Forum de FilmDeCulte

C’est d’abord un film qui raconte une erreur judiciaire et dénonce ce faisant la paranoïa développée par la société lorsqu’elle est victime de crimes de grand ampleur, telles qu’en l’occurrence, les massacres en milieu scolaire perpétrés en Amérique.

Le jeune héros est en effet faussement accusé de vouloir tuer ses camarades de classe, et se voit ainsi entraîner dans des péripéties juridico-carcérales, aussi absurdes qu’implacables.

Certes, l’innocence broyée par la machine judiciaire, c’est pas très neuf mais le film est heureusement est un peu plus que ça.

C’est avant tout le beau portrait d’un couple, pas tant celui formé par le héros et son amoureuse, que celui du fils et du père. Ce dernier, qu’on aurait tendance au départ à considérer un peu rapidement comme un beauf, qu’on imagine volontiers futur électeur de Trump (son goût pour les armes, la chasse, ses remarques désobligeantes envers le look gothique de son fils …), largué par sa femme et vivant avec son adolescent, se révélera être son plus grand soutien. Et pas de pathos ici comme dans ces films américains où l’on s’adresse des « I love you » longs comme le bras. Que des preuves d’amour : ce moment par exemple où le père prend le parti de son fils contre celui même qui le défend, son avocat.

A noter que pour un spectateur européen lambda comme moi, tout l’univers du film (langage, thématique, environnement…) renvoie aux USA. Et pourtant il s’agit d’un film canadien, ce qu’on découvre assez tardivement en entendant l’un des protagonistes évoquer Montréal.

Cette nationalité explique peut-être pourquoi, comme je l’ai signalé ci-dessus, le film est dépourvu de toute effusion de sentiments, si pénible dans certains films états-uniens. De la même manière, dans son épisode le plus convenu (celui de l’incarcération), le film dépasse un peu les lieux communs habituels (la prison comme lieu où sévit la loi du plus fort) pour montrer qu’avec un peu d’intelligence, on peut parfois désamorcer certaines situations conflictuelles et conserver ainsi son humanité : voir le stratagème utilisé par le héros pour gagner la confiance de son ennemi.

Un joli film.

Ah oui, et j’oubliais ce très beau premier plan : un ado dort dans son lit quand des lumières multicolores se mettent à danser sur son visage, il se réveille, la caméra recule pour l’accompagner hors du lit jusqu’à la fenêtre de sa chambre et l’on comprend que les lumières viennent du dehors et qu’elles émanent de voitures (Police ? Pompier ?) qui n’annoncent rien de bon.

En général, on se réveille pour échapper à un mauvais rêve. Là, c’est le contraire, son réveil va plonger notre personnage dans le cauchemar.

Belle idée que je me devais de vous signaler, en espérant que ça relance mes "vus" qui plafonnent actuellement à 65. lol