Don Giulio quitte la petite île de Ponza où il officiait comme prêtre depuis dix ans. Le voilà nommé dans une paroisse de la banlieue de Rome, près de l’endroit où il a grandi. En arrivant, il découvre avec stupeur une église vidée de ses fidèles. C’est que le dernier prêtre en activité a fait scandale en quittant les ordres pour fonder sa propre famille. Pensant trouver du réconfort auprès de ses parents, de sa soeur et de ses amis de jeunesse, Don Giulio déchante rapidement. Infidélité amoureuse, crise de mysticisme aiguë, tentation du terrorisme politique, il ne comprend plus les gens qui l’entourent…En revoyant d'abord
Bianca j'ai été étonné par la tonalité sombre du film dont je ne me souvenais pas (je crois que j'avais surtout fait une fixation sur Laura Morante à l'époque), de ce maniaque qui s'empêche d'accéder au bonheur et vampirise ses amis/voisins en leur imposant sa vision de la vie.
La Messe est finie est peut-être encore plus sombre. On retrouve toute la troupe de pitres de Bianca, qui servent une nouvelle fois à contrebalancer la noirceur de Moretti, qui font que le film a parfois un rythme bizarroïde, proche de l'enchainement de scénettes comiques ultra courtes (le montage très abrupte y participant également) un peu déconnectées de la trame narrative principale. Mais ça marche, le film parvient à être véritablement drôle sans perdre son fil conducteur, sans amoindrir la profonde tristesse que l'on ressent chez Don Giulio, dont les idéaux sont un à un réduits à néant par ses amis, ses paroissiens et sa famille, gangrénés (comme c'était déjà le cas dans Bianca) par la société berlusconienne qui les pervertis à coût de consumérisme et de jouissance égoïste. Des vieux qui se découvrent une nouvelle jeunesse auprès de femmes 20 ou 30 ans plus jeunes qu'eux, de l'enfant roi (déjà) à l'explosion de la cellule familiale (l'amour filiale serait passé de mode selon la sœur de Don Giulio), Moretti dresse le bilan d'une société italienne dont les piliers vacillent (l'un des principaux étant tout entier représenté par son personnage, l'église italienne qui voit ses églises se désaffecter et ses prêtres se défroquer) et dans laquelle il ne se reconnait plus, qui détruit le modèle de son enfance qu'il aurait souhaité voir pérenniser.
Alors oui il y a nécessairement une part de conservatisme dans cette vision, à la limite du machisme parfois (comme lorsque sa sœur lui fait part de son désir de quitter son petit ami), mais l'impression la plus forte qui en ressort et que Don Giulio/Moretti, comme Michele dans Bianca, sont avant tout des enfants qui ne veulent pas vraiment grandir, qui craignent (à raison) les désillusions du passage à l'âge adulte, d'autant plus lorsque tout cela se passe dans l'Italie des années 80. Il faudra finalement attendre
Journal intime pour qu'il atteigne l'âge adulte et que la tristesse fasse place à la nostalgie, que son humour s'attaque plus frontalement à certaines cibles (les médecins, l'enfant unique) tout en étant moins acerbe.
4.5/6 (et 5/6 à
Bianca)