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MessagePosté: 30 Avr 2017, 09:48 
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aka 青梅竹馬, Qingmei Zhuma

Lung et Chin se connaissent depuis de nombreuses années. Lui est un ancien joueur de base-ball sans véritable ambition professionnelle ; elle a un poste de secrétaire au sein d’un grand cabinet d’architectes. Le sentiment qu’ils éprouvent l’un pour l’autre est un mélange d’amour et d’affection profonde, aux contours flous. Mais le licenciement brutal de Chin va bientôt fissurer leur couple et compromettre leur projet de vie commune…

Je ne sais pas s'il y a meilleur qu'Edward Yang pour cadrer villes, immeubles, intérieurs... Encore une fois c'est fou à regarder à ce niveau là. Comme "The Terrorizers" on est dans une veine antonionienne un peu appuyée, même si le tout est moins démonstratif et sophistiqué dans la narration. Ce couple atypique incarné par deux non professionnels (Hou Hsiao-hsien et la chanteuse Tsai Chin), dont la relation est très difficile à identifier (pendant la première partie du film, n'ayant rien lu dessus, j'ai même pensé à un frère et une sœur), donne avec la mise en scène de l'épaisseur et du coeur à un canevas assez revu, liant solitude et échec social, qui n'est pas dépourvu de quelques scories
(bagarres dans les bars, final tragique avec petite délinquance)
. Il y a quelques similitudes déjà avec YiYi dans les crises traversées par les personnages, mais il me semble que ce Edward Yang des années 80 (90?) est bien plus dur et cru, c'est dépourvu de la douceur et de la forme d’apaisement de son dernier film, il y a aussi une sorte d'esthétique à la limite du publicitaire magazine qui est retournée comme un gant.
En attendant que le reste nous parvienne, c'est assez chouette de découvrir ces films eighties ignorés en salle, espérons que cela puisse continuer.


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MessagePosté: 30 Avr 2017, 11:07 
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Vu et j'ai beaucoup aimé. Radiographie d'une espèce de dépression générationelle qui s'épanouit dans des décors urbains sans âme et qui cherche en vain un sens à sa vie. En effet on pense à Antonioni même si du coup je trouve que Yang pousse un peu trop loin l'ennui existentiel des personnages qui finit par traverser l'écran ça et la. L'actrice est superbe et la fin magnifique.

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MessagePosté: 09 Oct 2020, 07:00 
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Beaucoup aimé aussi même si je ne comprends pas du tout la comparaison avec Antonioni lue ici et là. Ce dernier a un cinéma tout de même beaucoup plus immersif et sensoriel.

Ici, la mise en scène est assez distanciée. Tout est impressionnant de maîtrise, le film sonne tellement vrai, le résultat d'un travail méticuleux sur le jeu d'acteurs, les cadres, la direction artistique.

Mais ce que j'ai le plus admiré c'est la cohérence entre l'histoire des protagonistes et la description de Taïwan. Je suis sûrement un peu biaisé par le fait que je ne connais quasi rien de l'île et que je m'en fichais un peu jusque-là, mais le film, sans rien surligner, nous livre une vision assez tranchante d'un pays livré à la double influence illusoire et mortifère des Etats-Unis et du Japon, dans son empressement à s'isoler de son monstre chinois, et dont la passion refuge pour le baseball ne produit même plus les bonheurs d'antan.

Quasiment tout du long, je me suis agacé de l'attitude du protagoniste masculin, je ne comprenais pas ses motivations, il a deux femmes très belles et courageuses qui l'aiment, et il choisit de les ignorer. Mais c'est l'impasse existentielle vécue plus largement par Taïwan comme pays qu'il incarne. Il y a quelques incursions stylistiques plus appuyées dans le film, lorsque par exemple Yang nous montre les bâtiments de l'histoire de Taïwan qui oscillent constamment entre ombre et lumière, ou lors du générique de fin avec ces voitures qui avancent en zig zag dans le reflet déformant d'un gratte-ciel.

Le film est au début assez difficile parce qu'il ne livre les informations qu'au compte-goutte, et parfois même à l'arrière-plan d'une scène. Quand on voit le surlignage de certains films de nos jours, on ne peut qu'apprécier la confiance du cinéaste dans les spectateurs.


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MessagePosté: 09 Oct 2020, 08:05 
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Antichrist
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toi tu as Mubi !


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MessagePosté: 09 Oct 2020, 08:58 
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Oui et même s'ils m'énervent parfois avec leur 15 films d'affilée ou presque sur "le nouveau cinéma brésilien" (qui se les enfile tous?), être abonné m'a beaucoup ouvert aux cinémas "du monde", comme on dit.


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MessagePosté: 09 Oct 2020, 09:01 
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Oui en ce moment c'est pas jojo leur programmation des 30 films (à part les Edward Yang justement que je veux rattraper). Mais il faut aller explorer leur médiathèque, c'est une mine d'or, il y a par exemple quasiment tout Herzog (sauf ceux des 10/15 dernières années).

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MessagePosté: 09 Oct 2020, 09:11 
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Oui. Je conseille aussi Zanussi, le cinéaste polonais. Les deux films que j'ai vus de lui sont très bons (surtout Illuminations).


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MessagePosté: 09 Oct 2020, 09:13 
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Ah oui je me l'étais noté, il rejoint les 500 films que j'ai en attente :|.

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MessagePosté: 09 Oct 2020, 09:14 
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Garçon-veau
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Mon fils adore Tai Story, il a même deux Woody et deux Buzz l'éclair.

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MessagePosté: 31 Déc 2023, 12:05 
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Confirmation qu'Edward Yang est devenu un de mes cinéastes favoris. Vous avez tout dit.
Je vais évidemment réagir au post de Baptiste

Baptiste a écrit:
et la description de Taïwan. Je suis sûrement un peu biaisé par le fait que je ne connais quasi rien de l'île et que je m'en fichais un peu jusque-là, mais le film, sans rien surligner, nous livre une vision assez tranchante d'un pays livré à la double influence illusoire et mortifère des Etats-Unis et du Japon, dans son empressement à s'isoler de son monstre chinois, et dont la passion refuge pour le baseball ne produit même plus les bonheurs d'antan.
C'est intéressant ce que tu écris mais un peu biaisé. Surtout quand je lis la "double influence illusoire et mortifère des US et du Japon." Je te concède que c'est une critique de l'urbanisation galopante du pays et de sa mutation. Donc c'est une critique sur le plan architectural mais pas forcément sur le plan culturel du Japon et US. Même si Yang arrive bien à montrer la culture taïwanaise qui est fortement influencée par ces deux pays. Ce qui m'a fait sourire c'est le moment où on parle des US où les taïwanais se paient cash des résidences. Le film se situe au moment où le pays récolte le fruit de ses décisions politiques et explose sur le plan économique.

Finalement, on est à un moment charnière où l'identité taïwanaise se construit. Il n'y a pas forcément un discours sur le voisin chinois, même si Yang arrive parfaitement à montrer à quel point les deux pays se sont construits de manière différente et n'ont finalement rien à voir. C'est finalement plus un film qui conte le Taïpei prise entre le côté traditionnel et l'occidentalisation galopante de son modèle.


Baptiste a écrit:
Mais c'est l'impasse existentielle vécue plus largement par Taïwan comme pays qu'il incarne.
Je trouve la phrase d'Art core très juste: "qui s'épanouit dans des décors urbains sans âme". Elle résume parfaitement le projet du film. Je ne le trouve pas critique sur l'incarnation du pays qu'est Taïwan. Là t'y vas un peu fort. :mrgreen:


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MessagePosté: 31 Déc 2023, 15:50 
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Décrire l'impasse existentielle n'est pas forcément une critique du pays dans sa nature même. C'est davantage un instantané du pays pris à un moment charnière, et c'est pas jojo.


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MessagePosté: 01 Jan 2024, 09:57 
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Je n'aime pas trop ton mot "impasse" qui a quand-même une forte connotation négative.

D'accord avec ton "instantané du pays pris à un moment charnière" et pour moi le film se focalise surtout sur l'urbanisation de Taïwan qui a explosé et est une des plus fortes du monde (en dehors des petits états-cités comme Monaco, Vatican). On a quand-même 80% de la population qui vit en zone urbaine avec la seconde densité au monde dans les pays de + de 10 millions d'habitants. Ce qui est vraiment énorme et ça c'est une conséquence directe de l'occidentalisation galopante du pays que décrit bien le film.


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