Oui, je m'amuse bien... Bon, ma sélection, comme ça j'aurais vu tous les films en compét (ou presque) des cinq dernières années
Mon Festival de Berlin 2016
Etats-Unis (3) Ned Rifle de Hal Hartley 2/6 Je savais même pas que c'était la suite de Henry Fool, film du temps de la gloire critique de Hal Hartley. Et bien ça a pris un sacré coup de vieux. La mise en scène est ultra-fauchée dans le mauvais sens du terme, le symbolisme lourdingue... après ça dégage un léger charme, surtout quand le film devient un peu plus un road movie. Les jeunes acteurs sont bien, surtout elle que je ne connaissais pas.
Queen of Earth d’Alex Ross Perry 3/6 Film curieux, difficile à aimer, qui suit une héroïne au bord de la schizophrénie, antipathique au possible qui détruit sa relation avec sa meilleure amie. Alex Ross Perry filme ça comme un film d'horreur psychologique, avec beaucoup d'effets dont je ne suis pas toujours très fan - influence Antichrist/Polanski. Elizabeth Moss est bien sûr incroyable, c'est vraiment la grande actrice de demain.
Upstream Color de Shane Carruth 5/6 L'un des films les plus bizarres que j'ai vu depuis longtemps. Un mélange de Lanthimos et de Dupieux en mode sérieux. J'avoue ne pas avoir tout compris, est-ce une métaphore du cancer ? une gigantesque séance d'hypnose méta ? enfin bref, ça m'a à la fois désorienté et fasciné.
France (2) Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot 3/6 Rarement vu une telle différence qualité entre la première et la seconde partie. Pendant une heure, c'est simple, j'avais l'impression du quasi-film français parfait: Catherine Deneuve en Milf Ultimate baladée dans la France profonde, rencontrant un mix entre Depardon et Kervern-Delépine. C'était bien, drôle, enlevé. Et puis comme souvent dans le cinéma français, on nous sort... le gamin tête à claque. Là le film part en vrille, une virée exotique au pays des miss, une romance abracadabrantesque avec le maire du plus beau village de France et Camille - pire actrice au monde, déjà que je supporte pas quand elle chante...
Mammuth de Gustave Kerven et Benoit Delépine 4/6 Gégé superstar dans un film tendre et mélancolique, qui se perd un peu au milieu, devient même longuet - et d'ailleurs sombre un peu dans le glauque facile, avant de finir sur une très belle note. Cela reste quand même du cinéma très précieux.
Europe (10)
Aferim de Radu Jude 4/6 Petit coup de coeur pour ce film qui malgré ses longueurs m'a rappelé l'excellent roman Karpathia. Même récit picaresque, même sentiment d'une région inexplorée au cinéma, le Far East européen avec ses croyances et son melting pot insensé. La mise en scène est composée de tableaux d'une grande puissance d'évocation. Et la fin glace bien le sang - surtout que c'est bien sûr une métaphore...
César doit mourir des frères Taviani 4/6 Oh, voilà une bonne surprise. J'en attendais rien et je trouve que c'est une des meilleures adaptations récentes de Shakespeare que j'ai vues. Alors bien sûr, faut passer par des aphorismes un peu surlignés, un musique au saxo improbable, mais le film est parvenu à m'émouvoir et il y a vraiment quelque chose qui se passe devant l'écran, comme une libération par le jeu et le théâtre.
Eisenstein de Peter Greenaway 4/6 Film éreintant, au bon et au mauvais sens du terme. Greenaway a du style, des idées de montage et de mises en scène assez uniques mais tout ce tourbillon est au service d'une idée pas très passionnante: la révolution sexuelle du réalisateur de la révolution d'octobre. Du coup, je suis plus sensible à la première partie qu'à la romance gay, j'aime bcp l'utilisation du folklore mexicain, par contre, et y a vraiment du style.
Barbara de Christian Petzold 4/6 Deuxième film de Petzold que je vois et même constat: il sait filmer son actrice, sublime créature froide qui te transperce le coeur à chaque sourire. Le scénario est assez pépère, prenant le temps de bifurquer vers différents registres... La mise en scène est très classe, la fin marquante, du bel ouvrage un peu sage.
Royal Affair de Nikolaj Arcel 3/6 Je m'attendais à quelque chose de plus fiévreux et moderne. Disons que c'est un bon téléfilm HBO sur la cour danoise, avec la belle Alicia Vikander et la gueule de Mads Mikkelsen. Le discours sur les Lumières me paraît complètement factice - j'adore le dialogue sensé provoquer le tourment du personnage sur la censure de la presse.
Katalin Varga de Peter Strickland 4/6 Premier film de l'auteur de The Duke of Burgundy qui joue déjà sur l'atmosphère plus que sur le scénario. On retrouve finalement les mêmes qualités et défauts que pour ses autres films: sentiment que le scénario tient sur une page, que le temps s'étire pour rien, mais aussi une vraie maîtrise de la mise en scène, la création d'un espace-temps différent et un scénario qui surprend les attentes des spectateurs blasés. L'actrice est très bien, les seconds rôles moins...
Submarino de Thomas Vinterberg 5/6 Le mélodrame réaliste qui fait mal... L'écriture est assez grossière, tous les malheurs du monde sur les deux "héros" jusqu'à la lumière.... Mais ça marche, car les acteurs sont déments, car la mise en scène de Vinterberg est précise comme un scalpel... Film éprouvant, too much certainement, mais c'est quelque chose.
Singularité d'une jeune fille blonde de Manoel de Oliveira 4/6 Curieux ce film, il dégage un charme assez immédiat, c'est délicieusement suranné, hors du temps, le propos est à la fois romantique et littéraire. La fin est brutale, mais elle participe au côté "rêvé" du film, d'autant que rien nous dit que le récit est vrai ou faux. Après, faut reconnaitre que sa durée est parfaite: le rythme lent et le jeu neutre de l'acteur font que cela s'endort un peu... Mais bon, voilà le deuxième film d'Oliveira que j'aime après l'étrange affaire Angélica.
Diplomatie de Volker Schlöndorff 3/6 La quintessence du 3/6. Soit une très bonne pièce de théâtre, bien jouée, transformée en film mou du milieu, avec son message "Paris est Magique" surligné au stabilo. Pas déshonorant, pas chiant - le film dure 1h20 -, juste qu'on est vraiment dans le théâtre filmé.
Le temps des rêves d'Andreas Dressen 2/6 Chronique d'une jeunesse allemande, le film tient une heure sur son énergie techno puis décline, décline, décline... Cela témoigne certainement d'une époque mais bon... je trouve aussi les flash-backs très mauvais, très forcés, surtout face à Submarino, par ex.
Asie (3) Apart Together de Wang Quan'an 4/6 Je n'avais rien vu que Wang Quan'an jusqu'alors, c'est effectivement du bel ouvrage, très bien écrit, très doux-amer sur un vieux taiwanais qui retourne en Chine revoir son amour de jeunesse. J'aime bcp ce qu'il fait autour de la nourriture et de la chanson, le ton tragi-comique. Bon ce n'est pas révolutionnaire (haha)
Postcards from the zoo d'Edwin 3/6 Petit film indonésien sur une jeune fille élevée dans un zoo qui devient masseuse dans un établissement de nuit. C'est jamais mis en scène d'une façon glauque mais ça peine à prendre une ampleur poétique.
La maison au toit rouge de Yoji Yamada 3/6 Surprenant le parcours de ce vieux réal vénéré à Berlin, quasi-inconnu en France. D'abord très conventionnel et théâtral, le film prend son envol dramatique au fil du temps, s'autorisant même quelques envolées lyriques - le bombardement de Tokyo, suivi des plans de nature avec l'héroïne qui pleure sur la voix-off. C'est très littéral, très classique mais ça a son charme sur la durée, à condition d'aimer les trémolos.
Amérique du Sud (2) The Milk of Sorrow de Claudia Llosa 2/6 Film étrange, j'ai eu l'impression que le temps s'étirait à l'infiniiiii malgré le charme de l'interprète et la poésie de l'ensemble. Les scènes sont parfois peu connectées entre elles, on a dû mal à comprendre ce qui se passe (ou alors je manquais de concentration). Après, il y a quelques plans pas mal mais bon...
Troupe d’élite de José Padilhla 1/6 C'est rare que je sois choqué par un film, mais là c'est un film de propagande produit par Robert Ménard, c'est juste hallucinant. Donc le film suit une troupe d'élite de la police brésilienne aux méthodes expéditives. Ok. Bon, pourquoi pas. Les gars torturent des dealers, tirent à vue, menacent d'enculer un témoin mais admettons. Mais en plus, tu as des étudiants bobos qui ont une ONG qui bossent avec les dealers, connards de riches. Heureusement, un étudiant passe du côté obscur de la force pour buter des dealers. Prise de conscience tu comprends. Mais le pire dans tout ça tient dans la voix-off qui surligne les enjeux, bombe le torse et dit: "bute le dealer une balle dans la tête et tu seras digne de me succéder", moi flic de choc qui prend sa retraite pour rester avec sa femme qu'il menace de frapper si elle ne respecte pas ses ordres à la maison. Au-delà du gerbant, vraiment.
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