Forum de FilmDeCulte

Elu Pape malgré lui, le Cardinal Melville sombre dans la dépression et se rêve acteur de théâtre, alors que tout le Vatican attend sa présence au célèbre balcon. Après s’être attaqué à Silvio Berlusconi – «Le Caïman» -, la perspective de voir le «gauchiste» Nanni Moretti s’attaquer à la figure papale avait de quoi inquiéter le Saint-Siège, d’autant que l’auteur de «La Chambre du fils» avait déjà osé mettre en scène un prête de campagne irascible dans «La Messe est finie». Déjà sorti en Italie, le film ne s’est finalement pas attiré les foudres de l’Eglise tant le brûlot attendu manque singulièrement de férocité, comme si le réalisateur s’était attendri devant ce folklore anachronique.

Plus moqueur que critique, le cinéaste italien s’amuse ainsi des vieilles traditions de l’Eglise catholique à l’heure des portables et de Twitter et met en scène avec une certaine jubilation les activités d’un club de retraités ecclésiastiques – partie de carte, tournoi de volley-ball inclus. Le meilleur du film n’est cependant pas dans ce décorum détourné mais dans le beau portrait d’un homme écrasé par les responsabilités, qui aurait bien prié Dieu comme certains de ses collègues pour que le choix du conclave ne se porte pas sur lui. Impérial dans le rôle principal, Michel Piccoli donne au Saint-Homme accablé une vraie dimension humaine, alors que Nanni Moretti, en psychanalyste sûr de lui, assure le contrepoint comique. Et si le cinéaste italien a signé des films plus personnels – «Journal intime» -, ce Vatican Blues à la mise en scène inspirée pourrait bien séduire Robert de Niro, le plus Italien des acteurs américains.

4/6

Je pensais assister à un drame assez pesant (le thème, le titre...) alors que, très vite, le film s'oriente vers la farce, montrant le cirque du pouvoir un peu à la manière de La Conquète mais avec cent fois plus de talent et de pertinence. Très respectueux, Moretti retrouve par moment l'entousiasmante liberté de Journal intime - selon moi peut-être le meilleur film des années 90 -, le temps de quelques scènes où les cardinaux dansent et tapent des mains sur le rythme d'une guitarre, ou jouent au Volley au ralenti... Par moment, Moretti touche au sublime, aidé il est vrai par l'incroyable, l'hallucinante, l'émouvante, (je trouve pas mes mots) performance d'un Michel Piccoli au sommet de son art, parfaitement casté dans son rôle de Pape fraichement élu en proie au doute. La scène d'élection, long plan sur l'acteur tandis qu'un cardinal énumère les résultats des votes, est bouleversante... Poétique, drôle, le film perd de sa superbe malheureusement lorsqu'il s'évade dans des scènes sans doute inutiles, intègre des personnages peu intéressants (le journaliste) pour les dégager aussitôt... Dommage, j'attendais énormément du film mais bien que réussi, il s'agit du moins bon Moretti depuis... En fait depuis toujours (je n'ai pas vu ses films antérieurs à Palombella Rosa).
4/6

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Il ne sort qu'en septembre non? Vous avez pu le voir comment?

Merci pour vos commentaires! Ca me donne envie d'aller le voir! Du coup, j'ai jeté un coup d'oeil sur la bande annonce:
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et ça me donne plus envie! Par contre, c'est clair qu'on a vraiment l'impression qu'il s'agit d'une tragédie! Mais l'alliance tragique/comique me va parfaitement! J'irai le voir

Projo de presse pour moi, et Cannes pour Karloff.

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Mettre le feu : mettre le feu au public Télérama.
Qui a lu que c'était une comédie, et qui guette. Qui à la première semi-grimace de cardinal se met à pouffer de rire, en se retenant, parce que c'est quand même diablement cocasse. Et qui au plan des stylos tapotant sur la table n'y tient plus, et se plie en deux, applaudissant même un peu. Puis qui continue quand on se lève pour applaudir le pape et qui s'arrête parce que ah merde, y a de la musique, c'est peut-être une scène émouvante.

Les détruire par le feu.



Voilà, sinon je suis un peu étonné de l'enthousiasme général de la critique : je trouve ça un peu sous-exploité, un peu facile aussi (la musique, le côté farce qui forcément marche, mais dont on attendait fatalement plus - parce que bien sûr, tu fais faire des conneries de tous les jours aux cardinaux, c'est marrant, mais tu peux aussi ne pas t'en contenter). Je trouve surtout cette semi-impuissance parlante sur la fin, où nous aussi on nous laisse béat, spectateur, un peu pris par défaut : tout ça pour ça ?

Il reste que ce qu'il s'engage à dépeindre, le film le fait extrêmement bien. Moretti a les épaules et le découpage solide, la précision dans l'humour et l'aisance dans les variations et mélanges de ton. Il sait trouver une certaine évidence, sans trop en faire (c'est aussi le revers bénéfique de la médaille, et une qualité, que d'en rester à l'essentiel de ce que pouvait promettre le pitch), et ce pouvoir de simplicité s'incarne parfaitement dans le jeu de Piccoli, calibré à la perfection, sans fioritures, allant droit au but en quelques regards inquiets. Le regard critique mais bienveillant, qui se dédouane de tout dédain facile pour la religion, est aussi vraiment bienvenu.

Je regrette que tout ne soit qu'esquissé, que la relation psy-pape ne soit qu'embryonnaire (le film aurait pu en déduire tellement plus), que la structure se résume vite à Pape errant dans la ville / les cardinaux font les cons. C'est très bien achevé, toujours intelligent et bien pensé, débordant de talent par-ci par là (les plans silencieux et inquiets de la foule fourmilière en ouverture, la musique qui résonne dans le palais, le plan voiture qui n'est pas sans rappeler Vincere), mais je pense vraiment qu'en se bottant le cul, et surtout avec un sujet pareil, Moretti aurait pu faire cent fois mieux. J'en reste pour l'instant à l'éclatante réussite de son Caïman, autrement plus ambitieux (sur un sujet qui ne l'était pas justement, comme quoi...).

Totalement d'accord avec toi. Je trouve que c'est un film assez incroyable sur l'impuissance de Moretti à se "payer" le Vatican, comme si l'institution était de toute façon trop puissante, consciente de son pouvoir.

Là ou le Caiman était l'angle parfait à mon sens.

Reste que j'ai adoré Piccoli alors qu'il m'énerve pas mal d'habitude.

Et sinon il faut tuer le public MK2 plus que le Télérama. Je crois que les réactions que tu décris sont typiquement parisiennes.

(et là je me dis que tu n'es peut-être pas à Paris).

Sisi. Mais je les avais aussi dans les cinémas Art et Essai de lorraine, ou à Nantes. Je dis Télérama parce que c'est le symbole idéal d'une approche "culturelle" plus que cinéphile, où on va voir un film comme on va au musée avec l'audioguide, où on se force à rire, où l'on discute des thématiques-chère-à-l'auteur en sortant...

Je me souviens aussi de la projo du Caïman, le film commençant par la reconstitution d'une série B, pour laquelle le film a visiblement beaucoup de tendresse, et où toute une flopée de cinquantenaires se gaussait parce que c'était tellement ri-di-cu-le, il se moque si bien de ce cinéma de divertissement. Public de merde...


Moi je suis pas contre que l'approche soit moins violente, plus tendre. J'aimerais juste qu'il en fasse quelque chose, surtout que le lieu, et son côté mini-Etat, a l'air de le fasciner.

Encore heureux qu'il ne se "paie" pas le Vatican ... On est en 2011, le Vatican c'est Disneyland. Le trouver assez ridicule, c'est normal, c'est le cas de quasiment tout le monde je pense. Mais est-ce ce que ça mérite de faire un film dessus ? Quand à le "critiquer", ça revient pour moi à tirer sur une ambulance.
Nanni Moretti est quelqu'un d'intelligent et c'est pour ça qu'il n'est pas tombé dans ce travers. Je pense à vrai dire que plus c'est un film sur la représentation et le jeu d'acteurs (ça me semble assez évident), et aussi sur la dépression. Moretti semble bien peu intéressé par le fonctionnement de l'Eglise, par les cardinaux et par le pape. Il est intéressé par les tourments intérieurs d'un homme qui, comme il le dit lui-même, n'arrive plus à avancer.
Ce postulat offre de très beaux moments mais déçoit un peu aussi, comme si Moretti passait volontairement à côté d'un sujet en or. Le film parait très grand sur le papier mais tout petit à l'écran, on attend en vain que Moretti lache la bride et fasse décoller son film, mais ça ne se produit jamais. C'est beaucoup trop timide ! La fin résonne curieusement, c'est comme si Moretti ne savait pas comment finir un scénario qui ne lui parlait guère.
Le film manque aussi d'ampleur et d'audace en terme de mise en scène, Moretti peine à exprimer de façon visuelle les tourments intérieurs vécus par le Pape, et compte un peu trop sur une musique fade et omniprésente qui banalise la quête menée par Piccoli.
J'ai donc trouvé assez moyen et peu inspiré tout ce qui tourne autour du Pape, pour préférer les scènes souvent très drôles mettant en scène le psychanalyste joué par un excellent Moretti. C'est beaucoup plus frais et libre, parfois réjouissant, c'est dans ces moments que Moretti se montre le plus à l'aise.

Pas déplaisant dans l'ensemble donc mais je m'attendais à franchement mieux.

4/6

Je me suis laissé un peu traîné voir ce Moretti - mon 2e seulement après Aprile (4/6) - par mes parents et ma femme mais j'y allais pas non plus à reculons. Le sujet m'intriguait et la bande-annonce m'avait fait sourire.

Malheureusement, le film n'a jamais vraiment dépassé cette appréciation a priori, tant j'ai trouvé que Moretti ne faisait pas grand chose de son sujet à part quelques blagues faciles.

La thématique est vite cernée (la religion comme grande masquarade où les votes sont truqués et où l'on se rend compte au 3e âge qu'on a gâché sa vie à jouer un rôle) et du coup, ça n'évolue jamais vraiment. Le récit est incroyablement décousu, s'articulant mal entre les parcours de ses deux protagonistes, trop vite séparés, l'un tournant à la farce absurde et l'autre à l'introspection superficielle.

Alors voir ces personnes solonnelles se comporter comme des enfants ou des papys gâteux c'est passablement amusant mais ça va 5 minutes, surtout quand c'est aussi redondant (le garde/faux pape qu'on voit 3 fois, les matches de volley qui s'éternisent jusqu'à une trop longue séquence au ralenti), surtout que ça bouffe du temps d'écran que j'aurai préféré voir consacré au Pape vu que seules ses scènes ont un quelconque intérêt (très bonne scène de la confession "je suis un acteur" à la psy ou de la scène dans le bar où très vite les discussions des convives l'entourant prennent l'allure de dialogues récités).

Le fond est fort mais finalement un peu convenu. Disons que j'ai l'impression que j'aurai pu schématiser chaque étape - et chaque gag - du scénario en n'ayant entendu que le pitch. C'est pas inintéressant mais ça va pas très loin à mon goût.

2,5/6

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J'AI FAILLI EN PARLER DANS MON MESSAGE AUSSI.

Séance au MK2 Gambetta ce soir et chaque rire m'agaçait...



Voilà, pareil.

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Plutôt bien aimé pour ma part.
Je ne m'attendais à rien de spécial (pas fan de Moretti) donc j'ai été agréablement surpris. Déjà je trouve passionnant le fonctionnement du Vatican, espèce de monde totalement replié sur lui-même avec ses règles et ses lois. Ensuite j'aime l'approche de Moretti de ne jamais faire autre chose de son film que le doute d'un être humain. Je pense que justement beaucoup ont trouvé ça petit mais moi ça m'a plu cette humilité de ne finalement pas vouloir faire un film somme sur la foi catholique, sur son organisation hiérarchique etc...
C'est juste un film sur un homme qui n'a plus foi en lui-même et en ce qu'a été sa vie. C'est plutôt touchant et Piccoli est superbe. Le parallèle avec le métier d'acteur est limite un peu grossier (l'acteur qui ne veut pas du rôle de Pape) mais en même temps pas inintéressant.
Tout ce qui se passe au Vatican pendant que Le Pape se cherche est amusant, on est clairement dans de la farce gentillette et un peu facile mais en même temps pourquoi pas ?

Bref, j'ai trouve ça plutôt émouvant et juste. Et pour parler grossièrement j'ai passé un bon moment.

4.5/6

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CroqAnimement votre

Globalement d'accord avec ce qui a été dit ici : sympathique mais inoffensif. j'aurais aimé quelque chose d'un peu plus acerbe, pas sur la religion mais sur les hommes qui la composent, forcément faillibles. Moretti réussit quand même à dresser une belle galerie de personnages, à commencer par lui-même, assez fantastique enfermé avec les cardinaux.
Piccoli est bien sûr très touchant, mais je le trouve plus effacé.
Plusieurs scènes comiques marchent bien (génial acteur de Tchekhov).

Et j'avais beau être dans un UGC (Opera, salle gigantesque et tout petit écran, et comme d'hab tout le monde est au fond, là ou l'écran est réduit à une lucarne), les francs éclats de rire à CHAQUE scène un tant soit peu comique ont éclatés.

KILL THEM WITH FIRE.

Donc oui, sympathique, le film s'attaque à un sujet difficile (et lourd de sens) sans prendre parti, c'est sans doute ça qui fait son mérite.

4/6

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I am the constant. You were always a variable.

Tiens, un truc que j'avais oublié, je supporte de moins en moins bien les scènes de musique dans un film depuis que j'ai touché à la quasi-perfection avec Hadjewich déjà (la scène sur les bords de Seine et celle dans l'Eglise, prends ta baffe), mais aussi et surtout avec Treme, qui, même lorsque la musique est filmée dans le rue, arrive à insuffler une réelle âme aux scènes de musique.

Je m'étais déjà fait la réflexion sur La Piel que Habito, dont la scène musicale était pourtant bien réussie (avec la voix éraillée de la chanteuse)

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I am the constant. You were always a variable.

C'est quand même un film assez didactique et lénifiant, les blagues de Moretti m'ont fait vraiment penser à du Woody fatigué pour le coup, et les scènes du genres les cardinaux qui jouent au volley-ball où s'animent avec de la musique FM, c'est pas pour être cynique mais bon c'est d'une facilité... Par contre je trouve Piccoli extraordinaire et la fin vraiment très réussie . Donc 3/6

J'ai trouvé ça très fort, une oeuvre assez subtil sur le pouvoir et les responsabilités qu'il implique, je trouve. Après c'est peut être que j'ai fais du théâtre et adore Tchekhov mais j'ai été très touché par le parallèle avec le monde de la scène. En tout cas, ça me confirme le très haut niveau de la cuvée cannoise.
5/6