Forum de FilmDeCulte

Un jeune couple s'installe dans un appartement neuf et vide dans lequel eau, gaz et électricité sont commandés par la simple expression de leur amour. Mais une partie de leur voisinage, obnubilé par un frénétique besoin de possession, finit par les convaincre de la nécessité de s'équiper en biens mobiliers et électroménagers.


D'Iosseliani, je n'ai vu que Adieu plancher des vaches au cinéma et j'avais bien aimé son univers poétique. Là on est en face de son film de fin d'études interdit en URSS, plus par le fait qu'il ne correspondait pas aux critères du régime qu'en une critique de ce dernier. On est ici dans un film muet mais où paradoxalement la bande-son a une importance fondamentale que ce soit dans le rythme ou dans la petite touche poétique qu'elle apporte à l'ensemble. Il y a cette sublime musique traditionnelle géorgienne mais aussi les bruits sonores de chaque objet qu'on croiraient parler. C'est très travaillé et c'est un aspect du film très réussi.

De prime abord, on pense à du Tati période Mon oncle avec ce petit conte sans prétention qui épingle la modernité et le conformisme et surtout son style visuel, ce comique de l'absurde qu'on pourrait illustrer avec la vision des appartements des voisins. Donc du Tati influence géorgienne avec également un montage avec un rôle prépondérant que ce soit dans ke rythme ou les effets poétiques qu'Iosseliani tire de ses magnifiques compositions picturales. Bref c'est un premier essai charmant et peuplé de vraies fulgurances. C'est assez court (47 minutes) et disponible sur le site de la cinémathèque, donc aucune excuse pour ne pas le voir si vous êtes tenté.

Belle découverte, c'est vraiment le film le plus intéressant de ce que la cinémathèque a mis en ligne depuis une semaine. Il y a tout de même une critique sous-jacente du progrès qu'il associe à l'individualisme et oppose à la tradition (ce qui en fait un discours assez différent de celui de Tati dans Mon Oncle), dans l'Union Soviétique des années 60 on peut comprendre qu'il n'y a pas que le style qui ait pu déplaire... Sinon de la même époque, ça m'a également rappeler la belle poésie du cinéma de Mikhail Kobakhidze (également géorgien), dont je recommande Le Parapluie.

Kalotozov, ou Marlen Khoutsiev dont je parlais l'autre jour sont aussi géorgiens, même si leurs films, du moins ceux que je connais, ne sont pas ancrés dans le folklore du pays comme ceux de Iosseliani.