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MessagePosté: 28 Déc 2011, 13:31 
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Il me semble quand même que depuis quelques décennies, le cinéma hollywoodien est de moins en moins un art ou même un divertissement, et de plus en plus un produit à formule vendu par les actionnaires d'une boite de production. Après, comme tu le dis, il y a des moyens de combattre ça, tout comme on peut combattre McDo. Mais j'ai effectivement l'impression que pour contrer ce cinéma-là, la tendance est au fast-food national. C'est une impression générale, celle que tout s'uniformise, mais je n'ai pas de chiffre précis. Quant à savoir si la faute en incombe réellement à Hollywood, je n'en sais rien et à la rigueur, je m'en fous un peu.

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Je ne crois pas que le texte jette la faute sur Hollywood et son cinéma. Il blâme surtout ceux qui en profite, se laissant corrompre par les lois du marché. Il semble en appeler aux spectateurs aussi.

Tom a écrit:
Transformers 3 est un fait. On ne peut pas artificiellement chercher à ce que Transformers 3 n'existe pas (et je trouve au passage, personnellement, que c'est un film qui a toute légitimité à exister) ; dès qu'un pays arrive à une force de production approchante, quel qu'il soit, il essaie de faire Transformers 3... Donc la question


Pour moi, la seule légitimité de Transformers 3 est de rapporter beaucoup de fric à Amblin. Pour ma part, ça n'a absolument rien de valable. Surtout qu'à côté, des petits bijoux de films d'auteurs comme Inception arrivent à être rentable tout en proposant quelque chose d'unique. Les merdes vont toujours exister, mais on peut se faire un devoir de ne pas aller les voir. Tel est notre pouvoir.

Tom a écrit:
C'est à chaque pays d'engager les politiques nécessaires pour faire de la place à un cinéma national qui lui soit propre.


Justement, ce pouvoir n'est pas entre les mains des créateurs. Il faut être conscient de ça. Le seul pouvoir qu'ils ont (quand ils réussissent à trouver budget) est le choix de créer quelque chose de singulier.

Tom a écrit:
La France l'a fait, avec un succès certain dans les chiffres, plus discutable dans la qualité des films produits. D'autres pays ont mis en place des quotas. La Corée ou le Japon, ou dans une autre mesure l'Inde, savent produire un cinéma populaire fort qui maintient certains de leurs films au box-office... A chacun de trouver ses armes, que ce soit par la production, l'exploitation, ou la pédagogie (des quotas dans la diffusion, etc.) : c'est un peu violent de le dire comme ça, mais le Québec ne peut s'en prendre qu'à lui-même.


Ce n'est pas violent, ça manque surtout de justesse de dire ça. Il ne faut pas oublier les créateurs dans tout ça, qui subissent bien souvent. Mais de toute façon, ton commentaire n'est pas juste. Le cinéma québécois ne peut pas s'en prendre à lui-même, car il n'a jamais été aussi vivant et n'a jamais aussi bien résisté à l'envahisseur. (c'est une chose que le texte, vieux de 10 ans, ne pouvait pas aborder). Maintenant, certains blockbusters américains se plantent devant le cinéma québécois. Et là-dedans, 50 pourcent de ce cinéma made in Québec se révèle être des films d'auteurs (l'autre 50 pourcent sont des produits québécois créés selon le modèle hollywoodien). Le 50% au moulage corrompue pourrait aisément se transformer en une chose qui a une identité propre, sans pour autant perdre la masse (car l'autre 50% nous prouve que ça peut marcher).

Notre système fonctionne par subvention de l'état. À la fin de l'année, une enveloppe à la performance est donné aux producteurs qui ont livré les films les plus rentable. De l'argent qu'ils peuvent réinvestir des des petits films d'auteurs, ou bien dans des films plus formaté. Le choix est à eux en effet. Mais l'un des grands problèmes, c'est l'exportation. Et ça, on ne peut pas s'en prendre à nous. Le seul cinéma québécois qui arrive à s'exporter dans le monde avec succès, c'est celui qui a l'apparat universel du cinéma américain... par exemple Incendies, ou même les films de Arcand (qui sont des films d'auteurs visuellement très proche d'un cinéma universel américain). Et je ne blâme pas des films comme Incendies d'exister (personnellement, j'ai adoré). Le problème c'est qu'on se ferme les yeux devant tout le reste. Et notre cinématographie renferme des joyaux non exporté. Nuit #1 de Anne Émond sera probablement projeté dans 1 ou 2 salles parisiennes, that's it that's all.

Le texte de Georges Privet est un peu inutile, car il s'adresse a des cinéphiles qui achètent la revue 24 images, et qui peuvent déjà s'ouvrir aux produits non formatés. Mais si son texte peut tomber entre les mains de jeunes écoliers, ou étudiants en cinéma, il trouverait pertinence. Son texte encourage une certaine ouverture, et il est vrai que c'est le seul moyen de combattre le mauvais cinéma de producteurs américains.

Personnellement, je ne paye plus pour aller voir Transformers. Pour moi c'est fini. De toute façon, il s'agit d'une perte de temps monumental... alors que le petit bijou d'à côté peut inspirer pour la vie.

Tom a écrit:
Quant à la forme hollywoodienne qui devient un maître étalon pour le cinéma du monde, encore une fois ça me semble un peu limité à une vision étriquée. De 1915 à 1950, l'esthétique hollywoodienne a servi de maître étalon quasi-absolu à la quasi-totalité des cinémas mondiaux, il ne me semble pas pour autant qu'on considère la production classique hors-USA comme "diminuée".


Oui, comme la Nouvelle Vague a inspiré des réalisateurs comme Scorsese, comme Hitchcock a influencé Truffaut. Tu parles là d'inspiration véritable! Le problème se situe dans cette propension a surfer sur les vagues américaines essentiellement monnayables. Je parle là des productions Besson qui ne veulent plus rien dire en s'accumulant. Aussi, il y a l'exemple Babylon A.D. ou Kassovitz s'est littéralement fait bouffer après avoir fait un pacte avec la machine (machine qu'il croyait pouvoir contrôler).

Tom a écrit:
Les bons cinéastes continueront eux à faire des bons films, influencés ou pas.


Oui voilà. Mais encore faut-il qu'on s'ouvre a eux. C'est là le problème, et c'est pourquoi il rester informé... au delà de ce que les médias veulent nous vendre.

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MessagePosté: 28 Déc 2011, 19:15 
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David Swinton a écrit:
Le problème se situe dans cette propension a surfer sur les vagues américaines essentiellement monnayables. Je parle là des productions Besson qui ne veulent plus rien dire en s'accumulant.

Pour moi, tout le problème du point de vue défendu par l'article est là : Besson est un problème français. C'est à dire quelqu'un qui arrive à imposer de la merde, en surfant pour cela sur une forme dominante mal assimilée* - que cette forme soit d'inspiration hollywoodienne depuis plusieurs années (quoiqu'il faudrait voir aussi ce qui vient de Hong-Kong), c'est un autre sujet.

Si les produits à la chaîne de Besson s'imposent dans le box-office français, quelque soit la cinématographie qu'il prend pour modèle, il faut avant tout se poser la question des raisons locales : un cinéma populaire français qu'on a abandonné aux télévisions, un public qu'on n'a pas su garder immergé dans un bain culturel cinématographique qui puisse le rendre exigeant, et des créateurs (pour reprendre ton terme) que le système de production via CNC a involontairement cantonné à une niche de films sortant dans trois salles parisiennes.

Tout cela n'a pas grand chose à voir avec Transformers 3, qui reste une donnée fixe au problème (quelque chose qui existe, et qui devait exister dans la logique d'excroissance du blockbuster).

* (car, contrairement à ce que le pense Europacorp, la puissance du cinéma américain vient pas d'une équation bêtasse style "cascades + images contrastées")

David Swinton a écrit:
Pour moi, la seule légitimité de Transformers 3 est de rapporter beaucoup de fric à Amblin. Pour ma part, ça n'a absolument rien de valable. Surtout qu'à côté, des petits bijoux de films d'auteurs comme Inception arrivent à être rentable tout en proposant quelque chose d'unique. Les merdes vont toujours exister, mais on peut se faire un devoir de ne pas aller les voir. Tel est notre pouvoir.

Mais là on en arrive à quelque chose de boiteux, car d'immanquablement subjectif. Je reverrai plus volontiers Transformers 3 qu'Inception, et je ne dis pas ça par provocation. Et je trouve Bay plus "auteur" que Nolan.

David Swinton a écrit:
Mais l'un des grands problèmes, c'est l'exportation. Et ça, on ne peut pas s'en prendre à nous. Le seul cinéma québécois qui arrive à s'exporter dans le monde avec succès, c'est celui qui a l'apparat universel du cinéma américain... par exemple Incendies, ou même les films de Arcand (qui sont des films d'auteurs visuellement très proche d'un cinéma universel américain). Et je ne blâme pas des films comme Incendies d'exister (personnellement, j'ai adoré). Le problème c'est qu'on se ferme les yeux devant tout le reste. Et notre cinématographie renferme des joyaux non exporté. Nuit #1 de Anne Émond sera probablement projeté dans 1 ou 2 salles parisiennes, that's it that's all.

Je caricature un peu, mais tu es simplement entrain de me dire que le public va voir des gros films et pas des petits films... Le fait que ce soit importé ou local ne change rien à l'affaire. Le public français ne va pas voir le film dont tu parles en masse, mais il va pas non plus voir Desplechin en masse. Là on dévie vers une question d'exigence du public, qui n'a pas grand chose à voir avec ce qui nous occupe (puisqu'on parle d'une potentielle uniformisation formelle du cinéma à cause du cinéma hollywoodien). Pour le reste, les problèmes nationaux et internes, tu dis toi-même que le Québec a réussi à trouver une parade pour faire exister ses propres films.

Qu'on s'entende bien : je dis pas que ce dont tu parles est faux. J'essaie juste de pointer que ces problèmes d'exploitation/diffusion ne décident pas du nombre de bons films, ni du nombre de bons réalisateurs. J'entends bien qu'il y a eu autour des années 60-80 une période où l'exploitation était moins contrastée et plus mesurée, mais on parfois l'impression à lire l'article qu'il y a eu un âge d'or où le bon peuple allait voir du Bergman en masse dans la joie et la bonne humeur...

Citation:
Oui, comme la Nouvelle Vague a inspiré des réalisateurs comme Scorsese, comme Hitchcock a influencé Truffaut. Tu parles là d'inspiration véritable!

Ah non, je parles de l'esthétique de cinématographies entières (et pourtant valables) fondées sur le modèle hollywoodien d'alors. De ce que j'en ai vu, les cinéma classiques mexicains ou chinois sont clairement fondés sur le modèle hollywoodien de l'époque, par exemple. Et très franchement, je trouve pas le cinéma classique français très éloigné de ce qu'a posé Hollywood dans les années 30 (prend du réalisme poétique de Carné et du mélodrame US, question style tu vas te retrouver à chercher le 7 différences ; le français est moins glamour - plus social, plus prolo, plus naturaliste - mais au-delà c'est exactement le même socle...)

Cosmo a écrit:
Il me semble quand même que depuis quelques décennies, le cinéma hollywoodien est de moins en moins un art ou même un divertissement, et de plus en plus un produit à formule vendu par les actionnaires d'une boite de production. Après, comme tu le dis, il y a des moyens de combattre ça, tout comme on peut combattre McDo. Mais j'ai effectivement l'impression que pour contrer ce cinéma-là, la tendance est au fast-food national.

C'est ce que j'essaie d'appuyer : s'il n'y a pas de cinéma populaire national de qualité (comme c'est le cas en Russie, en France...), c'est évident qu'on va aboutir à des photocopies fadasses qui viendront remplir un vide. C'est un problème local. Si demain, la mode est au film coréen, tous les pays dénués d'un cinéma populaire solide se mettront à faire du pseudo-coréen. A mon sens, ce n'est pas plus compliqué que ça. Au Japon, Ghibli (qui n'est pas uniformisé par la forme du blockbuster hollywoodien, je crois qu'on s'entendra là-dessus) n'a aucun mal à être dans le top 10 du box-office, simplement parce qu'il y a mieux à prendre pour le public populaire dans ces films-là...


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MessagePosté: 28 Déc 2011, 20:28 
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Tom a écrit:
Je caricature un peu, mais tu es simplement entrain de me dire que le public va voir des gros films et pas des petits films... Le fait que ce soit importé ou local ne change rien à l'affaire. Le public français ne va pas voir le film dont tu parles en masse, mais il va pas non plus voir Desplechin en masse.


Le public va voir ce qu'il y a de disponible au cinéma du coin. Il va aussi voir ce qu'on les médias leur propose d'aller voir.

Nos journaux culturels québécois donnent une grande place aux petits films sous-distribués. Ce faisant (et c'est arrivé plusieurs fois), il arrive qu'un petit film gagne plusieurs salles en raisons d'une demande du public. Donc, la visibilité dans les médias est un facteur assez important. Et c'est une chose que nous avons compris.

Un Conte de Noel de Desplechin a énormément fonctionné à Montréal. Car les médias lui ont accordé une certaine importance. Et les diffusions se sont multipliés. Le film a voyagé d'un cinéma de répertoire a un autre. La raison est qu'on en a parlé encore une fois.

Transformers 3 a occupé de 4 a 5 salles de cinéma par multiplexe. Ces salles ont été a moitié pleine pendant près d'une semaine, et les propriétaires ne pouvait diminuer le nombre de salle alloué au film, car liés par une entente avec les distributeurs. C'est ça qui est grave. L'excès de confiance qu'on porte à de tels daubes qui n'intéressent pas tant de monde j'ai l'impression. Et ce manque de confiance envers de petits films qui peuvent en intéresser plus d'un.

Les multiplexes ont causés la disparition de plusieurs cinéma de répertoire, mais tôt ou tard, ils n'auront pas le choix de rééquilibrer. D'ailleurs, le cinéma AMC installé a Montréal n'a pas le choix de présenter des films Bollywood pour survivre, car la concurrence des multiplexes est trop forte. Ils doivent miser sur le cinéma indépendant pour rallier un public différent, entre autre la communauté indienne. C'est là notre salut.

Mais le plus important, c'est qu'il faut parler du petit film qui mérite d'être vu. Car je ne crois pas que le public ne va voir que des gros films. Il va voir ce dont tout le monde parle en bien.

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MessagePosté: 28 Déc 2011, 20:47 
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Heureusement, les films dits petits ont encore un public, créant quelquefois une sacrée surprise face aux blockbusters.

A partir du moment où Hollywwod est LA référence, le maître étalon, de par les faits historiques ( invention française dont les américains ont fait une industrie artistique ), les autres cinémas, dans la grande majorité des films, fonctionnent avec les mêmes critères.
De ce point de vue, on peut considérer qu'il y a appauvrissement.
Sauf que ce n'est pas un mouvement à sens unique et fermé. Si Hollywood inspire les autres cinémas, ces derniers ont depuis longtemps dégagé une indépendance et une caractéristique qui leur est propre et, à son tour, Hollywood vient y puiser une autre inspiration.
Du quasi monopole du cinéma américain des années 30-40-50 aux invasions fracassantes et dynamisantes du cinéma européen à partir des années 60-70 (le western spaghetti, la Nouvelle Vague ...), le phénomène fait partie intégrante du processus de création.
Il y a un fait pourtant qui me semble bien un réel facteur d'appauvrissement causé directement par Hollywood : toutes les fois qu'un film non-américain connaît un succès du feu de dieu, Hollywood se précipite pour en acheter les droits et faire sa propre version qu'il redistribuera généreusement ensuite de par le monde, supplantant souvent le film original.
Dernier en date, si je ne me trompe pas Intouchables ... et la liste est longue !

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"Le cinéma, c'est le sang, les larmes, la violence, la haine, la mort et l'amour"
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MessagePosté: 28 Déc 2011, 22:47 
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Tom a écrit:
De 1915 à 1950, l'esthétique hollywoodienne a servi de maître étalon quasi-absolu à la quasi-totalité des cinémas mondiaux,


Non, ça c'est faux. Le modèle de production hollywoodien a inspiré tous les systèmes de studios dans le monde (sauf en France), mais l'esthétique des films était propre aux pays. Esthétique qu'Hollywood a d'ailleurs récupéré et recyclé en rapatriant bon nombre des grands cinéastes européens.

Sinon, cet article fait des raccourcis idiots et me semble totalement dépassé dans son propos.

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MessagePosté: 28 Déc 2011, 22:50 
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noisette 7 a écrit:
Il y a un fait pourtant qui me semble bien un réel facteur d'appauvrissement causé directement par Hollywood : toutes les fois qu'un film non-américain connaît un succès du feu de dieu, Hollywood se précipite pour en acheter les droits et faire sa propre version qu'il redistribuera généreusement ensuite de par le monde, supplantant souvent le film original.
Dernier en date, si je ne me trompe pas Intouchables ... et la liste est longue !


Vu que les films remakés n'ont généralement pas une grande valeur artistique, c'est pas bien dommageable...

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MessagePosté: 28 Déc 2011, 22:52 
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David Swinton a écrit:
Tom a écrit:
Je caricature un peu, mais tu es simplement entrain de me dire que le public va voir des gros films et pas des petits films... Le fait que ce soit importé ou local ne change rien à l'affaire. Le public français ne va pas voir le film dont tu parles en masse, mais il va pas non plus voir Desplechin en masse.


Le public va voir ce qu'il y a de disponible au cinéma du coin. Il va aussi voir ce qu'on les médias leur propose d'aller voir.

Nos journaux culturels québécois donnent une grande place aux petits films sous-distribués. Ce faisant (et c'est arrivé plusieurs fois), il arrive qu'un petit film gagne plusieurs salles en raisons d'une demande du public. Donc, la visibilité dans les médias est un facteur assez important. Et c'est une chose que nous avons compris.

Un Conte de Noel de Desplechin a énormément fonctionné à Montréal. Car les médias lui ont accordé une certaine importance. Et les diffusions se sont multipliés. Le film a voyagé d'un cinéma de répertoire a un autre. La raison est qu'on en a parlé encore une fois.

Transformers 3 a occupé de 4 a 5 salles de cinéma par multiplexe. Ces salles ont été a moitié pleine pendant près d'une semaine, et les propriétaires ne pouvait diminuer le nombre de salle alloué au film, car liés par une entente avec les distributeurs. C'est ça qui est grave. L'excès de confiance qu'on porte à de tels daubes qui n'intéressent pas tant de monde j'ai l'impression. Et ce manque de confiance envers de petits films qui peuvent en intéresser plus d'un.

Les multiplexes ont causés la disparition de plusieurs cinéma de répertoire, mais tôt ou tard, ils n'auront pas le choix de rééquilibrer. D'ailleurs, le cinéma AMC installé a Montréal n'a pas le choix de présenter des films Bollywood pour survivre, car la concurrence des multiplexes est trop forte. Ils doivent miser sur le cinéma indépendant pour rallier un public différent, entre autre la communauté indienne. C'est là notre salut.

Mais le plus important, c'est qu'il faut parler du petit film qui mérite d'être vu. Car je ne crois pas que le public ne va voir que des gros films. Il va voir ce dont tout le monde parle en bien.


Fallait voter pour un gouvernement qui protège la diversité artistique.

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MessagePosté: 28 Déc 2011, 23:10 
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Tetsuo a écrit:
Non, ça c'est faux. Le modèle de production hollywoodien a inspiré tous les systèmes de studios dans le monde (sauf en France), mais l'esthétique des films était propre aux pays. Esthétique qu'Hollywood a d'ailleurs récupéré et recyclé en rapatriant bon nombre des grands cinéastes européens.

Tu trouves ? Tout dépend où on pose les critères j'imagine - si on considère à la base, comme c'est mon cas, que le classicisme (en opposition au cinéma en tableaux, ou aux avant-gardes des années 20) est avant tout une invention américaine, après l'influence se dessine vite. J'ai quand même l'impression qu'à la fin des années 20, avec l'arrivée du parlant et la manière dont l'esthétique hollywoodienne l'ingère, expressionnisme et école russes capitulent, et que l'esthétique US gagne. Même le cinéma réaliste russe des années 30, je trouve ça pas extraordinairement éloigné de ce qu'on peut faire en Amérique au début des années 30... Je sais bien qu'historiquement, ça s'est pas joué aussi bêtement que ça, mais sur le tableau d'ensemble j'ai du mal à pas comprendre tous les cinémas classiques à travers le monde comme des déclinaisons de la forme américaine (des réinterprétations), à part peut-être pour les genres, qui ne voyagent pas (ou moins).

Peut-être, si on veut éviter de se prendre la tête sur des questions historiques/esthétiques sur lesquelles on sera en désaccord, peut-on se rejoindre sur un point (je crois) : la différence, aujourd'hui, entre un film indien, japonais, français ou américaine est frappante : on pourrait sans mal décliner les caractéristiques générales de chaque cinématographie, au-delà des réalisateurs. Je ne trouve pas que ce soit aussi évident pour les films des années 30/40 : j'aurais du mal à définir, esthétiquement, ce qui fait la particularité des différentes cinématographies de cette époque (entre les films classiques US, français, russes, chinois...).


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MessagePosté: 28 Déc 2011, 23:34 
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Tetsuo a écrit:
Fallait voter pour un gouvernement qui protège la diversité artistique.


Le problème est que le Canada anglais est en supériorité numérique et qu'il se fout carrément de la culture en général (aussi bien québécoise que canadienne). Alors des gens de droite sont élus, comme Stephen Harper.

C'est pour cette raison que l'on veut un pays, pour protéger la culture que le gouvernement ne veut pas reconnaître et qu''il juge comme pas très utile.

Avec l'arrivé des immigrants en masse au Québec, on est dans la merde. Car le côté impersonnel du Canada les rassure plus que cette culture spécifique et typique du Québec. La plupart préfère apprendre l'anglais que le français. Et au final, ils votent habituellement pour la droite canadienne.

Mais ça c'est une autre histoire.

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MessagePosté: 28 Déc 2011, 23:41 
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Tetsuo a écrit:

Vu que les films remakés n'ont généralement pas une grande valeur artistique, c'est pas bien dommageable...


Ce qu'il l'est, c'est que les décideurs choisissent de remaker alors qu'ils pourraient distribuer mondialement le film original comme il se doit, avec des sous-titres et tout et tout. Ça fonctionne avec les dessins-animés, pourquoi pas avec les films. D'ailleurs Amélie Poulain et La Vie est Belle avaient plutôt bien marché en territoire américain.

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MessagePosté: 29 Déc 2011, 01:19 
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Citation:
Ah non, je parles de l'esthétique de cinématographies entières (et pourtant valables) fondées sur le modèle hollywoodien d'alors. De ce que j'en ai vu, les cinéma classiques mexicains ou chinois sont clairement fondés sur le modèle hollywoodien de l'époque, par exemple. Et très franchement, je trouve pas le cinéma classique français très éloigné de ce qu'a posé Hollywood dans les années 30 (prend du réalisme poétique de Carné et du mélodrame US, question style tu vas te retrouver à chercher le 7 différences ; le français est moins glamour - plus social, plus prolo, plus naturaliste - mais au-delà c'est exactement le même socle...)


Je te l'accorde Tom. Il est vrai que dans les années 30, même 40, le cinéma US et européen est esthétiquement très similaire. Je ne saurais en trouver des différences suffisamment fortes pour les dégager.

C'est pour ça que le texte parle d'un problème dès 1975 (l'arrivé de Jaws et des Blockbusters). Toutefois, son erreur est de parler d'esthétique en donnant Cours Lola Cours comme exemple de cinéma mondial corrompue a l'esthétisme US. Il n'est pas là le problème. Un grand auteur peut réinventer l'esthétisme qu'il veut, au final ça donnera une merveille. Le problème, c'est quand le cinéma mondial essaie de surfer sur une vague essentiellement monnayable. Par exemple, celle des dessins-animés façon Pixar que le Monstre de Paris essaie de mimer sans la moindre personnalité.

Pour ma part, j'ai l'impression que c'est le modèle marketing proposé par Jaws et Star Wars qui est dangeureux, pas nécessairement son esthétisme.

Car aucun succès n'est explicable, les tentatives de succès monétaires sont donc de belles entreprises inutiles ou l'on gaspille beaucoup d'énergie (celui des créateurs et des spectateurs).

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MessagePosté: 29 Déc 2011, 06:12 
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Tom a écrit:
Tetsuo a écrit:
Non, ça c'est faux. Le modèle de production hollywoodien a inspiré tous les systèmes de studios dans le monde (sauf en France), mais l'esthétique des films était propre aux pays. Esthétique qu'Hollywood a d'ailleurs récupéré et recyclé en rapatriant bon nombre des grands cinéastes européens.

Tu trouves ? Tout dépend où on pose les critères j'imagine - si on considère à la base, comme c'est mon cas, que le classicisme (en opposition au cinéma en tableaux, ou aux avant-gardes des années 20) est avant tout une invention américaine, après l'influence se dessine vite. J'ai quand même l'impression qu'à la fin des années 20, avec l'arrivée du parlant et la manière dont l'esthétique hollywoodienne l'ingère, expressionnisme et école russes capitulent, et que l'esthétique US gagne. Même le cinéma réaliste russe des années 30, je trouve ça pas extraordinairement éloigné de ce qu'on peut faire en Amérique au début des années 30... Je sais bien qu'historiquement, ça s'est pas joué aussi bêtement que ça, mais sur le tableau d'ensemble j'ai du mal à pas comprendre tous les cinémas classiques à travers le monde comme des déclinaisons de la forme américaine (des réinterprétations), à part peut-être pour les genres, qui ne voyagent pas (ou moins).

Peut-être, si on veut éviter de se prendre la tête sur des questions historiques/esthétiques sur lesquelles on sera en désaccord, peut-on se rejoindre sur un point (je crois) : la différence, aujourd'hui, entre un film indien, japonais, français ou américaine est frappante : on pourrait sans mal décliner les caractéristiques générales de chaque cinématographie, au-delà des réalisateurs. Je ne trouve pas que ce soit aussi évident pour les films des années 30/40 : j'aurais du mal à définir, esthétiquement, ce qui fait la particularité des différentes cinématographies de cette époque (entre les films classiques US, français, russes, chinois...).


Je pense exactement le contraire. Les films actuels sont tous plus ou moins façonnés sur le même tonneau de codes narratif là où chaque grand cinéma national avait une vraie identité dans les années 30/40. D'ailleurs, pour moi, le "cinéma national" ça n'existe plus tellement aujourd'hui (à part peut-être Bollywood, et encore, ça se vulgarise de plus en plus...).
En outre, le classicisme hollywoodien tel qu'il a été défini par Griffith, n'est peut-être pas aussi prégnant qu'on veut bien le croire. L'influence de l'Europe (et surtout de l'Allemagne) me semble beaucoup plus déterminante dans le modèle hollywoodien, qui tient plutôt de l'expressionnisme allemand et de Lubitsch. Et du Lubitsch, en France, en Italie ou ailleurs, j'en ai pas vu beaucoup (sauf au Japon, mais eux ils ont directement copié le cinéma hollywoodien avant dans faire leur chose).

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David Swinton a écrit:
Tetsuo a écrit:

Vu que les films remakés n'ont généralement pas une grande valeur artistique, c'est pas bien dommageable...


Ce qu'il l'est, c'est que les décideurs choisissent de remaker alors qu'ils pourraient distribuer mondialement le film original comme il se doit, avec des sous-titres et tout et tout. Ça fonctionne avec les dessins-animés, pourquoi pas avec les films. D'ailleurs Amélie Poulain et La Vie est Belle avaient plutôt bien marché en territoire américain.


Oui mais ce sont des films atypiques, difficilement remakables (style visuel pour l'un, performance d'acteur et sujet pour l'autre). Les films remakés sont généralement des trucs à pitch, qui ne tiennent que sur leur scenario (et qui n'ont donc pas beaucoup d'intérêt).

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MessagePosté: 29 Déc 2011, 06:53 
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David Swinton a écrit:
Citation:
Ah non, je parles de l'esthétique de cinématographies entières (et pourtant valables) fondées sur le modèle hollywoodien d'alors. De ce que j'en ai vu, les cinéma classiques mexicains ou chinois sont clairement fondés sur le modèle hollywoodien de l'époque, par exemple. Et très franchement, je trouve pas le cinéma classique français très éloigné de ce qu'a posé Hollywood dans les années 30 (prend du réalisme poétique de Carné et du mélodrame US, question style tu vas te retrouver à chercher le 7 différences ; le français est moins glamour - plus social, plus prolo, plus naturaliste - mais au-delà c'est exactement le même socle...)


Je te l'accorde Tom. Il est vrai que dans les années 30, même 40, le cinéma US et européen est esthétiquement très similaire. Je ne saurais en trouver des différences suffisamment fortes pour les dégager.

C'est pour ça que le texte parle d'un problème dès 1975 (l'arrivé de Jaws et des Blockbusters). Toutefois, son erreur est de parler d'esthétique en donnant Cours Lola Cours comme exemple de cinéma mondial corrompue a l'esthétisme US. Il n'est pas là le problème. Un grand auteur peut réinventer l'esthétisme qu'il veut, au final ça donnera une merveille. Le problème, c'est quand le cinéma mondial essaie de surfer sur une vague essentiellement monnayable. Par exemple, celle des dessins-animés façon Pixar que le Monstre de Paris essaie de mimer sans la moindre personnalité.

Pour ma part, j'ai l'impression que c'est le modèle marketing proposé par Jaws et Star Wars qui est dangeureux, pas nécessairement son esthétisme.

Car aucun succès n'est explicable, les tentatives de succès monétaires sont donc de belles entreprises inutiles ou l'on gaspille beaucoup d'énergie (celui des créateurs et des spectateurs).


Mais je trouve ça plutôt marginal moi, les films qui essaient de singer les blockbusters Hollywoodiens, il y en a pas tant que ca. Que je sache, on a pas tous essayé de refaire Star wars et Jaws à partir des années 70. Et il ne faut pas croire qu'hollywood a attendu cette époque pour envahir les salles de ciné du monde entier. Ce qui a tué la plupart des cinémas nationaux ce sont les régimes totalitaires et la télé, pas Hollywood qui n'a fait que profiter de la place laissée vacante et qui sans les blocbusters et le marchandising serait morte aujourd'hui. Bref, laisse tomber, il est bidon ce texte...

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