Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 18 Avr 2024, 23:36

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 5 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 08 Nov 2022, 13:58 
Hors ligne
Expert

Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
Messages: 5303
De Straub et Huillet, je ne connaissais que leur réputation d'aridité et Lothringen ! vu il y a un moment (dont je découvre qu'il est inspiré d'un roman de Maurice Barrès), court-métrage qui confirmait cette réputation.
Cette adaptation de Vittorini, d'une profonde beauté, balaye quelques-uns de mes préjugés en même temps qu'elle confirme des idées que j'aurais pu me faire de leur cinéma, notamment sur la beauté des cadrages, une forme de simplicité travaillée, un matériau littéraire et cinématographique à la fois, exigeant et magnifiquement accessible (même si je ne me fais pas d'illusions sur le public que trouve le film). J'ai envie d'en voir d'autres désormais pour me rendre compte ce qui relève ou non d'un système, jeu théâtral, avec une diction extrêmement claire des acteurs, qui trouve dans la langue italienne et l'accent sicilien un merveilleux terrain, cadrage et sens de l'espace, art de manier la litote. Le film fait probablement ressortir l'aspect didactique du livre de Vittorini, qu'il me reste à lire, mais d'une manière bouleversante, avec un sens éprouvé de la dialectique. Ce monologue sur l'homme qui se prend pour un roi en parcourant son domaine à cheval, le dialogue entre un fils et sa mère sur les infidélités de ses parents, la cérémonie religieuse où le grand-père, pourtant socialiste, occupait le rôle principal, interrompu par un "coupe la pastèque" qui fait littéralement d'un "cut the bullshit", cette espèce de duo final entre le rémouleur et le fils retourné sur sa terre natale où ils se lancent des abstractions à la figure "fumée, montagne, fantaisie, maladie, mort" en mode kamoulox, c'est magnifique.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 08 Nov 2022, 17:38 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
Messages: 5911
Muff

_________________
Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 08 Nov 2022, 17:46, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 08 Nov 2022, 17:38 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
Messages: 5911
Je me souviens d'un film plus direct mais plus conventionnel que d'habitude chez les Straub, peut-être parce qu'il n'y a ni le détour du mythe ni de la narration, dans les autres films les personnages se justifient et interpellent le spectateur, ici l'interpellation morale va vers l'autre dans la fiction (peut-être aussi parce que le film est plus centré sur le genre et la sexualité que d'habitude, la plupart des autres films des Straub abordent plutôt la question de ce qui fonde la justice dans un ordre plus ancien que l'aliénation, qu'il s'agit de déchiffrer, comme l'a dit Badiou, pour les critiquer.).
C'est aussi plus proche de leurs début (Machorka-Muff et Non-Réconciliés) par le noir et blanc et la durée limite moyen métrage

De Vittorini j'avais lu les Hommes et les Autres qui est bien, très singulier, un roman de résistance communiste à Milan, mais avec une couleur fantastique, des personnages quasiment spectraux et surnaturels et qui s'ignorent tels, manière aussi de fuir la morbidité dépressive de Pavese où la lutte n'ouvre sur rien, ont choisi entre jouir et être justifié (et aussi leur permettre d'exposer une idéologie sans orthodoxie, une praxis qui n'a plus besoin du pouvoir, que la mort laisse inchangée, et qui ne perçoit pas celle-ci non plus)

Réference a Barrès pas si surprenante chez des communistes, Aragon assume aussi cette filiation

_________________
Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 08 Nov 2022, 18:07 
Hors ligne
Expert

Inscription: 23 Nov 2020, 14:16
Messages: 720
C'est très beau (mais peut-être que si les persos parlaient un patois français on trouverait ça moins classe)..
Après j'ai quand même trouvé ça aride, à quelques exceptions près les dialogues et leurs choix sont un peu obscurs ou trop prosaïques, et la thématique générale est pas évidente à saisir, je cherchais un référent marxiste mais le sens global du film m'a un peu échappé, j'ai eu du mal à être touché par le texte en fait faudrait que je lise le livre surement.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 08 Nov 2022, 18:56 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
Messages: 5911
J'avais commencé le (petit) livre puis lâché pour des raisons qui n'étaient pas liées à lui mais c'est assez différent (ne fût-ce que parce qu'il est rédigé à la première personne).

En effet Elio Vittorini n'est pas doctrinalement rigide, il y a une dimension codée et ésotérique chez lui, même s'il est surtout et injustement connu pour avoir refusé (apparemment vieilissant) de publier le Guépard de son compatriote sicilien Lampedusa en mode c'est un noble décati qui raconte des souvenirs et sa généalogie (je simplifie), qui a été repêché par Giorgio Bassani (le roman de Ferrare et les Fizi- Contini) apparemment polémique importante en Italie avec les communistes en anciens de la querelle.

On peut se demander si la valorisation par Aragon de Lampedusa ne recoupe mas un calcul politique, apparaître sur le tard moins rigide et plus moderniste que le PC italien pourtant moins bêtement stalinien et moins censeur que le PCF ..

_________________
Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 5 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Othon (Danièle Huillet, Jean-Marie Straub, 1970)

Lohmann

0

92

06 Mar 2024, 17:45

Lohmann Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Ces rencontres avec eux (Jean-Marie Straub et Danièle Huillet - 2006)

Zad

12

1553

06 Oct 2006, 18:15

peter stuart Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'inconsolable & L'Héritier (Jean-Marie Straub - 2010)

Zad

6

1652

08 Déc 2010, 20:31

Tom Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Toto qui vécut deux fois (Daniele Cipri & Francesco Maresto - 1998)

DPSR

0

1133

16 Juin 2009, 12:45

DPSR Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Ici et Ailleurs (Jean-Pierre Gorin, Jean-Luc Godard, Anne-Marie Miéville - 1976)

Zad

0

1439

02 Sep 2005, 13:27

Zad Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Visiteurs (Jean-Marie Poiré - 1993)

Qui-Gon Jinn

13

527

22 Mai 2023, 14:28

Castorp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les anges gardiens (Jean-Marie Poiré - 1995)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 8, 9, 10 ]

Massinfect

143

13497

19 Juin 2023, 14:26

bmntmp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Tralala (Arnaud et Jean-Marie Larrieu, 2021)

Abyssin

7

700

11 Oct 2021, 15:57

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Décadence (Jean-Clément Gunter - 1998)

Cosmo

0

1433

24 Nov 2005, 08:57

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'opération corned-beef (Jean-Marie Poiré - 1991)

FingersCrossed

2

362

08 Juil 2023, 14:27

Müller Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 13 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web