d'un peu froid oui), un truc limite plus proche du cinéma moderne de l'époque.

Mais malgré tout Argento j'arrive pas à trouver ça aussi solide que Bava, j'ai l'impression d'un truc qui reste très en surface dans ses effets et tentatives. Je crois que je l'apprécie surtout pour la manière dont il maniérise Hitchcock, mais je suppose que c'est pas ça que ses fans kiffent chez lui.


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MessagePosté: 07 Avr 2015, 23:28 
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Je n'ai pas vu Le corps et le fouet, mais pour le côté figé je suis assez d'accord (je vois aussi pour le "cinéma de peintre", même si devant une peinture on est pas censé avoir ces sensations).
Et oui Argento ce n'est certainement pas ça qui rend dingue ses fans je pense. A mon sens, c'est un cinéma qui a été nettement plus dans l'idée de dépasser la forme, je trouve même qu'il touche cinématographiquement au-delà d'une dimension esthétique (d'où les débats aussi sur ses différentes périodes, le côté instable de sa filmo), c'est un cinéma qui me semble parler plus directement à la psychée et s'affranchir de son écrin des genres, son apparence maniériste. Il est généreux, et de plus en plus d'ailleurs. Bien sur c cinéma est également est blindé de références, et même à Dr Hichcock tient, mais après sa nature n'est pas là, ce n'est pas sa finalité d'être esthétique. Alors que Freda ici ou Bava me semblent jouer peut-être avec aisance mais de manière circonscrites à leurs genres, leurs univers en tableau, avec une assurance d'un petit monde de "petit maître" qui ne va jamais très loin finalement, on sait très fréquemment comment la fleur va éclore, et même dans "l'audace formelle" il y a une forme de rigidité, pas si éloignée des péplums où ils peuvent paraître plus conventionnels.


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MessagePosté: 07 Avr 2015, 23:41 
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Quand je dis qu'Argento maniérise, je le pense pas au sens "cinéaste purement formaliste", ni comme quelque chose de péjoratif. Au contraire, sans lancer un débat sur le maniérisme, je le trouve maniériste au sens pur comme peuvent l'être Sirk ou Leone, qui sont pour moi les "vrais" maniéristes (alors que dans le rapport de DePalma à Hitchcock, il y a déjà une dimension d'analyse, une distance intellectuelle et référentielle vis-à-vis du modèle).

Ce que j'aime donc, chez Argento qui maniérise Hitchcock (au sens où il le continue), c'est qu'il arrive à trouver et à sentir instinctivement le fond vicié, malade, pulsionnel, terrifiant du cinéma d'Hitchcock (de son esthétique, de son approche), comme s'il accouchait l'informulé de la filmo de son maître, l'amenant plus loin, sortant un peu cet inconscient de l'ombre. Je trouve en ça qu'il est précieux.

Sa superficialité vient pour moi du fait qu'il s'en contente. Que son cinéma et ses principes forts (spectacle de la souffrance, la position de spectateur impuissant qu'il entretient) sont réduits à leur seule force de frappe, qu'il ne construit rien de bien convaincant autour, ne faisant qu'accompagner la chose d'un carnaval décoratif qui pour le coup me semble très théorique, peu efficient (d'où l'impression fausse que j'ai d'un cinéaste qui singe superficiellement Bava, alors qu'ils sont contemporains). Les bariolages de Bava sont moins évidents, j'y trouve plus de mystère, je sens qu'il s'y joue quelque chose, que sans ça le film tomberait. Mais bon, j'ai bien conscience que c'est de l'ordre du ressenti, et que je n'apporte pas d'argument pour appuyer ça.


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MessagePosté: 08 Avr 2015, 13:26 
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Tom a écrit:
Sa superficialité vient pour moi du fait qu'il s'en contente. Que son cinéma et ses principes forts (spectacle de la souffrance, la position de spectateur impuissant qu'il entretient) sont réduits à leur seule force de frappe, qu'il ne construit rien de bien convaincant autour, ne faisant qu'accompagner la chose d'un carnaval décoratif qui pour le coup me semble très théorique, peu efficient (d'où l'impression fausse que j'ai d'un cinéaste qui singe superficiellement Bava, alors qu'ils sont contemporains).


J'ai l'impression que tu parles de quelqu'un d'autre oui :) Et même sur Suspiria ou Opera que tu as vu je crois, on ne peut pas dire que le parcours de l'héroïne que l'on suit ne s'en tienne qu à ça, à chaque fois le film aboutit sur l'esquisse d'une transformation de perspective, d'un bouleversement. "Caranaval décoratif" à la limite devant un Inferno très conceptuel, moui, mais c'est tout... En sachant que son cinéma est moins cérébral arrivé dans les eighties à mon sens. Le "Spectacle de la souffrance" on y participe toujours un peu de l'intérieur, pas pour en jouir bêtement, et les figures et personnages me semblent bien moins prétexte à une petite mysanthorpie que dans La fille qui en savait trop ou l'horrible La baie sanglante par exemple.
Dans Ténèbres, qui pourrait être simplement très cynique et une simple boucle, le dispositif du film qui éclate le genre dans toutes ses limites esthétiques ou d'intensité montre d'ailleurs quelque chose de récurrent : Argento ne se satisfait pas de la seule enveloppe de son film, il faut toujours en sortir. Son dispositif vise à dilater, ouvrir au possible, et transfigurer : ses génériques de fin ont d'ailleurs souvent du mal à s'achever, et l'ouverture d'Il était une fois dans l'Ouest qu'il aurait conçue est tout à fait à l'image de celà.

Après ce n'est clairement pas un cinéma qui "construit" de film en film, il a même tendance à tout reprendre à zéro à chaque fois, voir même de scènes en scènes (ce manque d'unité peut rendre difficile certains films pourtant très beau comme Quatre mouches de Velours gris,mais on sent que jusqu'au ralenti final, on n'a jamais terminé de tout remuer). Son seul film politique, 5 jours de Révolution, est basé sur une successions de petits basculement dans un certain chaos...Au milieu de ça il y a pourtant une espèce de "traque de l'anima" dans ce cinéma, du dernier souffle possible : c'est ce qu'il retire clairement de toutes ses scènes d'agonie et de décapitation très nombreuses, qui sont bien plus que de simples rapports Eros / Thanatos.

Je t'incite quand même à voir Phenomena ou Le syndrôme de Stendhal (et moi plus de Bava :mrgreen: )


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