Forum de FilmDeCulte

C'est somptueux.
Déjà, il y a ce titre, que l'on traduirait littéralement par... Les Veaux. C'est donc un film sur la vie du Cow-Boy.
Par ce titre, Fellini annonce la couleur : il va raconter la vie de personnages méprisables, des adolescents attardés qui vivent aux crochets de leurs parents, mais surtout aux crochets des femmes, qu'ils vampirisent en suçant leur argent, leur amour, et leur dignité. Mais ce n'est jamais sordide, c'est même franchement pathétique : voir cette scène où accompagnés d'un débile, Fabrizi et Interlenghi essaient de vendre à des religieux une statue d'ange qu'ils viennent de dérober.

Fellini place ses Vitelloni dans l'Italie de l'après guerre, rongée par la misère : sapés en costard, ils ne sortent que la nuit pour faire la bringue et courir les filles, alors que leur famille trime pour les nourrir. C'est donc un film tout en contrastes, comme dans cette scène fabuleuse ou Fabrizi ramène un tourne-disque de Milan et entreprend de danser en plein milieu de la rue, tandis que des ouvriers s'escriment en arrière plan. Ou cette autre séquence, où Sordi (grand, comme toujours) fait un bras d'honneur à des ouvriers (encore) travaillant au bord de la route, un geste de mépris que Fellini punit par la comédie, mais qui en dit long sur ce qui court sous la légèreté apparente de l'ensemble. Et quelle fin merveilleuse !
Et un Fellini ne serait pas un Fellini sans son sens de l'absurde qui s'exprime dans la relation des personnages aux objets (un magasin de bibelots religieux, des costumes de carnaval...) : la comédie se fait absurde, presque mortifère, quand Sordi se lance dans une danse avec comme partenaire un masque de carnaval.

Et évidemment, formellement, c'est somptueux. Ce qui m'a surpris également, c'est que le montage est endiablé : alors que j'avais gentiment roupillé devant la langueur de 8 et demi, là c'est enlevé, frénétique. Qui a dit que le ciné classique, c'était chiant ?

Grand film.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."