Forum de FilmDeCulte

Merci d'avoir mentionné ce film, je crois que je l'avais vu enfant à l'école primaire en passant un peu à côté (je me ssouviens de la scène d'ouverture avec le doigt et des pupilles des géants qui disparaissent, même si quelque chose du discours social du film m'était resté) et l'ai revu (sur YT) et c'est en effet très bon , par contre difficile de comparer à priori avec la Belladone (que je n'ai pas vu) même si d'après les trailers on devine affinités stylistiques et "politiques", l'univers de Roland Topor est très spécifique (et le dessin animé le retranscrit très bien ). Au passage j''ai l'impression que Zardoz de Boorman fait à la même époque a aussi bien pompé le roman de Stefan Wul sans le dire, car les histoires (séparation entre hommes dont on croit qu'ils sont revenus l'état sauvage mais forment en fait une société moderne, mais comparativement arriérée ,surhommes technologisés, dominateur, immortels mais suicidaires, personnage central qui est adopté comme Moïse, et est intié de la mê façon au savoir des dominats) et certains éléments (les codes vestimentaires, la tête volante qui symbolise en même temps la domintaion politique et la recherche spirituelle ) sont très similaires dans les deux films.


On trouve aussi sur YT une version en anglais des "Maîtres du Temps" fait un peu après avec Moebius. L'animation est moins belle, mais l'histoire (aussi tirée de Wulf) très bonne. Dialogues de Manchette et superbe musique disco-Vangelis de Jean-Pierre Bourtayre (le générique de "Tribunal"). La ligne de basse du générique du début est énorme.

Par contre ce qui est marrant c'est que Laloux a produit ses dessins animés qui ont un côté à al fois libertaire et mélancolique (et qui pour le coup illustrent une anthropologie philosophique crédible, complexe mais compréhensible pour l'enfant) successivement en Tchécoslovaquie (même si cela se comprend, il y avait une riche école de dessin animé, et l'univers de Topor est proche de celui des surréalistes tchèques comme Toyen) en Hongrie puis en Corée du Nord, je ne sais pas si c'est de la subversion ou de l'opportunisme économique cynique ou les deux.

J'ai plutôt rapproché ça à la séance psyché dans Dumbo en fait.

Je ne sais pas tant s'il est juste de parler de substances, puisque le film porte quand même ses références de manière clairement affichées et que l'imagination qui l'entoure provient aussi d'un pays dont on connait peu les contes et qui ne s'inscrivent pas dans le monomythe classique.

Avant même d'être un trip psychédélique, je trouve surtout que c'est du post-modernisme à l'état pur.

Et un truc que j'ai adoré, c'est vraiment cette réinvention du format en fait.

Je me demande à quoi aurait ressemblé l'animation d'aujourd'hui si ce film avait eu un succès mondial. C'est de la déconstruction faite par des gens qui connaissent l'art, c'est clairement fait comme si l'animation n'existait pas, qu'on expliquait à Yamamoto "alors en gros, c'est des dessins, et ils bougent" et que le gars réinventait un art à part.

C'est hyper audacieux.

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Pas revu Dumbo depuis un bail, du coup ça me donne envie....

Sinon je précise que le trip sous LSD ne me dérange pas, ce n’était pas péjoratif en soi (ni en l'espèce), mais je comprends q'u'on puisse ne pas accrocher. Ensuite, totalement d’accord, on sent des grosses références derrière tout ça, bien digérées j’ai l’impression, donc on ne peut réduire ça à une seule chose, et sans ces références et le talent, ça donnerait sans doute n’importe quoi. Il y a évidemment une grande maîtrise du média pour pouvoir sans éloigner et le réinventer.

Ensuite je ne parlais pas de tout le film, mais il y a des séquences où ça tourbillonne et où ça foisonne, et je le rapproche quand même de cette influence là (culture 70’s oblige), mais tu as sans doute raison, je connais très mal la culture japonaise et je fais peut-être fausse route… Mais encore une fois je parle de certaines séquences précises, je ne réduis pas le film à ses séquences psychédéliques.

Je n'ai pas dit que tu réduisais le film à ça, ni qu'il n y avait pas de ça dans certaines séquences, hein, pas d tout à te mettre sur la défensive

La séquence dessinée chelou où elle offre enfin son âme au Diable faisait très Pop Art/Warhol etc. (cf. image de droite en haut et celle de gauche en bas):



Je ne connais pas forcément le Japon et sa culture aussi, hein, je me suis surtout beaucoup renseigné une fois le film vu et les images en tête, ou j'ai recoupé des choses.

Pour les réf digérées et présentes par contre, elles sont bien là, je les connais pour le coup et ça m'a pas mal frappé.

Après, la scène de l'orgie, oui, ça rappelle totalement le psychédélisme et des trips au LSD, mais on peut aussi penser à du Moebius, du Druillet même parfois.

Ca me rappelle aussi cette vidéo découverte y a quelques années:

https://www.youtube.com/watch?v=rEUxlwb2uFI

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Ah ouais nan t'inquiète, je suis pas sur la défensive, je me disais juste que j'avais peut-être pas été très clair donc c'était l'occasion de préciser (et même pour moi en fait). En fait je suis assez peu connaisseur, donc j'essaie d'être prudent et modeste vis-à-vis de tout ça, mais c'est cool de pouvoir échanger, je vais fouiller un peu (et matter le CM quand je serai au calme).

Pas vu le film mais d'après les trailers la représentation des femmes dans le dessin, le trait et les couleurs font aussi penser beaucoup au mouvement à cheval sur le symbolisme européen et l'Art Nouveau de la fin du XIXème siècle (Khnopff, Rops, Spilliaert, et surtout beaucoup Ferdinand Hodler)

Aubrey Beardsley (l'illustrateur de la "Salomé" de Wilde) également, c'est même encore plus flagrant que pour les autres peintres que j'ai mentionné. Le film a l'air d'avoir les mêmes forces et limites que ce mouvement pictural (il s'appuie sur un imaginaire très puissant et libre, mais l'ésotérisme le rabat tôt ou tard vers une fonction décorative)

Sympa Aubrey Beardsley, je connaissais pas. Mais oui il y a de ça. Je connais pas ces références mais on retrouve un peu cet esprit.

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CroqAnimement votre

Breadsley c'est quelque chose en effet même si celui que je préfère c'est Spilliaert justement parce qu'il est très conscient des limites de cet imaginaire et préfère revenir vers une forme de naturalisme, qui conserve quand-même une partie de l'étrangeté des visions symbolistes.

1973 c'est aussi le début de la redécouverte de l'Art Nouveau (conjuguée la crise du brutalisme ou fonctionnalisme qui avait un horizon politique collectif plus prononcé) qui a justement commencé par une expo Beardsley au Victoria and Albert Museum à Londres en 1966.

Merci pour les quelques refs, Gontrand!

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Ouais c'est cool !

Yep. Je vais même essayer de me chopper une reproduction de Beardsley tellement j'ai kiffé. Ça par exemple ça tue :

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CroqAnimement votre

De rien, on sent aussi l'influence de Klimt ("redécouvert" après Beardsley, mais à présent beaucoup plus connu).

Classique et merveille de l'animation japonaise qui n'a pas pris une ride. Ce qui frappe avant tout c'est les choix visuels totalement radicaux qui tiennent autant de l'aquarelle que de la gravure, ce mouvement de l'image qui est autant animé que fixe une grosse partie du métrage. Il y a vraiment des images surréalistes époustouflantes qui restent en mémoire longtemps en tête. Le film n'est pas que sa direction artistique mais rarement vu une telle symbiose entre la forme et le fond qui participe au trip psyché avec sa BO de haute tenue.

En parlant du fond, l'histoire est un conte assez classique mais big up pour l'écriture qui transcende le tout par sa poésie et beaucoup aimé cette fin qui recolle à l'histoire moderne. C'est donc une orgie de couleurs et de sensations psychédéliques. Par contre, c'est très axé manga érotique donc pas trop pour les enfants le tourbillon extraordinaire de seins et de pénis qui se tient pendant 10 minutes à l'écran.

Choc sensoriel pour ma part. A voir absolument si la bande annonce vous titille mais c'est vraiment une oeuvre monstre.

6/6