Forum de FilmDeCulte

À Brooklyn dans les années cinquante, la mère de Lennie lui confie la garde de son petit frère Joey, âgé de sept ans, car elle doit se rendre au chevet de la grand-mère, malade. Lennie avait prévu de passer le week-end avec ses amis. Irrité de devoir emmener son petit frère partout avec lui, il décide de lui jouer un tour en simulant un accident de carabine sur un terrain vague. Persuadé d’avoir causé la mort de son frère, Joey s’enfuit à Coney Island, immense plage new-yorkaise dédiée aux manèges et à l’amusement. Il va passer une journée et une nuit d’errance au milieu de la foule et des attractions foraines…

Nous sommes dans les fondations même de la Nouvelle vague, dont les cinéastes ont pour certains avoué l'influence d'Ashley (Godard a même souhaité acheter pour A bout de souffle la caméra fabriquée spécifiquement pour Le Petit fugitif), dans les fondements du cinéma américain qui verra le jour quelques années plus tard avec Cassavetes pour se poursuivre, notamment, avec Scorsese. Le Petit fugitif, en faisant la jonction entre ce cinéma, et le néoréalisme italien de l'après-guerre, s'impose comme une date tant au niveau de sa production (argent provenant d'un distributeur indépendant, équipe technique composée de proches du cinéaste), sa structure que de son filmage. Pour la première fois aux États-Unis, la caméra devient bel et bien invisible, filmant des anonymes sans même que ceux-ci le sachent, suivant des acteurs parfaitement amateurs, se plaçant à hauteur d'homme et d'enfant. Le Petit fugitif, c'est non seulement ce petit garçon parfaitement émouvant qui fuit, le temps d'une nuit, sa famille, mais c'est également le personnage, et avec lui le cinéaste, qui s'affranchissent de tous les codes cinématographiques habituels. Avec ce film, Ashley improvise, suit un petit garçon dans une étape charnière de sa vie (pure récit initiatique d'un enfant qui apprend et comprend le monde en une nuit), et place un à un tous les codes qui, dix ans plus tard, feront la gloire d'un nouveau cinéma. Un très beau film, même si non dénué de défauts (forcément).

5/6

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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Sortie DVD en novembre, en édition single, ou en coffret accompagné de deux autres films du cinéaste. C'est chez Carlotta Films donc a priori bonne copie.

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