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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 29 Juil 2023, 11:21 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Müller a écrit:
Les violences psycholigiques tuent à petit feu, détruisent la santé, favorisent l'exclusion sociale.


N'oublions pas les maladies cardioveausculaire non plus.


Vu ton comportement général, tu es sans doute victime de harcèlement continu depuis l'enfance et jusqu'à maintenant. Chaud d'ironiser là-dessus.

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 29 Juil 2023, 11:28 
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J'admets que tout en ayant une idée de quoi ça parle, je ne suis pas le grand spécialiste du trauma 2.0 (et de la morale 3.0) comme toi

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 29 Juil 2023, 11:33 
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Eh bien plutôt que de me chercher des poux, peut-être que tu devrais partager ce que tu en penses. C'est encore le meilleur moyen d'apporter des nuances ou de la contradiction à mes propos si agaçants et consternants.

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 29 Juil 2023, 11:34 
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Müller a écrit:
Je suis tenté de croire que les prédateurs séduisants et charmeurs, qui ont en plus un statut social élevé, ont une success rate plus haute que la moyenne.
Sois plus que tenté: les études le montrent. Les mecs qui scorent plus haut sur les traits "Dark Triad" (narcissisme, psychopathie, machiavélisme) ont en moyenne plus de partenaires que les autres.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 29 Juil 2023, 11:40 
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C'est surtout que Bedos lui-même tient à s'étaler dans sa propre médiocrité, en utilisant son statut pour défendre certains de ses soc' tout-puissants type DSK, Roger, il s'en fout je pense. Son attitude, surtout sa virulence, envers Tristane Banon, nana plutôt privilégiée de par son milieu social ce qui l'amène à pouvoir l'ouvrir sur des plateaux TV et plus, en dit long sur sa vision de la société : une femme parle immédiatement après la survenue des faits, sinon rien, ou alors c'est une hystero en mal d'attention. Sa posture, c'est choisir d'ignorer toute la complexité de la psychée humaine, comme des inégalités sociales. Or, contrairement à Roger, il utilise justement de sa notoriété pour diffuser des discours assez nauséabonds (m'est avis). Roger ne fera pas de tribune relayée par la presse unanime pour, mettons, défendre la liberté d'importuner les femmes, ou alors ce sera un cas exceptionnel. Bedos trouve un écho dans les médias sans trop de difficultés.

Après est-il souhaitable alors qu'on parle d'affaires judiciaires en cours d'en informer le public ? Je ne le crois pas, en effet, je pense que le secret de l'instruction est trop souvent bafoué et toutes les parties se retrouvent dans la sauce sans avoir le contrôle de la situation. VIP ou pas. Cela dit je ne vais certainement pas plaindre un gars comme Bedos, il a largement de quoi se payer tout un conseil juridique pour se défendre et redorer son image auprès du public, et pouvoir potentiellement continuer son manège en presque toute impunité comme c'est souvent l'usage encore de nos jours.


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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 29 Juil 2023, 11:51 
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Bedos, toute sa théatralité et son inauthentiticté transpirent de ses passages à l'écran depuis des années, même sur des sujets anodins. Tout dans son attitude pointe vers la dark triad mentionnée par QGJ. Rien dans ces témoignages ne m'étonne. Je suis sûr que si on remonte tout ce topic, on peut en tirer une nomenclature étonnamment juste et précise de ce genre de profils.

D'ailleurs si je me souviens bien il y eu il y a quelques temps ici des échanges concernant un autre youtubeur ciné (je ne sais plus si on l'avait nommé, du moins par son pseudo), encore un qui porte tout ça en bandoulière, et j'ai l'impression que ça n'a jamais percé plus que ça malgré des témoignages bien lourds.

EDIT : ah oui, c'était page 70.

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 29 Juil 2023, 13:54 
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Ce qui est marrant, c’est qu’il se doute sans doute de l’image qu’il émet. Comme beaucoup je peux pas saquer ce bellâtre médiocre à la bouche en cœur, lui-aussi sans doute par moment ne doit pas beaucoup s’aimer lui-même mais bon.


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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 29 Juil 2023, 14:15 
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Ce sont souvent des gens très vides, très creux, sans réelle capacité d'introspection. Même s'ils adorent parler d'eux, c'est souvent un discours plaqué. D'où en grande partie cette impression qu'ils sonnent faux, pas seulement dans leurs paroles, mais dans leur façon de parler, leur langage corporel (ils font souvent de bons acteurs). Ils ne ressentent généralement qu'une angoisse sourde, qu'ils anesthésient par leur consommation de produits, et ne voient l'Autre que comme une extension d'eux-mêmes qu'ils vont chercher à détruire comme ils s'auto-détruisent déjà. Many such cases.

Donc quelque part oui, ils "se détestent", mais de manière animale, instinctive, indépendamment de ce qu'ils font subir aux autres dans le sens où ce n'est jamais par culpabilité à la suite de leurs comportements, car ils ne sont par ailleurs pas outillés pour ressentir de l'empathie. Des gens à fuir comme la peste. Des monstres.

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 30 Aoû 2023, 20:08 
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Bah tiens Philippe Garrel dans la sauce se défend avec la naïveté qui lui sied mais qui reste étonnante.


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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 31 Aoû 2023, 09:37 
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Vu les films de Garrel et leur misogynie latente je suis pas du tout étonné.

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 31 Aoû 2023, 09:40 
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Quelqu'un a l'article de médiapart svp?

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 31 Aoû 2023, 09:44 
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Pour une fois, l'accusé reconnait la plupart des faits (en prétendant avoir vécu les choses différemment, et en manifestant des regrets - spoiler alert de gros pervers). Il a l'air particulièrement aux fraises, daddy Garrel.

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 31 Aoû 2023, 09:46 
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Pour l'avoir vu en vrai récemment je confirme, il fait vraiment papy gentil mais limite gâteux.

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 31 Aoû 2023, 09:50 
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Film Freak a écrit:
Quelqu'un a l'article de médiapart svp?


Elles se sont tues pendant des années. Même après #MeToo, elles n’ont pas osé parler publiquement. Elles se sont dit que ce n’était « pas si grave » ou que personne ne les croirait. Elles ont pensé que le cinéma français préférait célébrer des agresseurs plutôt que d’entendre les appels d’Adèle Haenel ou les alertes de femmes ayant été victimes d’hommes puissants.

Aujourd’hui, elles se font violence pour témoigner, pour que les castings avec « lui » n’aient plus lieu dans un café près d’un hôtel, et qu’une femme ne se retrouve pas fragilisée après un rendez-vous professionnel. « Lui », c’est Philippe Garrel, 75 ans, réalisateur multi-récompensé post-Nouvelle Vague, primé cette année au festival de Berlin de l’Ours d’argent du meilleur réalisateur.

Plusieurs des femmes témoignant dans cette enquête le font sous couvert d’anonymat par peur d’effets néfastes sur leur carrière. D’autres ont quitté le métier. Certaines parlent à visage découvert tout en craignant d’être montrées du doigt, ou accusées de mentir… La « honte », le « dégoût », la « culpabilité » : ces mots reviennent dans les récits de comédiennes qui rêvaient de travailler pour cette figure du cinéma français, alors qu’elles étaient parfois au début de leur carrière quand elles l’ont rencontré.

Dans cette enquête, cinq femmes le mettent en cause pour des propositions sexuelles dans un cadre professionnel, dont quatre évoquent des gestes et baisers non consentis, susceptibles d’être qualifiés d’agression sexuelle ou de tentative d’agression sexuelle. Aucune plainte n’a été déposée à ce jour. Le réalisateur affirme qu’il ne lui est « jamais arrivé d’embrasser une femme contre son gré », mais indique qu’il a « peut-être essayé d’embrasser l’une d’entre elles » sans être sûr de son souvenir. Il présente ses excuses s’il a pu blesser des comédiennes.

Jeanne* a tourné avec Philippe Garrel pour un petit rôle en 2017, alors qu’elle avait 27 ans et lui 69, soit 42 ans de plus qu’elle. L’année suivante, il la rappelle : il veut la rencontrer, il écrit un nouveau scénario, raconte la jeune femme. Sa mère s’en souvient encore : « Elle était trop contente, elle se disait qu’elle allait peut-être décrocher un rôle. »

Mais, d’après le récit de Jeanne, lorsqu’elle le retrouve ce jour-là pour un rendez-vous dans Paris, l’ambivalence s’installe très vite. Le réalisateur lui aurait dit qu’il avait réservé une chambre d’hôtel. Elle croit à une blague, puis explique qu’il y a « erreur sur la personne », qu’elle veut « bien discuter boulot mais que c’est tout ».

Son visage « à un centimètre » de sa bouche
Ils s’assoient finalement à la terrasse d’un café. Le réalisateur lui aurait alors caressé les cuisses. « J’enlève sa main. Et lui dis : “Ça suffit en fait !” Il me répond : “J’essaie.” » Jeanne veut s’en aller. D’après son récit, il insiste pour la raccompagner. Dans le métro, assis à côté d’elle, il aurait essayé de l’embrasser, plaçant son visage « à un centimètre » de sa bouche. Elle lui aurait alors « hurlé » de « sortir » du métro.

Jeanne est « tombée de haut » : « Ce n’est pas tous les jours qu’un réal t’appelle, j’arrivais avec toute ma passion à ce rendez-vous. Puis je me suis dit : “Je ne suis qu’un tas de viande.” J’en ai chialé quelque temps », explique-t-elle, ne pouvant réprimer ses larmes.

Sa mère se souvient de son appel le soir même : « Elle était défaite, ça l’a marquée. » Son compagnon de l’époque se remémore la même déception : « Elle était rentrée dégoûtée. Comme elle avait déjà travaillé avec lui, elle y allait en confiance. » Désormais, Jeanne dit qu’elle ne se rend à des castings qu’accompagnée.

Questionné sur ce récit, Philippe Garrel explique qu’il a « eu le sentiment qu[’ils étaient] attirés l’un par l’autre ». « Je l’ai rappelée pour prendre un café mais sans évoquer un quelconque projet de film. […] J’ai tenté de la séduire, et elle m’a répondu : “Je ne veux pas avoir ce genre de rapports avec toi.” »

Il reconnaît l’avoir raccompagnée au métro mais évoque uniquement « une bise sur la joue » pour lui dire au revoir, à laquelle elle aurait répondu : « Pas question. » Il ajoute : « Je suis désolé d’avoir mal interprété son ressenti et de ne pas avoir compris, à l’origine, qu’elle n’envisageait rien d’autre avec moi qu’une relation professionnelle. Je tiens par ailleurs à m’excuser si ma tentative de séduction, déplacée ou maladroite, a pu la blesser. »

Le 7 février 2019, Jeanne a reçu un mail l’invitant à répondre à une enquête sur l’insertion des diplômé·es des établissements d’enseignement supérieur relevant du ministère de la culture. Elle a hésité, puis a rempli le questionnaire en ligne. Jeanne a écrit, selon la copie qu’elle a conservée : « Je crois que vous n’avez pas idée du nombre de fois où j’ai envoyé bouler un metteur en scène ou un réalisateur car en audition ils me demandent explicitement de coucher avec eux. J’en suis malade ! Le dernier en date était Philippe Garrel. […] Il faudrait faire un tri ! Et que l’école nous prépare mieux à cette triste réalité ! » Elle n’a jamais reçu de réponse.

Contacté, le ministère de la culture explique que « ces données – correspondant à plusieurs milliers de répondant·es – sont anonymisées et traitées statistiquement » et que « les réponses à champ ouvert du questionnaire ne font pas l’objet d’un traitement systématique ». Cela n’aurait « donc pas permis de détecter le signalement » de Jeanne.

Anna Mouglalis a joué pour Philippe Garrel dans La Jalousie en 2013. Un tournage sur lequel il n’y a « rien eu de déplacé ». Le réalisateur la contacte peu après pour un projet de film sur « le désir féminin ». Elle lui conseille des ouvrages. « En tant que féministe, je voulais qu’il cesse de dire qu’il n’existait pas de littérature féminine sur le désir. »

Rendez-vous est pris pour une séance de travail dans l’appartement de la comédienne, relate-t-elle. Nous sommes le 18 février 2014 – l’agenda de son téléphone l’indique encore. « C’est le climat de confiance du tournage qui a fait que je l’ai invité chez moi comme une figure presque paternelle, vu les 30 ans de différence d’âge », précise l’actrice.

D’après la comédienne, ils échangent dans le salon, puis elle s’absente aux toilettes. De retour, il aurait disparu. « Il s’était allongé sur mon lit. Il a prétexté qu’il en avait besoin pour ses douleurs. C’est tellement énorme alors qu’il y avait deux canapés juste à côté de lui dans le salon ! » Il lui aurait alors demandé de venir près de lui et de poursuivre sa lecture. « J’ai dit qu’il n’en était pas question. Puis que s’il était fatigué, il partait. » Garrel aurait insisté. Refus de Mouglalis qui lui aurait alors appelé un taxi.

L’actrice a trouvé son comportement « insultant » : « On est en pleine caricature d’une misogynie et d’un machisme de base. » Elle se rappelle s’être sentie « réifiée », comme si ce rendez-vous de travail n’était « qu’un prétexte ». Elle s’en est confiée récemment à la comédienne Clotilde Hesme, qui nous l’a confirmé et qui a également reçu les confidences de Jeanne lors d’un tournage partagé il y a deux ans.

Concernant Anna Mouglalis, Philippe Garrel explique qu’elle l’avait « invité à l’heure du dîner » : « Nous étions dans la cuisine, et j’ai eu un malaise. Je lui ai dit que j’avais besoin de m’allonger, ce à quoi elle a répondu : “Ah bon ? Tu crois ?” Et je lui ai répété que je ne me sentais vraiment pas bien et qu’il fallait que je m’allonge. Je suis donc allé sur son lit et me suis allongé vingt minutes, avant de rentrer chez moi. » Il assure que ce n’était pas un rendez-vous professionnel et qu’il n’a eu « aucun geste ambivalent à son endroit ».

Clotilde Hesme, qui a été l’une des élèves de Philippe Garrel au Conservatoire de Paris, se souvient quant à elle que le cinéaste l’« humiliait » lors du tournage des Amants réguliers, sorti en 2005. Des difficultés déjà évoquées dans un article de L’Express en 2015. Auprès de Mediapart, elle explique que le réalisateur la surnommait « L’inceste », « comme l’histoire d’amour était entre son fils et moi sur le film ». Elle en est encore « sidérée » aujourd’hui : « J’avais 24 ans. » Garrel dément tout propos en ce sens. « À vrai dire, je ne comprends pas grand-chose à cette assertion », précise-t-il auprès de Mediapart.

De son côté, l’actrice Laurence Cordier a rencontré Philippe Garrel en 2003 lors de sa dernière année au Conservatoire de Paris, alors qu’elle avait 24 ans. Il l’aurait appelée ensuite pour lui parler d’un rôle. « J’étais folle de joie. » Le réalisateur l’aurait invitée dans un restaurant.

Il lui propose ensuite une promenade. Elle raconte qu’il marche alors « très près » d’elle, entrant dans sa « zone d’intimité ». Malaise. Selon le récit de la jeune actrice, il lui aurait lancé : « Viens, je te paie l’hôtel. » Sidération et refus. Malgré tout, il l’aurait prise par la taille avant qu’elle ne le mette à distance.

« C’était horrible, je me sentais humiliée. J’avais tellement honte d’avoir pu imaginer que c’était pour mon talent qu’il voulait me voir. J’avais la sensation de m’être fait avoir, il m’appelait pour me parler travail, c’était un cinéaste valorisé, que j’admirais, reconnu par mon école, un homme de puissance. Et je me retrouvais, au lieu d’accepter un rôle, à le repousser. »

Dans Les Inrocks, en 2017, elle racontait déjà de manière anonyme cet épisode – que le magazine relatait comme une « interaction avec un réalisateur majeur du cinéma d’auteur français ». Contacté par Mediapart, son compagnon durant sept ans, avec qui elle vivait à l’époque, se souvient de ses confidences sur le fait qu’il « avait essayé de l’embrasser, qu’elle l’avait repoussé ». Après ces agissements et plusieurs déconvenues avec d’autres hommes du septième art, Laurence Cordier s’est éloignée du cinéma pour le théâtre.

Si le cinéaste reconnaît avoir connu Laurence Cordier alors qu’elle était au Conservatoire, il dit qu’il ne « se souvient de rien précisément ». Et ajoute : « Si Laurence Cordier s’est sentie humiliée, j’en suis désolé. Par contre, je tiens à souligner que je n’ai jamais donné de faux espoirs professionnels à une comédienne en vue de la séduire. »

L’actrice Marie Vialle a elle aussi fait ses classes au Conservatoire, mais une dizaine d’années plus tôt, de 1994 à 1997, de ses 20 à ses 23 ans. Durant cette période, son professeur Philippe Garrel lui aurait proposé d’« écrire un film pour elle ». Plusieurs rendez-vous professionnels ont lieu : le dernier l’a particulièrement « marquée ». Il aurait essayé de l’embrasser, se levant « d’un coup » pour se retrouver « à quelques centimètres » de son visage, « tout près » de sa bouche avant qu’elle ne le repousse : « Je me recule et je crie – pas très fort. J’étais surprise, je n’en avais pas envie. »

« Je ne peux pas faire le film si je ne couche pas avec toi », lui aurait-il dit selon le récit qu’elle nous a fait à l’oral et à l’écrit. Puis il aurait ajouté qu’il était « amoureux » d’elle. Elle relate avoir « pris le temps de lui expliquer » qu’il pouvait « être amoureux d’elle, la désirer », mais qu’elle ne voulait pas « coucher avec lui ». Il aurait insisté sur le fait qu’il avait besoin pour son film de la connaître « pour de vrai », qu’il ne pouvait pas « faire autrement ». Elle renonce alors à faire le film, raconte-t-elle.

Marie Vialle a ressenti le même « écœurement » que les comédiennes citées plus haut : « Il m’a pris mon temps sans m’avoir donné la règle du jeu, à savoir qu’il ne ferait pas de film sans coucher avec moi. »

Elle se confie tout de suite à son amie Anne, actrice elle aussi. Celle-ci se remémore lui avoir conseillé de s’en ouvrir au directeur du Conservatoire de l’époque, Marcel Bozonnet. La jeune actrice craint que cela ne lui porte préjudice et « de ne pas être crue », se rappelle son amie. Ce n’est qu’en 2022 que Marie Vialle a finalement contacté Marcel Bozonnet. Auprès de Mediapart, il affirme être « tombé des nues » et l’avoir écoutée évoquer sa « peur que ça se retourne contre elle ».

Promesse de rôle
« C’est en discutant avec Marcel que j’ai compris que c’était la honte et pas la peur qui m’avait fait me taire », dit Marie Vialle aujourd’hui. « J’ai eu la honte de m’être faite jolie et d’y avoir cru. Je me suis culpabilisée, alors que c’est lui qui me faisait du chantage. Vingt-huit ans plus tard, témoigner m’a fait comprendre que j’avais eu honte. »

Quelques années après, Marie Vialle a accepté de jouer un petit rôle dans le film de Philippe Garrel, Le Vent de la nuit, sorti en 1999. Elle avait besoin de travailler, dit-elle. « Et j’avais fait ce que j’avais à faire, je m’étais défendue. »

Aujourd’hui, elle craint la médiatisation : « Ça ne m’intéresse pas de me focaliser sur Philippe Garrel et je n’ai pas envie d’être considérée comme une victime. Pour créer librement, il faut protéger cette joie qu’ont les acteurs et actrices de s’abandonner au regard de l’autre. Si je témoigne, c’est pour être réunie avec moi-même, pour dire que l’abus de pouvoir est le terreau des violences sexistes et sexuelles. »

Le fait d’apprendre qu’Agnès* avait un vécu similaire a également pesé dans sa décision. Cette ancienne actrice lui a téléphoné début 2023 sur les conseils d’un ami commun. Elle lui raconte une « séduction immédiate de la part » de Philippe Garrel, lors d’un rendez-vous en janvier 2014 pour un potentiel projet de film. Il aurait aussi essayé de l’embrasser.

« Il y avait toujours cette promesse du rôle si je me dévoilais à lui. Je disais non et je minaudais en même temps. » Car elle rêve de jouer devant sa caméra : « Pour moi, c’était vraiment énorme que Philippe Garrel veuille me faire tourner dans un film. » Et puis, à l’époque, Agnès se sentait « très vulnérable vis-à-vis de lui ». L’histoire s’arrête là. Elle ne l’a plus revu, elle n’a jamais joué dans un de ses films.

Je me souviens lui avoir expliqué que, comme beaucoup de réalisateurs de la nouvelle vague, j’aimais tourner avec la femme dont j’étais amoureux et la filmer.

Le réalisateur Philippe Garrel
C’est le coup de fil avec Marie Vialle qui l’a décidée à parler. Jusque-là, elle jugeait le cinéma français trop imprégné « d’abus de pouvoir ». Thomas, leur ami commun de l’époque, se souvient de leurs récits. Il se remémore également un sentiment commun : « Toutes deux culpabilisaient de s’être faites belles pour un rendez-vous professionnel. »

Une autre actrice, Anaïs*, nous a raconté qu’elle ne gardait pas du tout un mauvais souvenir de sa rencontre avec le réalisateur, même s’il avait aussi essayé de l’embrasser lors d’un rendez-vous autour d’un projet de film en 2013 : « Tétanisée, je n’ai pas compris. Puis, il a été très respectueux de mon refus. J’étais surprise mais je ne l’ai pas mal vécu. Je m’étais dit qu’il n’allait pas me prendre comme j’avais refusé et il m’a rappelée pour le rôle. Il n’y a plus jamais eu d’ambiguïté et en tant que directeur d’acteur, il a toujours été très professionnel, sérieux, attentif et distancié. »

Au sujet de Marie Vialle, le cinéaste affirme être « tombé amoureux » d’elle et l’avoir invitée à déjeuner. « Je me souviens lui avoir expliqué que, comme beaucoup de réalisateurs de la nouvelle vague, j’aimais tourner avec la femme dont j’étais amoureux et la filmer. J’ai peut-être essayé de l’embrasser, je ne m’en souviens pas, mais elle m’a très certainement éconduit puisque c’est précisément à ce déjeuner que j’ai compris qu’elle n’était pas du tout attirée par moi. »

Il ajoute, toujours par écrit : « Aujourd’hui, je comprends qu’elle ait pu le vivre comme un chantage mais mes sentiments pour elle étant réels, je ne m’en suis pas rendu compte. […] Si j’ai blessé Marie Vialle, pour laquelle j’ai beaucoup de respect, j’en suis désolé. »

Le réalisateur tient à préciser qu’il serait aux prémices d’une prise de conscience : « À la lecture de tous ces témoignages, je réalise la différence entre ce que j’imaginais alors et ce que je leur ai fait vivre. J’avais déjà pris conscience de la culture qui m’a façonné, et cela a ouvert en moi une remise en question. »

Jeudi 24 août, Philippe Garrel a décroché son téléphone pour appeler Anna Mouglalis. Selon l’actrice, il lui aurait demandé de « retirer son témoignage » et ce « au nom de leur amitié » - ce qu’elle a ressenti comme une « pression » : « C’est encore une fois ce grand mélange, cette création de confusion, entre privé et professionnel. Je n’ai jamais vu Philippe Garrel en dehors du travail, mais il appelle cela de l’amitié. Et puis, il ne m’appelait pas pour savoir ce qui motivait mon témoignage, juste pour me demander de l’enlever. Tout cela au moment où Polanski, Allen et Besson sont invités au festival de Venise…»

Selon Philippe Garrel, qui nous répond par la voix de son avocate, il s’agissait au contraire de discuter « des accusations qu’elle avait portées contre lui.» Son avocate Marie Dosé précise : « Il a fini par lui dire qu’elle devait faire ce que lui dictait sa conscience. Mon client me précise qu’il n’a exercé aucune pression sur cette actrice, et que sa démarche ne saurait être interprétée comme telle. »

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 Sujet du message: Re: Devin Faraci
MessagePosté: 31 Aoû 2023, 09:57 
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lol la défense en carton à chaque fois.
Mais bon comme on est en France je doute que ça ait un quelconque retentissement (pour sa carrière ou pour son film qui va sortir).

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