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Kujou et Aoki sont amis dans un lycée dépravé. Les aléas de leur vie désabusée et sans but vont les conduire à devenir des rivaux.
Adaptation du manga du même nom de Taiyô Matsumoto.

La description sans concession du quotidien de lycéens en mal de vivre est le maître mot de Blue Spring. Aucune explication (pas de contexte familial, un directeur qui ne fait que poser des questions), rien de vraiment rationnel, aucune psychologie qui permet de comprendre ou assimiler les actes plus ou moins violents et absurdes qui parcourent le film. Meurtre, jeu suicidaire, bastonnade, échappée du lycée en une minute direction les triades ou encore équipe de baseball à un joueur, tels sont les différents moments, plus ou moins liés, qu'assènent Toyoda au spectateur légèrement déprimé à la fin. La vision du réalisateur est noire et a un aspect résolument nihiliste (à l'image de la photo morbide) que l'on retrouve dans les métaphores de l'ombre et du fantôme qui reviennent régulièrement.
Un peu de naïveté du côté de la forme qui tente de temps en temps d'ouvrir un autre espace par un montage parallèle pas toujours fin. Mais à côté de ça, les plans sont très bien construits et procurent une force indéniable : il y a une juste alternance de plans fixes refroidissants, de caméra mobile dérangeante et de ralentis qui rappellent ceux de Van Sant par leurs approches sensibles d'une jeunesse perdue, flottante. La musique rock de Thee Michelle Gun Elephant exacerbe à outrance la triste émotion des visages fixes et des corps mous et finit de planter une atmosphère de désolation intégrale où avoir la classe (les fringues, les coiffures, le goût pour la baston et les répliques mordantes), c'est se voiler et perdre la face.

4,5/6