Le grand rendez-vous cannois... J'ai déjà bien écumé les précédentes éditions du Festival mais on trouve toujours des films à voir.
Mon Festival de Cannes 2022 Mon Festival de Cannes 2022
France (4) Van Gogh de Maurice Pialat Je ne l'avais pas revu depuis une séance familiale il me semble au Palace de Moulins (j'étais jeune, je m'étais ennuyé). C'est quelque chose... Je connais un peu le mythe autour des derniers jours de Van Gogh, j'ai vu le film de Schnabel sur Netflix mais j'ai tout de suite été séduit par l'approche du personnage, à la fois naturaliste, fantastique (par le montage cut, les "apparitions" de la prostituée notamment) et romantique (avec ce personnage de la jeune fille). Si le film prend son temps (jusqu'à l'arrivée de Théo interprété par Bernard Le Coq que j'adore), le dernier acte est magistral - la longue scène de cabaret, la dispute avec son frère, le retour en train, ce regard de Dutronc hagard, déjà parti, cette apparition ensanglantée. 5/6
Va Savoir de Jacques Rivette La version longue s'il vous plait, soit 3h43 de marivaudage (le terme est volontaire), coupé par des scènes de représentation théâtrale en italien non sous-titrées. Bon, j'ai trouvé ça finalement assez digeste (à part les parties en italien), grâce au casting - j'adore Castelllito, de Fougerolles est à tomber et le Balibar-show m'a moins horripilé que parfois). On ne va pas se cacher : c'est long, surtout que le propos ne l'impose pas vraiment, mais va savoir, je me suis pris au jeu et ça m'a donné envie de voir d'autres films de Rivette. 4/6
Chocolat de Claire Denis Premier film de Claire Denis très différent du reste de sa filmographie, qui aborde le colonialisme par le prisme de l'amitié impossible entre une petite fille de cinq ans et un jeune homme noir employé comme boy par des colons blancs. Le début est vraiment très bien - jusqu'au problème de l'avion - après c'est un peu plus "caricatural" même si Isaac de Bankolé est toujours parfait. Le film avait fait près de 800 000 entrées (il en ferait 70 000 max aujourd'hui...). 4/6
La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix Je ne l'avais jamais vu, l'occasion était belle en guise d'hommage (et de mes rétro cannoises). Bon, Serge Daney avait raison, c'est atroce. L'esthétique publicitaire est omniprésente, les personnages sans consistances, les rôles féminins atroces et le récit (?) inintéressant au possible. J'ai subi... 1/6
Etats-Unis (3) The Player de Robert Altman Sunset Boulevard revisité par Robert Altman. La première heure est vraiment bien, avec Tim Robbins parfait en producteur menacé par les auteurs qu'il a méprisés. La réal est classe (joli plan-séquence pour débuter), les dialogues enlevés. La suite est moins aboutie, l'intrigue policière trop molle, la romance trop évidente. Je suis presque surpris du succès du film à Cannes (deux prix !) mais j'ai pris du plaisir à le découvrir. 4/6
Tommaso d’Abel Ferrara Willem Dafoe en double d'Abel Ferrara dans un film inégal, traversé de fulgurance (les errances dans Rome), un peu trop bavard et redondant aussi. A réserver aux fans du cinéaste (qui est aussi inégal que ce film, en fait). 3/6
Cosmos de Denis Villeneuve and co Un omnibus québécois que j'ai vu principalement pour le premier court de Denis Villeneuve. Surprise : c'est à la fois le plus sophistiqué techniquement et celui qui m'a le moins séduit (je n'ai su qu'à la fin quel court il avait signé). Par contre, celui mis en scène par André Turpin, chef op de la bande est très drôle et bien écrit. 3/6
Europe (8) La Merditude des choses de Felix Van Groeningen Et on poursuit les révisions cannoises avec ce film de Félix Van Groeningen dont je n'avais vu jusqu'à présent que le mélo XXL Alabama Monroe. L'affiche me vendait une comédie... et ce n'est pas du tout aussi évident. SI le rire enivré envahit la première partie, la gueule de bois est conséquente et le film d'être plus "profond" que prévu. On ne peut pas dire que l'auteur fait dans la dentelle mélodramatique mais le film m'a touché justement quand il ne bande pas les muscles, comme dans la belle relation entre le héros et sa grand-mère. 4/6
Je rentre à la maison de Manoel De Oliveira J'avoue avoir d'abord été attiré par la durée relative du film (1h25) mais dont le ressenti est hélas plus important... Avec de Oliveira, c'est un peu tout ou rien, soit je suis enchanté, bien pris dans le rythme, soit je m'ennuie. Ici, passée l'introduction, j'ai trouvé le temps très long. Il ne se passe objectivement pas grand chose. Si Piccoli est un immense acteur, certaines scènes (les chaussures, le dealer) font sourires... La fin est ceci très belle et j'aime bien la scène sur le visage de John Malkovich. 3/6
Nostalgia de Tarkovski norme morceau de cinéma, expérience totale de mise en scène qui bien sûr évoque le cinéma d'Apichatpong - et directement Memoria d'ailleurs, avec des séquences hallucinés magistrales. J'aime moins les séquences dialoguées (surtout avec elle) qui m'ont fait penser à Par-delà les nuages (ça doit être l'Italie ça) et donc la première partie m'a paru longue... mais quand e récit se recentre sur lui et son chant de l'exil c'est assez vertigineux. 4/6
Honneur de la cavalerie d’Alberto Serra Mon préféré de l'auteur catalan à ce jour, relecture du Don Quichotte de Cervantes, qui fait la part belle à la Nature et à l'amitié étrange entre le Quichotte et Pansa. Bon, ça reste pour cinéphiles avertis (c'est très lent) mais il m'en restera quelque chose, la tombée de la nuit, le regard du vieux fou, une émotion. 5/6
Le prince de hombourg de Marco Bellocchio Un film de Marco Bellocchio peu connu (enfin il me semble), qui avait eu les honneurs de la compétition à Cannes, adaptation d'une pièce de Heinrich von Kleist considérée comme l'un des chefs d'oeuvre de la littérature romantisme allemand (je lis l'affiche). C'est à la fois un peu bavard, et magnifiquement mis en scène (comme tous les Bellocchio ?). J'aime beaucoup l'idée du somnambulisme qui traverse tout le film, moins le jeu exalté du jeune acteur. Mais ça a le mérite d'être court (1h22), beau à l'écran et de paraitre hors du temps (j'avoue mal connaitre le conflit entre la Suède (!) et la Prusse) 4/6
The Long Day Closes de Terences Davies Je connais assez mal l'oeuvre de Terence Davies. J'ai beaucoup aimé son documentaire consacré à la ville de Liverpool et j'ai un souvenir vaporeux de ses films de fiction, si ce n'est qu'il filme magnifiquement les actrices - Gillian Anderson dans Chez les heureux du monde et Rachel Weisz dans The Deep Blue Sea. Film autobiographique, The long day closes tire sur la corde de la nostalgie heureuse avec des effets lyriques un peu surannés. C'est parfois très beau, mais ça manque un peu de nerf, à l'image de son jeune personnage principal. 3/6
Evolution de Kornel Mundruczo J'aime beaucoup le cinéma de Mundruczo Kornel dont j'ai vu tous les films sauf le tout tout premier (que je vais chercher). Déjà car il tente des choses, ose le lyrisme cinématographique, quitte parfois à aller trop loin (pas méga fan du plan-séquence de Pieces of a Woman) mais tant pis, ça peut aussi être ça le cinéma, un expérience cathartique. Bref, ici, pour Evolution, film sorti dans un anonymat relatif, Mundruczo et Weber racontent en trois plan-séquences impressionnants (même s'il y a des évidents points de coupe il me semble dans le dernier segment) comment une famille doit vivre et ressasser un épisode particulièrement traumatique.
L'introduction est magistrale, j'ai eu les larmes aux yeux devant ce bébé littéralement extrait des enfers - c'est l'affiche, je ne spoile pas plus). Le second longue discussion entre une mère et sa fille impressionne par le jeu des actrices. Le troisième est peut-être plus "symboliquement appuyé" et explicatif mais la scène finale justifie tout. D'ailleurs c'est un hasard mais l'enterrement m'a rappelé celui de Reflection, film ukrainien passé à Venise et aux Arcs et toujours pas sorti... Bref... beaucoup aimé malgré (ou peut-être grâce à) ses imperfections, son désir de faire cinéma l'indicible. 4/6
Funny Games de Michael Haneke je ne l'avais jamais vu. Déjà je ne suis pas très torture-porn, et je craignais un film insoutenable, ensuite car j'avais l'impression d'avoir déjà un avis sur le film sans l'avoir vu tant son propos est évident : une critique de la violence au cinéma et bien sûr une réflexion sur ce qu'attend le spectateur devant des films de divertissement macabre. La première heure est d'une rare efficacité : la mise en scène au scalpel, le jeu du hors champ, le physique des acteurs. Ensuite le film se fait plus long, plus démonstratif aussi, avec la (fameuse) scène de la télécommande, plus gimmick qu'autre chose. Je ne sais pas ce qu'Haneke pense de Squid Game (du mal bien sûr) mais ici le film est suffisamment radical et froid pour ne pas jouer sur une quelconque jubilation de la souffrance, c'est déjà ça. Mais les effets m'ont paru un peu daté, aussi car le film a eu une vraie (et involontaire?) descendance, sur la gestion du hors champs notamment. Bref, plus que le scénario, ce sont plus les acteurs (je me répète) et surtout elle, Susanne Lothar, que je trouve incroyables. 4/6
Si Loin, Si Proche de Wim Wenders Suite de l'un de mes films préférés all-time (et qui m'a fait découvrir Nick Cave, j'ai mis trente) ans pour m'en remettre), Si Loin, Si Proche ! résume la carrière de Wim Wenders. Une première partie touchée par la grâce, une seconde partie balourde, mal écrite et sur-signifiante. Otto Sander est excellent dans le rôle de Cassiel, apportant l'humanité nécessaire à cette histoire d'ange tombé du ciel mais le récit s'égare sur des rails policiers et historiques qui ressemblent à du Lelouch post année 90. C'est dommage car la ville de Berlin est toujours aussi bien filmée et la première heure (je me répète) est très belle. Mais j'ai lutté ensuite. 3/6
Asie (4) La fille du Nil de Hou Hsiao-hsien Curieux film "de transition" de Hou Hsiao-hsien, en pleine recherche de son style. On y retrouve des éléments de ses films suivants : le monde des petites frappes de Goodbye South Goodbye, l'héroïne perdue de Good Men, Good Women, la vie nocturne de Millenium Mambo, sans que cela s'incarne véritablement dans un récit si bien que je suis resté comme au seuil de la maison et des personnages. Par contre, comme toujours, c'est magnifiquement cadré si bien que ça se laisse regarder avec un certain plaisir cinéphile. 4/6
As Tears go by de Wong Kar-wai Je l'avais déjà vu lors d'une soirée Wong Kar-wai au Champo... mais je ne me souvenais que de Maggie Cheung (comment ne pas en tomber amoureux ?) et j'avais gardé le souvenir d'un polar brouillon et un peu "publicitaire". Pour un premier film, c'était quand même prometteur, car si le scénario est assez basique, WKW a déjà un sacré swag derrière la caméra, avec des décrochages narratifs dingo (ce moment sur Take My Breathe Away !!!), déjà des ralentis, déjà des néons, déjà du romantisme échevelé. C'est indiscutablement trop long, mais ça donne furieusement envie de retourner à HK manger des brochettes dans la rue. 3/6
Le Genou d’Ahed de Nadav Lapid J'aime beaucoup le cinéma de Nadav Lapid. Confirmation avec son dernier film, que j'avais manqué à Cannes pour cause d'agenda infernal. Je le regrette sincèrement tant déjà, devant ma télé, j'ai été impressionné par la richesse du scénario, la force de la mise en scène et la rage exprimée. Le personnage principal est un connard, oui, mais un connard qui refuse de baisser la garde devant l'avancée du fascisme d'Etat qui maintient sa jeunesse tremblotante dans un bunker de paranoïa. 5/6
Peppermint candy de Lee Chang-dong - LaCinetek L'un des premiers films d'un réalisateur dont j'aime beaucoup l'oeuvre, le sud-coréen Lee Chang-dong (et super souvenir de l'interview), qui fait remonter le temps à son anti-héros enragé (qui d'ailleurs entretient des liens avec le héros de Burning). Le film est assez inégal, avec des scènes fortes un peu trop à répétition pour nous faire comprendre que le gars n'est pas né salaud. Mais c'est aussi d'une grande ambition thématique et narrative, pour un deuxième film c'est assez bluffant. 4/6
Océanie Sweetie de Jane Campion Je n'avais jamais vu le premier film de Jane Campion, réalisatrice dont je trouve la filmographie très inégale (j'aime un film sur deux). Le début fait un peu peur - très ciné ricain indé, Miranda July a dû beaucoup le voir... -, mais dès que le personnage de Sweetie arrive à l'écran, le film prend une certaine ampleur (comme Sweetie). Si bien que j'ai trouvé ça intrigant jusqu'au bout, pour un premier film je comprends la hype de l'époque. 4/6
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