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 Sujet du message: Sayonara (Koji Fukada, 2017)
MessagePosté: 19 Mai 2017, 13:52 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
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Dans un avenir proche, le Japon est victime d’attaques terroristes sur ses centrales nucléaires. Irradié, le pays est peu à peu évacué vers les états voisins. Tania, atteinte d’une longue maladie et originaire d’Afrique du Sud, attend son ordre d’évacuation dans une petite maison perdue dans les montagnes. Elle est veillée par Leona, son androïde de première génération que lui a offert son père. Toutes deux deviennent les dernières témoins d’un Japon qui s’éteint à petit feu et se vide par ordre de priorité, parfois selon des critères discriminatoires. Mais doucement, l’effroi cède la place à la poésie et la beauté.

Quel film étonnant, quelle expérience de cinéma singulière. Au-delà même de ce qu’on peut penser du film, il y a là une admiration à avoir devant une proposition si originale dans sa manière de parler du Japon post-Fukushima et plus largement dans son exploration d’un cinéma post apocalyptique.

J’aime comme le film est de prime abord assez réaliste et présente une situation d’urgence post-apocalyptique de manière rationnelle et organisée (l’attente pour être déporté, la surprise des pays attribués) avec cette bizarrerie SF de l’androïde et surtout cette chose si rare dans le cinéma japonais, un personnage principal occidental. A travers elle le film pose d’ailleurs sa question fondamentale, la présence au monde. On parle beaucoup de pays, de frontière, on rêve à l’Afrique, un vieux japonais fantasme une Corée où il n’a jamais mis les pieds etc...). Sauf que très vite les poèmes récités dans leurs langues originelles ([chauvinisme à part]c’est si beau soudain d’entendre un beau français velouté réciter le bateau ivre de Rimbaud) viennent nous rappeler que le monde est un, que les montagnes sont les mêmes ici ou là-bas.

Et peu à peu le film se déplie, son mystère s’intensifie autour de cette maison belle maison au milieu de nulle part. Est-elle un havre de paix ou un concentré de radioactivité mortifère ? Peu à peu la relation entre l’androïde et sa « maitresse » se fait plus intime et peu à peu la poésie vient recouvrir les préoccupations matérielles du film. C’est dans son dernier acte que le film se fait le plus beau, le plus fort. Soudain le film,
à partir du moment où le personnage est nu sur son canapé en train de dépérir
se transforme en conte macabre d’une folle beauté et d’une incroyable puissance poétique qui m’a rappelé étonemment le A.I de Spielberg avec cette observation du temps qui passe où l’infiniment grand rejoint l’infiniment petit. Quand à la toute fin et
ce moment sublime où l’androïde se met à ramper, vers sa conscience poétique du monde
elle est bouleversante de simplicité typiquement japonaise (le rapport de l’homme au monde et son humilité face à lui).

Alors je mentirais si je disais que j’ai été intégralement sous le charme. Certains moments m’ont semblé en trop ou maladroits : les deux jeunes qui courent en gueulant « Africa » [ça m’a d’ailleurs rappelé un moment assez similaire dans The Land of hope de Sono Sion et évidemment cette longue séquence anamorphosée qui m’a paru un geste pour le coup un peu poseur, qui sort du film brutalement et qui surtout a bien du mal se justifier narrativement ou esthétiquement (j’ai pensé à un moment que c’était la radioactivité mais non).

Mais cela mis à part, il y a une telle conviction dans la poésie du film dans cette réflexion aussi bien sur la nature du monde où l’on est prisonnier d’un pays, condamné à devenir réfugié dans un autre, que sur le bonheur qui s’enfuit, que seul la poésie peut venir éclaircir qu’on en sort radieux, l’âme comme soulevé par des sentiments d’une folle simplicité mais d’une fondamentale beauté.

5/6

_________________
CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 20 Mai 2017, 12:06, édité 1 fois.

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MessagePosté: 19 Mai 2017, 21:53 
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Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
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Autant pour le dernier Kurosawa je n'ai pas pu tenir jusqu'au bout tellement je trouvais la direction d'acteur déplorable, pour celui-ci je n'ai pas eu un tel rejet épidermique mais le résultat est le même. J'ai trouvé cela d'un ridicule profond, boursouflé de prétentions, tu as l'honnêteté de reconnaître que certaines séquences sont un poil too much (à l'inverse de la critique sur FdC qui n'est que louanges), pour le reste je veux bien croire que le film a une certaine poésie mais elle tient sur un fil tellement ténu que si tu n'y adhères pas totalement il n'est qu'une coquille vide. J'ai désespérément cherché à me raccrocher à un thème que Fukada aurait traité avec intérêt, mais que ce soit l'aspect post-apocalyptique (l'image d'un lointain feu ne suffit certainement pas), l'identité (la critique du nationalisme japonais est fait à la truelle) ou la cybernétique (on ne peut pas s'empêcher de penser à Blade Runner, mais hormis le fait de faire jouer un vrai androïde, qu'est-ce que ce film apporte de plus que le film de Scott ?), je n'ai rien vu de satisfaisant. Dernier point qui m'a achevé, le jeu de l'anémique et monolithique Brierly Long, pour tout dire même toi tu trouves que sa meilleure scène est quand son cadavre se décompose.

0/6


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MessagePosté: 20 Mai 2017, 08:54 
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Pareil que Lohmann... Un calvaire.


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MessagePosté: 05 Mar 2023, 12:06 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23681
Ce qui serait drôle c'est que Lohmann adore After Yang du coup.


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MessagePosté: 05 Mar 2023, 12:21 
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Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
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Comme si j’avais le temps pour voir un film dont je n’ai lu que du mal


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