Forum de FilmDeCulte

La relation occasionnelle, mais de plus en plus déconcertante, entre Margot, une étudiante de 20 ans, et Robert, un homme de 34 ans qui fréquente le cinéma où travaille Margot.

A l'origine de Cat Person, il y a une nouvelle de Kristen Roupenian (qui écrira plus tard le scénario original de Bodies Bodies Bodies) ici adaptée par Michelle Ashford (créatrice de Masters of Sex) et réalisé par Susanna Fogel (L'Espion qui m'a larguée) et si je cite ces pedigree, c'est pour donner une idée de la façon dont un texte qui était devenu viral pour son observation juste peut se retrouver banalisé par le traitement apporté par ce confluent d'expériences, du drame à la comédie. Et j'aurais peut-être également dû citer l'âge de chacune.

En effet, Roupenian est née en 1982 tandis qu'Ashford est née en 1960 et il me paraît évidemment que tout ce qui faisait la justesse du vécu du matériau se transforme parfois en illustration vaguement ringarde dans le film fini. J'apprécie les efforts pour ne pas s'appuyer sur une voix off afin de représenter les interrogations du protagoniste mais les différentes vues de l'esprit, où l'héroïne s'imagine ce qui pourrait advenir, font un peu vieillottes.

On ne saurait leur retirer la véracité du ressenti d'une jeune femme en compagnie d'un inconnu donc potentiellement dangereux mais il aurait sans doute fallu avoir le même genre d'insight dans son raisonnement pour expliquer pourquoi elle se met à fantasmer sur un mec qui lui a d'abord mis un vent assez froid puis qui lui a parlé de façon condescendante. Il est évident qu'il y a une part tacite de manque d'amour-propre dans toutes les décisions qu'elle prend, et les red flags qu'elle choisira d'ignorer sont nombreux, le récit étudiant précisément comme ce genre d'attitude est conditionné parfois la volonté d'éviter un moment plus gênant, mais quand même...

Sans faire du victim blaming, il est un peu difficile de s'identifier. L'écriture et la mise en scène parviennent bien à cultiver le malaise des situations et j'étais en full empathie, cringeant devant nombre d'interactions (la scène de sexe est éloquente, même si je ne suis pas sûr du ton), mais je ne pouvais m'empêcher de valider tout ce que disait sa meilleure amie féministe (qui souffre toutefois d'une sous-intrigue "not all men" la faisant passer pour une feminazi).

Et le virage au thriller dans le troisième acte annihile le réalisme que le film avait toutefois su capturer jusque là.

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