Baptiste a écrit:
12 Hommes en colère
Un peu déçu, le film a vieilli, notamment sur certaines lourdeurs de la mise en scène qui se sentent d'autant plus qu'il y a enfonçage de portes ouvertes dans le propos et la psychologie des personnages. Mais je crois vraiment que c'est parce qu'on est en 2009, en 1957 ça devait être autre chose...
4.5/6
on, allez, je m'y remet. Déja, Baptiste, je sais que tu a aimé le film mais que tu prends un malin plaisir à faire l'avocat du diable dans les discussions au coin du feu. C'est vrai que c'est dur de défendre la position du "bon film" lorsque trois personnes (dont moi) sont restées scotché et afirment que c'est un chef d'oeuvre.
Pour résumer notre precedente discussion, tes réserves portaient sur la prévisibilité du scénario, la lourdeur de la mise en scène, la typification des personnages, et enfin la morale simpliste sous-jacente.
Bon, j'ai un peu révisé ma position quand je l'ai revu le lendemain, et pourtant, je pense que le film n'aurait pas pu etre plus abouti.
C'est sur que c'est très prévisible: un seul va faire ébranler les impensés et préjugés des 11 autres et renverse le verdict. Il y a plus de suspense que de surprise, et c'est ça qu'il y a d'interessant. L'interrogation systématique des supposées preuves et des témoignages est aussi prévisible, car ce qu'on veut nous montrer c'est que le personnage joué par Fonda utilise une méthode.
Jusque la, que des trucs que tu sais déja, la ou je pense que c'est toi qui simplifies, c'est quand tu schématises la délibération par un combat entre la passion et la raison, chaque camp ayant leurs protagonistes. Ce film montre à mon sens comment il est difficile de délibérer lorsque sont confrontées des personnes avec des modes de raisonnement structurellement different (et j'insiste la dessus, ce n'est pas du verbiage). J'ai rencontré un prof de psychologie politique aux states, je devrais lui recommander ce film pour ses élèves.
Et c'est la qu'on rejette ou non la psychologisation des personnages. Comme ce film a une portée didactique, avoir recours à des 'types' de personnages est un procédé qui fonctionne très bien ici.
On pourrait en dire autant de la mise en scène. A ma première vision, j'avais été impréssionné par la maitrise du cadrage, de la spacialisation des personnages et du plan moyen. Le plan moyen (je sais pas si c'est le terme exact...) est parfaitement maitrisé et justifié pour selectionner les foyers d'interractions entre les differentes psychologies qui s'affrontent. Ces plans excluent hors champ certains personnages et traduit bien l'évolution du débat tandis que les plans d'ensemble nous renvoient, par contraste, au vote.
Bref, un film abouti sur la démocratie participative dont certains utopistes auraient tort de dévaloriser pour son apparent simplisme. Une petite claque visuelle et une grande honneteté intelletuelle.