Bon, puisqu'il n'y a que les sujets politiques qui fassent revivre le forum, tant pis si ça m'explose à la gueule...
Et pendant ce temps-là, Télérama célèbre la réforme des Universités...
L'interview de Béréziat n'est pas encore en ligne sur le site du magazine, mais il y a des tas de choses à redire dans sa conception des choses. Et puis des trucs qui m'ont fait bondir, par rapport à mon expérience de l'éducation nationale. Par exemple, quand il dit que les fils de prolos ne vont pas dans les classes prépas -- idée communément reçue -- j'aimerais bien lui faire visiter la prépa Jean Jaurès à Reims, où on entrait avec 12 de moyenne en Terminale (et pas au bac, hein, je dis bien en terminale -- j'ai eu mon bac avec 10 et des poussières sur 20, grâce à un merveilleux 3/20 en maths coeff 9, et ouais) et où la majorité des élèves était, justement, fils et filles de prolos. Bien sûr, je vais pas prétendre qu'à Henri IV c'est la même population, mais par contre je connais une fille de prolo qui y est passée, par H4. Donc cette "caste qui s'auto-entretient", moi ça me fait doucement rigoler. Après, j'ai pas de chiffres officiels, je ne sais même pas s'ils existent, mais lui non plus n'en fournit aucun. (par contre, ahaha, il en cite un de chiffre, qu'il connaît bien puisqu'il préside cette université : "à Jussieu, 15 à 16% seulement de nos étudiants sont d'origine populaire"... diantre, mais Jussieu ne serait pas une caste qui s'auto-entretient, des fois? eh, faut dire que c'est qqch, Jussieu, "Paris XIII (Seine-Saint-Denis) [...] [avec] son contexte géographique en banlieue nord de Paris[...], particulier, fait des efforts formidables, et son école de mathématiques est loin d'être mauvaise. Mais elle ne peut pas avoir la même fonction que la nôtre, classée comme une des meilleures du monde"... eh ouais, rien que ça)
Ensuite, lire un truc aussi aberrant que "à qui profite la gratuité de l'enseignement? Essentiellement aux classes bourgeoises", ça me rend dingue...
Ah, et puis, des choses fleuries du genre "on refuse par exemple d'inscrire un étudiant étranger s'il n'a pas le niveau". C'est marrant, hein, cette nécessité d'aller chercher l'exemple de l' "étranger"... C'est sûr qu'un bon français, même s'il n'a pas le niveau, ça vaut toujours mieux...
J'adore aussi la façon géniale de balayer les peurs de voir les universités se transformer en entreprises, par cette pirouette funambulesque consistant à dire que ça va dans le sens des souhaits de "1968, époque où l'on avançait même le terme d'autogestion!"
Bon sang, mais c'est bien sûr, l'autonomie des universités à la sauce Sarkozy, c'est l' "utopie" soixante-huitarde, plus le célèbre "réalisme libéral" !
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