Bon sinon, tout frustré de pas avoir participé au topic le plus actif depuis 20 ans, j'ai envie d'apporter une précision sur un point.
On parle un peu d'empathie, "comme vous pouvez avoir de l'empathie pour ce mec", etc.
La question de l'empathie, de humain / pas humain, de salaud ou malade, on pourrait se la poser. Mais c'est un autre débat, ça n'a rien à voir avec ce qui est terrifiant dans les commentaires facebook.
La question est simplement de ne pas prendre plaisir à la souffrance. La personne qui subit cette souffrance importe peu, tant que tu peux te projeter dans la douleur qu'elle ressent. On peut aller prendre jusqu'à Hitler, si on lui retirer les ongles avec une pince à vif, je ne pourrais pas m'empêcher de frissonner en imaginant la douleur intolérable qu'est celle d'un ongle enlevé à vif.
De même ici, je ne peux pas ne pas avoir la nausée en imaginant ce que c'est que de ses faire violer sur des plaies béantes, dans une situation sans issue, tout seul contre 20 personnes. C'est juste horrible. Gentil, pas gentil, humain, pas humain, là n'est pas la question. Tu te projettes dans une souffrance, quelque soit le sujet. L'empathie (au sens "ooooh pauvre tueur, il a du avoir une enfance difficile") n'a rien à voir là-dedans.
Voilà, si ça peut peut-être dissiper le malentendu.
Absolument RIEN à voir, mais ça m'évoque une autre situation de débat courante (ça nous prépare le lien facebook de demain), où l'un pose la question "il faudrait comprendre les causes de la délinquance dans certaines cités", et qu'un mec réaliste-à-qui-on-ne-la-fait-pas s'interpose, fracassant, pour le traiter d'angéliste, de gros naïf prêt à chercher des excuses aux pires délinquants. Même genre de confusion : quel rapport entre chercher les raisons et chercher des excuses ? Et le même real-politik-man d’applaudir quand on envoie 200 flics sur place, flics malheureusement nécessaires certes, mais d'applaudir surtout avec cette conviction béate (et vraiment naïve pour le coup) que c'est ça qui va régler le problème.
Exactement comme un médecin qui se retrouverait face à un patient atteint d'un cancer, "ouh le monsieur, il a un sacré cancer, on ne me la fait pas à moi, vous souffrez beaucoup". Et qui prescrit une tonne d'aspirine - bah oui, il a raison, c'est l'urgence là, devant le type qui crève de douleur. Mais qui irait pas chercher plus loin... Et qui revient le lendemain en fronçant les sourcils : "toujours là ce cancer ? Pourtant j'ai prescrit tout un tas d'aspirine !". Mais on va pas aller chercher des raisons au mal, car ce serait chercher des excuses au cancer ; alors envoyons donc d'autre escadrons d'aspirine et à force, on y croit, cela finira par régler le problème.
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