Forum de FilmDeCulte

aka Les Sensuels en vf.

Ah cette époque post-seconde guerre mondiale pleine de frustration, d'angoisse existentielle, ce sentiment d'une vie rétrécie entre les quatre murs d'un pavillon flambant neuf et d'un environnement astiqué et domestiqué. No Down Payment appartient au genre du cauchemar climatisé, avec Bigger than life de Nicholas Ray et dont The Swimmer de Frank Perry constitue un rejeton tardif (voire American Beauty pour les plus connus). On est pas loin, dans l'esprit, du Bullet Park de John Cheever. Comme souvent avec Martin Ritt, c'est un tantinet schématique, didactique en même temps qu'intelligemment dialogué. Et son vrai talent, c'est peut-être sa faculté à faire briller les acteurs, notamment Joanne Woodward ici. On ne reconnaît pas forcément la femme de Paul Newman, si comme dans mon cas on l'a assez peu vue au cinéma, mais l'excellence de son interprétation est immédiatement notable dans son rôle de jeune femme à qui l'on a fait croire à tort qu'elle est une écervelée. Des personnages plutôt jeunes, englués dans leurs souvenirs de la guerre (l'ex-marine qui a transformé son garage en musée pleine de reliques japonaises en un tableau frappant), ou leur complexe (le jeune ingénieur dont le régiment est resté aux Etats-Unis qu'il relie à une forme de d'impuissance ou de dévirilisation), leur rôle de femme au foyer, le racisme latent et le "rat race" de l'American way of life. Bon film mais qui charge un peu trop la barque à la fin, tout en maintenant, étrangement, une forme de hauteur ou de compassion (je sais qu'on fait rarement de ces termes des équivalents) rare au cinéma comme dans la vie.