Pr l'instant, pire merde de l'année rayon gun et dollars.
Incroyablement puant, ça va sans dire.
En général la qualité à s’approprier chez les dominés, ou l’autre en général, est de l’ordre de la nature, d’une nature indemne, non contaminée ; ici, ce n’est pas le cas, ou plutôt la chose est moins simples ;la nature est inséparable de la technologie ; la nature est liée essentiellement à la culture. On ne peut utiliser les armes extraterrestres que si l’on est un extraterrestre ; leur science, leur technique, en quelque sorte n’est pas universelle. Le racisme ici n’est donc ni naturaliste, biologique, ni culturaliste. Les deux sont liés. Les Nigérians, échouent dans leur entreprise ; le monstre ne donne pas son secret, sa force, sa puissance, à ceux qui sont le plus proche de lui par leur situation dans le monde, leur exclusion, mais bien plutôt à ceux qui se trouvent au sommet, ou pour être plus précis au sommet du savoir humaniste ; car le sommet dans District 9 est divisé, partagé ; d’une part, il y a la puissance militaire, scientifique, politique, de l’autre le savoir morale, humaniste. Le sommet est en lutte, on le voit d’emblée, quand le héros s’oppose au soldat, quand il refuse l’usage des armes. C’est un vieux truc, qu’on retrouve dans des tas de westerns, par exemple les Cheyennes, où la gentille institutrice s’oppose à la politique des militaires ; l’altérité ne communique qu’avec le savoir humaniste, un savoir qui vise à l’humaniser ; si pour le soldat raciste, il n’y a de bon indien que l’indien mort, pour le savoir humaniste, l’instituteur, le pédagogue, il n’y a de bon indien que l’indien éduqué ; on n’a rien inventé avec les conneries autour de l’école républicaine et sa puissance (pour le moment en panne) d’intégration ; ce sont les cœurs qui gagnent les guerres contre l’altérité ; gagner les cœurs et les esprits dit-on ; horrible slogan. Naturellement, il n’y a aucune différence entre les deux ; le bon flic et le mauvais flic poursuivent la même fin ; de la mise en scène.
Quelle est l’idée du film ? Elle est très visible , et raciste. Quelle est l’action que mène le héros, lui-même grotesque, mais qui d’une certaine manière le rachète : il aide des étrangers, des migrants à rentrer chez eux. Tout est là, dans cet esprit ; chacun chez soi. Le Pen, et ses héritiers, ne feraient pas autre chose. Ne pas oublier que les Nazis furent favorables à la création d’un Etat juif ; ils avaient d’abord pensé à une politique de déportation.
Quelle est la calamité que subit ce mec ? Devenir autre, changer au contact de l’autre ; cela nous est montré comme une terrifiante épreuve ; ici, aucune forme de valorisation de l’expérimentation de nouvelles formes de vie, comme dans « la Mouche » ; rien de la pensée d’un Kafka ; rien de la richesse du « devenir-juif » de Monsieur Klein. Devenir-autre est horrible, terrifiant. Devenir-autre, devenir, en un mot, c’est se dégrader, être contaminé ; c’est la catastrophe ; toute cette pseudo satire, comme la satire même est animée par un idéal d’identité, identitaire ; on est bien chez soi, on n’est bien que chez soi ; on n’est bien qu’en étant soi, on n’est qu’en étant soi ; être, c’est être soi. C’est ce que racontait, on s’en souvient ET. « ET, maison » ; à l’époque, cela avait donné naissance, à la fameuse blague raciste. « C’est quoi l’avantage d’E.T. sur les Arabes ? Tu ne trouves pas ? Au moins, E.T., il veut rentrer chez lui ». Les gens sentent toujours, même si cela n’est pas évident, même dans les formes de cinéma divertissant, la politique des images, la politique du récit.
Dans "District 9". Quel est le malheur du héros, être séparé de soi, aliéné, comme on dit, de son corps, de sa femme, de sa vie bourgeoise ; désapproprié. C’est de cela que l’on rit ; l’idéal étant alors l’appropriation de soi par soi. Etre, c’est être propre,"lol."
A l'heure où des millions de personnes se battent pour vivre là où ils sont, pour le droit de passer les frontières, et pas seulement géographiques, "District 9", nous montre des gens qui se battent pour rentrer là d'où ils viennent. C'est pas très progressistes; une telle "satire".
Le dernier plan du film m'a paru assez révélateur : le héros, sur une décharge, transformé lui-même en monstre, se distingue immédiatement des autres aliens, du fait qu'au lieu de s'empiffrer de nourriture pour chat, il confectionne amoureusement une petite fleur, en carton ou en métal, pour la femme qu'il a perdue.
Comme quoi une transformation ne fait pas un devenir.
Ca aurait été tout autre chose si on avait eu un dernier plan sur une troupe d'aliens tous semblables, et que les spectateurs aient à se demander : où est l'humain dans cette image .
Interview de Blomkamp le publiciste:
-- Les extraterrestres représentent n’importe quelle minorité mise au ban de la société.
--On me dit que District 9 est une métaphore de l’apartheid. Mais j’évoque surtout l’immigration illégale dans l’Afrique du Sud contemporaine. Qui sont les victimes d’aujourd’hui? Les 5 millions de clandestins originaires du Zimbabwe, qui s’effondre. Durant le tournage en 2008, Johannesburg est subitement devenue folle: cinquante personnes ont été massacrées et brûlées. La réalité dépassait ma fiction. Les Noirs les plus démunis les accusent de voler leurs emplois. Ce n’est pas tant la xénophobie qui est en question. Mais l’extrême pauvreté qui suscite une nouvelle forme de discrimination.
Il y a des Noirs très riches, encore peu nombreux, qui ne viennent pas en aide à leurs semblables dans le besoin. C’est pareil au Brésil et au Mexique.
Mon semblable, c'est pas l'homme, mais le gars de la même race que moi; c'est pourquoi ce con s'étonne que des Noirs n'aident pas des Noirs. Que les Blancs les aient forcés à vivre inhumainement peut alors sembler moins choquant; ce ne sont pas des semblables.
Un partage noir/blanc, qui est aussi un partage documentaire/fiction, comme on peut le voir dans "Alive in Joburg" CM que vous connaissez tous.
http://www.youtube.com/watch?v=iNReejO7Zu8Il faut aussi observer les sous-titres : qui est sous-titré (bien que parlant anglais) et qui ne l'est pas.
Par ex à un moment on ne comprends rien à ce que dit Sharlto Copley (il a une toute petite scène) et lui n'est pas sous-titré.
la fiction s'inspire manifestement de l'arrivée massive des Zimbabwéens en 2005 (date du court métrage) mais indique en carton : "Afrique du Sud, 1990".
Pourquoi cette confusion, cette manière de rabattre deux situations l'une sur l'autre (la dernière année de l'apartheid et l'immigration massive) ?
Cependant les FX de District 9 restent très bons;surtout pr son budget