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MessagePosté: 22 Juin 2014, 10:36 
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Après le surestimé Scarface, De Palma signe là une de ces grandes réussites, avec ce film hors -normes qui peut être vu comme une relecture de Fenêtre sur cour (le côté voyeur) et de Vertigo (la filature, le vertige remplacé par la claustrophobie et même la plupart des éléments de l’intrigue) par le biais des thématiques récurrentes du réalisateur (l’habituel jeu sur l’illusion et les faux semblants, la manipulation par l’image) le film arrive à dépasser ce postulat, allant du pastiche au film méta, embarquant avec lui son héros/acteur dans une expérience cinématographique, dans un voyage aussi illusoire que jubilatoire, pour lui et surtout pour le spectateur, ce voyeur impuni.

Avec son kitsch assumé, De Palma ne craint pas le ridicule (le meurtre à la perceuse) le grotesque, l’outrance, enchaînant les clichés des genres qu’il aborde avec un mauvais goût assumé, mais arrivant tout même à conserver l’intérêt du spectateur jusqu’au bout, grâce à une réalisation référentielle et virtuose.
Le film donne lieu à un véritable hommage au cinéma dans son ensemble, convoquant ses divers courants, du classique à la série B, de l’horreur au porno, tous unis dans l’art de l’illusion qu’est le 7eme art.

5/6


Dernière édition par Walt le 16 Juil 2016, 13:06, édité 2 fois.

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MessagePosté: 22 Juin 2014, 10:46 
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Assez mitigé perso, le kitsch et le ridicule prennent le dessus trop souvent malheureusement à mon gout :?

3/6


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MessagePosté: 01 Mai 2020, 18:54 
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Encore un De Palma que j'avais vu et trouvé moyen il y a près de 20 ans et que j'avais presque intégralement oublié mais tout de même moins que certains autres, les images de celui-ci étant plus marquantes.
Et donc encore une réhabilitation mais surtout un constat indéniable :

Body Double > Vertigo

La première fois que j'ai vu Body Double, je n'avais pas vu le Hitchcock. Je n'avais pas vu Fenêtre sur cour non plus (et je ne l'a toujours pas vu) et j'ignorais donc qu'en fait, excepté le dispositif du témoin en vis-à-vis, De Palma s'inspire avant tout du film que beaucoup estiment être le meilleur Hitchcock voire un des meilleurs films tout court.

À l'instar de Pulsions, je pense que je n'apprendrais à personne qu'une grande partie du plaisir réside dans la relecture que fait le cinéaste de son modèle donc forcément, cette fois-ci, j'ai davantage kiffé voir comment De Palma vulgarisait Hitchcock. Il le rend "vulgaire", via un voyeurisme plus ouvertement affiché, via le monde du porno, via un sens du grossier assumé (et que je ne saisissais pas à l'époque, n'y voyant que du Hollywood Night ou pire comme le coup de "l'Indien") et ses meurtres jubilatoires (la méga-perceuse phallique à travers le sol avec sang qui coule, c'est le pire manière suggestive de comprendre le meurtre pour le protagoniste, c'est génial), mais il le "vulgarise" aussi en le rendant plus accessible, en lui enlevant sa mystique.

On n'est plus dans un film de fantômes comme pouvait l'être Vertigo, avec ses émotions internalisées, un film froid qui m'avait laissé de marbre malgré sa densité thématique.
À l'époque, j'en disais :
Citation:
Outre la prévisibilité du récit pour un spectateur découvrant le film en 2016 (twist grillé au bout de 20 minutes), ces longues scènes de filatures ont tôt fait d'entamer mon implication et m'ont fait décrocher du film, qui peine par conséquent à me faire croire, malgré le temps imparti, à la romance entre les deux protagonistes.
J'aime beaucoup ce que le film raconte, dans son terreau psychologique fait de doubles, de spectres et de faux-semblants et d'obsession morbide, mais il ne parvient jamais à me le faire ressentir. Je ne demandais pas forcément un film palpitant, parce que ce ne serait pas plus approprié, mais j'ai tout de même regardé ça avec un ennui poli.

Ici, ce fut tout l'inverse.
En lieu et place de l'illustre James Stewart en détective, on a un acteur raté cocu et voyeur pour ne pas dire fétichiste (le coup de la culotte... #chef'skiss) qui s'improvise enquêteur et héros. Cette fois, il n'est plus tant question de montrer un professionnel de la profession battre les méchants, comme dans Blow Out, mais d'avoir un blaireau auquel on peut s'identifier (et le cinéma de Brian De Palma n'a de cesse de nous rappeler à notre condition de voyeurs) et qui justement se rêve héros de la vraie vie mais n'est qu'un simple acteur.

Comme dans Blow Out cette fois, le récit rappelle le "gens du cinéma" à sa fonction, employé, exploité même, dans une mise en scène. Mais une fois de plus, plus encore même que dans Blow Out, c'est le rapport au faux que je trouve absolument fascinant et touchant.
Cette fois, De Palma n'arbore pas cette thématique par l'angle de la tragédie mais au contraire de la catharsis. Le faux est au coeur du récit dès le départ, avec à nouveau un film dans le film, plus cheap encore que ceux pour lesquels Travolta était preneur de son, et encore une situation dont la boucle devra être bouclée dans le climax, résolvant la claustrophobie du personnage. Le faux panorama sur lequel s'inscrit le titre, la fausse Gloria qui se masturbe, le travelling circulaire A-BU-SÉ quand Gloria et Jake s'embrassent sur la plage mais qui n'est qu'une vision de l'esprit, la concrétisation du désir sexuel mais pour le tournage d'un film de fiction (X qui plus est), le faux ami, la fausse tombe du début qui devient vraie à la fin mais qui nécessite un rêve (donc du faux) de retour sur le tournage avec le faux cercueil pour s'échapper du vrai... Pfooo, le vrai vertige, il est là.

Et j'aime comme le film ne tente aucune romance véritable, il assume qu'il n'y a que luxure. C'est là aussi qu'il y a démystification, voire cynisme.
Il n'y a pas le romantisme de Hitchcock ou de Blow Out mais l'emphase de la mise en scène nous garde tout autant dans la subjectivité du protagoniste. Dans sa perversité.

Après, ici aussi je trouve la filature du premier tiers longuette, moins puissante dans son évocation du trouble du désir sexuel que la scène du musée de Pulsions, même si la prévisibilité des retournements (qui m'avait gêné non seulement dans Vertigo mais lors de ma première vision de Body Double) m'a évidemment moins gêné ce coup-ci.

Et j'ai kiffé voir une nouvelle fois De Palma pervertir son modèle...

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MessagePosté: 01 Mai 2020, 19:35 
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Mec qui compare Blow Up et Blow Out sans avoir vu Blow Up, Proust et Phantom of the Paradise sans avoir lu Proust, Fenêtre sur cour et Body Double sans avoir vu Fenêtre sur cour.

Ah et...

Batman Returns > The Dark Knight


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MessagePosté: 01 Mai 2020, 20:09 
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Ce qui est ontologiquement vertigineux dans le film c'est
à quoi sert le personnage de Mélanie Griffiths si la vraie morte abandonne elle-même ses culottes dans les poubelles quand on la suit ?


une de mes tantes, ultra-bigotte, avait grillé qu'il s'agissait d'un rêve pendant tout le film dès cette incohérence, ce qui est psychanalytiquement très intéressant relativement à elle

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 01 Mai 2020, 20:29 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Ce qui est ontologiquement vertigineux dans le film c'est
à quoi sert le personnage de Mélanie Griffiths si la vraie morte abandonne elle-même ses culottes dans les poubelles quand on la suit ?


une de mes tantes, ultra-bigotte, avait grillé qu'il s'agissait d'un rêve pendant tout le film dès cette incohérence, ce qui est psychanalytiquement très intéressant relativement à elle

Ah pour toi tout le film est un rêve?

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MessagePosté: 01 Mai 2020, 20:30 
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Déjà-vu a écrit:
Mec qui compare Blow Up et Blow Out sans avoir vu Blow Up, Proust et Phantom of the Paradise sans avoir lu Proust, Fenêtre sur cour et Body Double sans avoir vu Fenêtre sur cour.

La marque des vrais cinéphiles.

Sinon, je n'ai jamais comparé. J'ai juste vu les influences.

Citation:
Ah et...

Batman Returns > The Dark Knight

Oh je peux le concevoir, les films sont tout deux sublimes et complètement différents.

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MessagePosté: 01 Mai 2020, 20:44 
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Film Freak a écrit:
Sinon, je n'ai jamais comparé. J'ai juste vu les influences.

Je trollais parce que ça commençait à faire beaucoup et que tu n’aurais pas laissé passer ça chez quelqu’un d’autre.

Citation:
Oh je peux le concevoir, les films sont tout deux sublimes et complètement différents.

Du troll là aussi mais c’est "constat indéniable" qui m’a fait tiquer vu que la supériorité n’a pas grand sens.

Meilleure manche de la coupe du monde : coupe-monde-quart-finale-vote-t19006.html?hilit=Body%20double


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MessagePosté: 01 Mai 2020, 20:51 
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Déjà-vu a écrit:
Film Freak a écrit:
Sinon, je n'ai jamais comparé. J'ai juste vu les influences.

Je trollais parce que ça commençait à faire beaucoup et que tu n’aurais pas laissé passer ça chez quelqu’un d’autre.

En fait, à part pour Proust (et encore, j'ai pas l'impression d'avoir dit une énormité), je me suis limité à l'incontestable.

Citation:
Du troll là aussi mais c’est "constat indéniable" qui m’a fait tiquer

Je trollais...

Citation:
vu que la supériorité n’a pas grand sens.

...en me basant sur un véritable ressenti de ma part.

Citation:

Admire l'intégrité : j'avais pas voté.

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MessagePosté: 01 Mai 2020, 20:56 
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Film Freak a écrit:
Admire l'intégrité : j'avais pas voté.

J’avoue que ça m’a surpris, du coup j’ai vérifié.


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MessagePosté: 01 Mai 2020, 21:05 
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Film Freak a écrit:
Vieux-Gontrand a écrit:
Ce qui est ontologiquement vertigineux dans le film c'est
à quoi sert le personnage de Mélanie Griffiths si la vraie morte abandonne elle-même ses culottes dans les poubelles quand on la suit ?


une de mes tantes, ultra-bigotte, avait grillé qu'il s'agissait d'un rêve pendant tout le film dès cette incohérence, ce qui est psychanalytiquement très intéressant relativement à elle

Ah pour toi tout le film est un rêve?


Je crois quand-même. Je ne me souviens plus mais est ce qu'on le voir rentrer dans le cercueil de la fin pendant le film à part au tout début ?

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MessagePosté: 01 Mai 2020, 21:12 
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Déjà-vu a écrit:
Film Freak a écrit:
Admire l'intégrité : j'avais pas voté.

J’avoue que ça m’a surpris, du coup j’ai vérifié.

Je continue ce soir avec Les Incorruptibles. Puis Outrages. Puis la découverte de Raising Cain en Director's Cut!

Et tsais quoi, j'ai même décidé de redonner une chance à L'Impasse (avec espoir) ET AU DAHLIA NOIR (sans espoir).

Par contre Passion va se faire foutre.

Mais je viens de dl Domino...

Vieux-Gontrand a écrit:
Film Freak a écrit:
Ah pour toi tout le film est un rêve?


Je crois quand-même. Je ne me souviens plus mais est ce qu'on le voir rentrer dans le cercueil de la fin pendant le film à part au tout début ?

Bah quand il se revoit dans le cercueil sur le tournage à la fin, c'est un rêve (il est pas en costume de vampire, il a ses fringues avec lesquelles il vient de tomber dans le trou) qu'il fait en pleine claustrophobie dans une tombe et qui lui permet justement de surmonter sa peur. Ce qui fait qu'on le voit avoir ré-obtenu le rôle dans l'épilogue.

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MessagePosté: 01 Mai 2020, 21:16 
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Je crois que la seule "réalité" du film c'est l'histoire du tournage et la crise d'angoisse, et que tout le reste serait un rêve ou plutôt un fantasme de Jake se raconte pendant la prise (et qu'en fait il parvient vraiment à sortir de la tombe au début en se le racontant mais que ce n'est pas montré).

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MessagePosté: 01 Mai 2020, 21:18 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Je crois que la seule "réalité du film c'est l'histoire du tournage et la crise d'angoisse, et que tout le reste serait un rêve ou plutôt un fantasme que Jake se raconte pendant la crise (et qu'en fait il parvient vraiment à sortir de la tombe au début).

Si c'était le cas, il porterait son costume de vampire lorsqu'il se revoit dans le cercueil à la fin.

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MessagePosté: 01 Mai 2020, 21:30 
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Film Freak a écrit:
Puis la découverte de Raising Cain en Director's Cut!

Ah non mate le cut de 92, pas ce fan edit (certes approuvé par De Palma) ! Et fais d’une pierre deux coups avec Powell en voyant Peeping Tom avant.


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