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MessagePosté: 24 Sep 2013, 00:12 
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Disons-le tout de suite, Blue Jasmine est peut-être le meilleur Woody Allen depuis Match Point. Peut-être l'un de ses meilleurs tout court.

Le film est drôle, comme on peut s'y attendre de Woody Allen, mais il fait aussi rire jaune et provoque de sacrés malaises. On se rend finalement compte pendant le déroulement du film qu'il est d'une noirceur rarement vu chez Allen. À tel point qu'on en sort carrément bouleversé. En tout cas, rien à voir avec la sensation de légèreté éprouvé à la sortie de Midnight in Paris.

Je ne raconterai rien du film. Mais pour situer, Blue Jasmine est un peu la version hyper aboutie de la section "drama" de Melinda et Melinda (avec cette fille paumée qui s'amène à l'improviste chez des potes). Mais alors là, c'est vraiment, mais vraiment plus abouti. Mieux écrit, avec des meilleurs personnages, et une interprétation magistrale de Cate Blanchett (qui aura l'oscar cette année, sinon qui d'autre?). En plus, le côté dramatique du film n'est pas aussi mécanique et démonstratif que pour Melinda et Melinda. Tout est fait en subtilité, si bien qu'on ne sent pas vraiment à quel moment du film la noirceur fait son apparition. En fait, tout est là depuis le début. Drama et comédie cohabitent tout du long. Mais à un certain moment, on oublie qu'on ne rit plus, et on est littéralement scotché par cette tragédie. Il faut dire qu'on sent Allen hyper investi par cette histoire de deuil. On sent bien qu'à travers le film, Allen exprime la douleur de laisser le côté éphémère de la vie faire son travail. Une tristesse parcourt le film, mais ce n'est jamais amer, ni narcissique.

Il y en aura pour dire une fois de plus que Woody Allen ne réinvente rien formellement (avec son générique blanc sur noir, sa photographie chaude, sa musique jazz). Mais est-ce bien important? C'est oublié ces auteurs qui choisissent la forme éprouvé du manga pour raconter quelque chose de personnel. La forme peut être accessoire quand on a la capacité d'émouvoir et de bien raconter. De toute façon, c'est dans l'écriture et le dosage des tons que Woody Allen excelle, pas dans la forme. Et ce sera toujours ainsi. Blue Jasmine est une suite de situations maintes fois vus au cinéma. Pourtant, par la plume de Woody, par sa façon d'agencer les scènes, sa façon de diriger les acteurs, par son talent dans le dosage des tons, Blue Jasmine est d'une créativité éblouissante. Allen a plus que jamais visé dans le mille, et il nous prouve qu'il est encore vivant après une quarantaine de films. C'est quand même fou.

4.5/6

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MessagePosté: 25 Sep 2013, 22:15 
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Je traîne toujours un peu des pieds avant d'aller voir un Woody Allen tant You Will Meet a Tall Dark Stranger m'a traumatisé par son inconséquence sénile. Le soubresaut Minuit à Paris m'a redonné espoir mais To Rome With Love m'a vite ramené à la réalité.
N'étant pas vraiment friand de ses drames, pas même le tant estimé Match Point, je me méfiais des échos sur celui-ci...et bien j'ai été agréablement surpris.

Surpris par cette écriture qui témoigne d'une vraie liberté avec ces allers-retours temporels sans la moindre aide superflue au spectateur et superbement géré structurellement, au même titre que les variations de ton, des passages les plus dramatiques aux pointes d'humour typiquement alleniennes qui ne désamorcent en rien la grande tristesse du film et du personnage campé par une Cate Blanchett extraordinaire.

4/6

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MessagePosté: 26 Sep 2013, 08:58 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Bon faudrait que je me le fasse là... (mais j'étais tellement en mode "j'arrête les frais"..)

Film qui cartonne solide ici, et qui fera de même en France..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 26 Sep 2013, 22:39 
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Quelle claque! Je m'attendais à tout sauf ça.

C'est comme si Woody avait réalisé Une femme sous influence à la place de Cassavettes. La drôlerie au début laisse vite place à une noirceur des plus cruels sans que ça vire au glauque. Aucun espoir dans cette chute à la fois risible mais bouleversante d'une friquée. C'est son film le plus dur, peut-être aussi le plus bouleversant. Ce jeu grandiose de Cate Blanchett entre déni de la réalité, entrée dans la folie, il faut vraiment qu'elle ait l'oscar cette année, elle m'a impressionné comme rarement. Après quelques films où Allen semblait se réfugier dans sa bulle de fantaisie c'est d'autant plus surprenant de le voir revenir à un thème aussi moderne que l'affaire Madoff et livrer une étude de la nature humaine aussi pertinente. On sent le réalisateur concerné et investi comme jamais. Pour vous dire même FF a aimé.

Grand film que je place très haut dans mon top 2013.


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MessagePosté: 26 Sep 2013, 22:46 
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Et aussi Alec Baldwin encule tout!
Le premier qui met sur Ulule un projet de biopic de Madoff avec Baldwin dans le rôle titre, je vous jure le lui finance intégralement. Liam si tu nous entends ;)


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MessagePosté: 26 Sep 2013, 22:53 
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Baldwin ressemble pas du tout à Madoff.

Y avait un projo avec De Niro à un moment.

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MessagePosté: 26 Sep 2013, 23:04 
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Film Freak a écrit:
Baldwin ressemble pas du tout à Madoff.

Y avait un projo avec De Niro à un moment.


Evidemment. Je meurs surtout d'envie de voir un long uniquement centré sur le personnage de Baldwin. Dans le genre, escroc à la Madoff, j'adore le personnage et ce qu'Allen arrive à tirer de son acteur.


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MessagePosté: 28 Sep 2013, 10:24 
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Après les éloges lues ici ou là je dois dire que je suis plutôt déçu de cette fable morale à l'écriture assez grossière. Pas dans la finesse des dialogues ou même la construction temporelle plutôt judicieuse mais bien plus dans les évènement majeurs du scénario qui n'ont l'air que d'être des passages obligés pour assoir la démonstration sociologique de Woody Allen. Du coup je trouve le film très artificiel dans ses articulations et avec un petit côté moral un peu facile.
D'ailleurs il est assez caricatural dans sa description des ces classes sociales distinctes entre ces riches totalement vides et cons et les prolos un peu simplets mais qui savent s'amuser. Et puis je trouve pas le film très drôle, très fun pour tout dire.
Après il y a Cate Blanchett qui trouve sans doute un des ses meilleurs rôles. Elle est phénoménale. Elle écrase d'ailleurs un peu trop le casting relativement inconnu autour d'elle (à part Sarsgaard et Baldwin).

3/6

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CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 28 Sep 2013, 11:17, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Sep 2013, 11:10 
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Le film est très misanthrope, c'est sûr...


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MessagePosté: 28 Sep 2013, 12:08 
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Karloff a écrit:
Le film est très misanthrope, c'est sûr...


Je trouve pas. Allen s'acharne pas sur Blanchett comme un punching-ball. Son regard est quand-même plein de compassion. Il nous la rend certes risible mais assez touchante. Et puis je pense pas que les hommes sont bien lotis entre les beaufs de la soeur, qui s'avèrent finalement touchants (la dernière scène avec Augie est magnifique) et Baldwin le salaud intégral. C'est vrai que le film est assez cruel envers ses personnages (homme ou femme) mais ça s'apparente jamais à du mépris. Après, c'est vrai que c'est pas un film qui donne confiance en la nature humaine.


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MessagePosté: 01 Oct 2013, 13:42 
Ben dis donc, je vais être à contre-courant ici :roll:

Disons le tout net : je me suis fais chier. Bon, comme toujours, c'est bien filmé, les acteurs sont excellents, la construction narrative est originale sans pour autant paraître ampoulée, sauf que...on se fout complètement des personnges et de ce qui leur arrive.

Déjà, ils sont tous antipathiques, renvoyés dos à dos à leur milieu social. Les riches sont puants et méchants, les pauvres sont stupides et vulgaires. Ensuite, le film oscille constamment entre la comédie et le pathos, sans jamais choisir son camp, et place du coup le spectateur dans une position plutôt inconfortable.

Bon, après coup, je me suis dit que tout cela était voulu et que c'était justement le but de Woody Allen de nous déstabiliser. Mais, sans trop savoir pourquoi, j'y crois pas. D'abord, ça ne lui ressemble pas et ensuite la mise en scène n'est pas du tout en accord avec une telle vision, trop léchée, trop distante (contrairement à celle de "Maries et femmes", qui aurait été plus adaptée).

C'est plutôt la misanthropie d'un auteur vieillissant que l'on sent derrière tout ça, ce qui n'est pas forcément bon pour le cinéma.


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MessagePosté: 01 Oct 2013, 14:18 
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snaky a écrit:
Les riches sont puants et méchants


Je ne trouve pas que le personnage de Alec Baldwin fait très méchant. Le fait qu'il trompe sa femme et l'état ne fait pas de lui un puant. Je trouve au contraire qu'Allen le rends plus humain que ce que le réalisateur lambda en aurait fait.
Surtout qu'il devient la victime de Jasmine


snaky a écrit:
les pauvres sont stupides et vulgaires


Ben tu vois, j'ai trouvé qu'ils avaient une intelligence émotive assez développé malgré leur manque de culture. Je parle surtout de Chili, pour ma part l'un des personnages les plus touchants du film.

snaky a écrit:
le film oscille constamment entre la comédie et le pathos, sans jamais choisir son camp, et place du coup le spectateur dans une position plutôt inconfortable.


Il y a peut-être la question d'attente face à un Woody Allen, qu'on veut soit dramatique (Interior), soit comique (Midnight in Paris). Car je trouve que le film maîtrise absolument bien les deux tonalités. Il les fait coexister sans que ce soit trop visible. C'est 1000 fois plus subtil que les deux dimensions disjointes de Melinda et Melinda je trouve.

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MessagePosté: 02 Oct 2013, 09:08 
Citation:
Cate Blanchett est tellement incroyable d’abandon que ça fait mal aux yeux.


Je viens de lire ça dans une critique de Télécinéobs et je trouve que ça résume bien ce que j'ai ressenti : je me suis senti gêné devant ce personnage perpétuellement hagard, qui se ridiculise dans la rue et qui transpire abondemment. Gêné, pas faciné ni intéressé.


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MessagePosté: 02 Oct 2013, 09:21 
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snaky a écrit:
Citation:
Cate Blanchett est tellement incroyable d’abandon que ça fait mal aux yeux.


Cate Blanchett ne s'abandonne pas du tout, c'est plutôt complètement l'inverse, elle maîtrise ce qu'elle fait à 100% et c'est pour ça que c'est impressionnant.


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MessagePosté: 02 Oct 2013, 10:58 
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Antichrist
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Je suis assez d'accord, tu sens qu'elle maîtrise son art comme une immense soliste.


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