J'ai pas compté les projets télé (le dernier épisode de Dark Angel, le documentaire sur le Bismarck) mais j'ai gardé quelques trucs particuliers. Je ne note que les longs métrages de fiction où Cameron a eu les pleins pouvoirs.
Xenogenesis (1978) La première fois que j'ai eu connaissance de l'existence de ce film, c'était grâce à IMDb et surtout au commentaire/résumé d'un internaute. On aurait dit un fake. Le mec expliquait comment ce court métrage étudiant contenait nombre de motifs du cinéma de Cameron : une illustration d'un homme-machine au bras identique à celui, décharné du Terminator, un robot-tank à chenilles similaire à ceux du futur de Terminator, une femme forte venant sauver le héros en se batant contre le robot-tank à l'intérieur d'une machine dont elle commande les membres, de manière sembable à Ripley contre la Reine dans Aliens. Improbable. Et pourtant vrai. Film séminal de 12 minutes (trouvable sur YouTube), il témoigne déjà de la patte et de l'ingéniosité de son auteur. Après c'est super mou (y a un duel de lasers interminable).
Piranha Part Two: The Spawning (Piranha 2 - Les tueurs volants, 1981) Sorte de crossover improbable entre Jaws et Les Bronzés avec cette histoire de simili-Club Med où tout le monde cherche à niquer mais va se faire boulotter par des poissons uniquement filmés en gros plans et souvent juste balancés à travers le cadre (oui parce qu'ils "volent"). Scénario de film de cul donc - ou de film d'exploitation vu que c'en est un - avec tout de même quelques prémices cameroniens : le personnage principal est une femme, qui découvre un complot de l'armée et que personne ne veut croire (comme Ripley dans Aliens), qui est une pro de la plongée sous-marine et dont le couple est en crise (comme Liz dans Abyss) vu que son mari c'est Lance Henriksen (Terminator, Aliens, Expedition Bismarck!) mais bon au-delà de ça et de quelques trucs intéressants (la toute première scène et la première attaque, muette), faut bien évidemment pas chercher grand chose dans ce nanar cheap.
The Terminator (Terminator, 1984) 5/6 - On va faire comme si le précédent n'existait pas (vu comme Cameron a été traité sur le film) et on va dire que celui-ci est son premier long métrage. Bah putain, la maîtrise... Que le mec se soit inspiré d'oeuvres d'Harlan Ellison, je m'en fous, il a crée un univers à lui qui regorge de richesses. Le monde post-apocalyptique de 2029, le pitch simple mais tellement parfait, les paradoxes temporels et cette vision tout droit sortie de l'enfer de l'endosquelette s'érigeant des flammes, qu'est-ce que j'aurai pas donné pour découvrir ça vierge de toute info en 1984 (j'ai vu le 2 avant le 1 quand j'étais gamin). Malgré l'aspect old school de l'ensemble, c'est d'une efficacité folle au niveau technique (tu sens l'école Corman derrière toutes les visions du futur, derrière les excellents trucages/maquillages, les bonnes vieilles rétroprojections durant les scènes d'action, etc.) mais aussi narratif (l'exposition DURANT l'action, toutes les scènes calmes illustrant la relation naissante entre Kyle Reese et Sarah Connor). C'est juste la série B de SF nickel, la quintessence de l'excellent cinéma fauché... Quelques trucs jurent aujourd'hui (la coupe initiale et le premier manteau de Schwarzie) mais la plupart sont cultes (le Tech Noir, la scène à la Un chien andalou, "I'll be back") et ça doit être un des films où j'aime le plus l'utilisation du ralenti, comme elle donne du poids au Terminator sans faire dans l'excès (son entrée chez la première Sarah Connor, la scène dans la boîte de nuit) et puis j'adore la gueule de Biehn, ça doit être l'acteur '80s dont je regrette le plus la disparition des écrans. Et puis c'est la naissance d'un auteur : la menace de de l'holocauste nucléaire, la femme forte, les dangers de la technologie, tous ces thèmes et cette esthétique qui reviendra de film en film dans un parcours tout bonnement sans faute.
Aliens (Aliens - Le Retour, 1986) 6/6 - le film allait initier une marque de fabrique du père Cameron : la version longue. Et là où ça pourrait sembler être le caprice d'un auteur perfectionniste, je les trouve toujours pertinentes et meilleures que les versions courtes. Les rajouts vienne toujours donner encore plus de sens au récit. Ici, ils font de Ripley une mère. Tout simplement. Une donnée majeure qui accouche d'une toute autre thématique principale pour le film, tout bonnement absente de la evrsion courte. Ripley avait une fille, aujourd'hui morte et s'en trouve une de substitution, Newt, devenant ainsi la seule capable de combattre la Reine Alien. Cameron a l'intelligence de ne pas jouer sur le même terrain que Scott et son délire sexuel (les designs pervers de Giger, l'Alien monstre phallique, Ripley en culotte). Il y substitue un délire maternel et donne naissance pour moi à la plus belle de ses femmes fortes. A côté, le film joue habilement la carte de la surenchère, non seulement dans l'univers (Weyland-Yutani développée, le système "reproductif" des Aliens...même si j'aime moins le design des crânes d'aliens selon Stan Winston) mais évidemment dans le genre. Influencé par la guerre du Vietnam avec ses soldats plongés dans un environnement hostile où ils sont dépassés. Il n'y a plus un mais des centaines d'Aliens et la machine de guerre n'y peut quasiment rien (avec encore et toujours la menace du recours au nucléaire). Belle galerie de personnages également et puis le face à face final, avec l'exosuit (ou comment Cameron témoignait déjà d'un amour pour la japanime), c'est juste cadeau.
The Abyss (Abyss, 1989) 6/6 - Le film le plus personnel de Cameron? On a ici tous les thèmes habituels mais en plus de cela, on y sent également sa passion pour la plongée sous-marine. Avec Titanic, c'est sans doute aussi son film le plus humain. Y a fort à parier que la relation amour/travail de Bud & Lindsay soit inspirée de son couple avec Gale Ann Hurd (qui était également sa co-scénariste et co-productrice). Le premier degré violent de la fin de la version longue (une fois de plus, une valeur ajoutée indéniable) avec son montage grave de champignons nucléaires et autres images de guerre suivi du "Love you wife" salvateur me fait également penser qu'il s'agit de l'oeuvre dans laquelle Cameron a le plus laissé parler son coeur (la menace nucléaire dans les Terminator s'incarne avant tout sous forme de pessimisme et dans Aliens et True Lies, c'est juste du ressort scénaristique). L'ouvrage s'en retrouve alors plus fragile mais du coup plus valeureux. La tension va crescendo et le dernier tiers, avec ces morts/résurrections et son apothéose finale, est d'une force rare. Et puis l'aquatentacule, c'est fabuleux.
Terminator 2: Judgment Day (Terminator 2 - Le jugement dernier, 1991) 6/6 - Le film n'est pas juste pionnier pour ses SFX (dont seulement 15% paraissent datés aujourd'hui) mais aussi pour sa nature de père du blockbuster tel qu'on le connaît de nos jours. Là on est plus dans de la série B. La structure a beau reprendre celle du premier film (un ou des gentils, deux voyageurs dans le temps, l'un pour les tuer, l'autre pour les protéger, et hop road movie de fuite), le film se voit conférer une ampleur bien supérieure au précédent. Je le trouve tout simplement révolutionnaire dans sa manière de faire du film d'action estival un spectacle réussissant à alterner morceaux de bravoure massifs (les diverses poursuites, l'attaque de Cyberdyne) avec de nombreuses et longues scènes de développement des personnages (c'est le plus émouvant des trois films). Avoir réussi à créer de l'émotion à partir d'une scène d'un robot joué par un bodybuilder à l'accent schleu en cuir qui crève le pouce levé c'est juste le plus grand défi de tous les temps. Et l'autre défi, c'est cette innovation formelle des effets numériques qui n'est aucunement gratuite. Faut voir ce que Cameron en fait, le nombre d'idées qui en naît, comment il l'exploite. Il aurait pu se limiter à un truc genre "il craint pas les balles" ou "il peut juste prendre l'apparence d'autrui" ou "il peut juste transformer ses mains en armes blanches" ou "il peut juste prendre forme liquide et passer à travers des barreaux", mais non, c'est tout ça à la fois et plus encore... et le tout graduellement, comme dans le premier, vers une révélation finale qui surpasse presque la surprise de la fin du premier : le mec tué par nitrogène liquide, explosé, puis fondu et reformé. J'aime d'ailleurs les rajouts de la version longue, que je trouve vraiment utiles, pertinents, tant pour ce qui est des personnages comme j'en parlais plus haut (on développe la relation John Connor/Terminator avec la scène du reboot de la puce, le tourment de Sarah) que purement pour le scénario (John qui devine que le T-1000 a pris l'apparence de sa mère en grillant le "bug" post-reformation du T-1000 qui prend involontairement l'apparence de ce qu'il touche), etc. C'est aussi un modèle de suite, qui transcende son aspect "remake en mieux". Un de mes films préférés.
True Lies (True Lies, le caméléon, 1994) 5/6 - Seuls McTiernan et Cameron auront su non seulement comment employer le bodybuilder mais surtout comment exploiter son talent comique. Déjà dans T2, Cameron se permettait un certain second degré vis-à-vis du perso et là il y va à donf en reprenant La Totale pour en faire une espèce de pastiche de James Bond (première scène "fin de mission" et action démesurée : poursuite cheval/moto dans l'hôtel, sauvetage hélico/limousine sur le pont, jet vs. terroriste à la fin) où les scènes d'action valent les scènes de comédie (énorme Bill Paxton) et vice versa, dans la plus pure tradition du cinéma d'action de la première moitié des '90s. Mais au-delà de la figure incarnée par Schwarzie, c'est de son propre cinéma que Cameron se joue (Schwarzie qui met les lunettes de soleil et casse des vitres, Jamie Lee Curtis en femme pas forte...qui le devient, le champignon nucléaire devenu l'équivalent d'un feu de cheminée pendant que le couple de héros s'embrassent). Evidemment mineur mais super fun.
T2 3-D: Battle Across Time (1996) Bon c'est du gadget ce film, une espèce de gros gag qui ne pourrait concrètement s'inscrire dans le canon officiel de la saga, le T-800 y fait des blagues, y a un T-1000000, et puis voilà c'est une attraction du parc Universal Studios quoi...MAIS c'est aussi les prémices d'Avatar : outre la 3D avec laquelle Cameron expérimentait pour la première fois, la dernière partie du film se déroule non sur un mais TROIS écrans de cinéma côte-à-côte. Ce sont les débuts de la recherche d'une expérience immersive pour l'auteur (avec même une partie du spectacle en live, avec des acteurs dans la salle). Diablement fun. On peut en trouver des bouts (en 2D) sur YouTube.
Titanic (1997) 5/6 - au début, il y avait l'attente, puis la mauvaise réputation, puis les premiers échos, lorsqu'enfin il y eut la découverte, en salles, il y eut déception. Ensuite vint le phénomène, le battage, les pisseuses, l'italienne qui va voir le film 47 fois au cinéma : le relouïsme. J'en suis venu à presque détester le film. J'attends 3 ans pour le revoir, plus mature, je l'apprécie davantage à sa juste valeur, débarassé de la hype casse-couilles, j'admire le travail imposant du metteur en scène, mais je trouve tout de même le film trop calibré, même si efficace du coup. Quatre ans plus tard, je le vois pour la troisième fois en DVD, ce qui est révélateur c'est que mon film préféré c'est le deuxième des deux disques qui contiennent le film, qui commence juste après que le navire ait percuté l'iceberg. Il est là le film que j'étais venu voir. Et à nouveau quatre après, en 2009, quand je l'ai revu, j'ai toujours un peu de mal à vraiment être à fond sur cette romance (moi les scèens en proue, "I'm the king of the world" ou "I'm flying", bof) et cette lutte des classes et la volonté de classicisme de Cameron qui, de par son genre, me rebute un peu (le méchant, j'y arrive pas, le coup du vol du diamant, etc.)...alors que le film-catastrophe de la deuxième partie est juste chef-d'oeuvresque, pas juste dans la reconstitution, la minutie du détail, technique ou narrative (qui est juste époustouflante), mais dans la mise en scène, engageante, terrifiante, émouvante, excitante. Revu en 2020 et cette fois, c'est bon. Comme Brock, j'ai enfin ressenti. J'ai été charmé par la vie du couple et du paquebot-métaphore et j'ai à nouveau kiffé toutes ces petites scènes DANS les scènes, comme le mec qui braque les passagers puis qui remplit son revolver de balles APRES, ou le suicide de Murdoch, ou le couple sur le lit, ou Tir na nog ou le dernier plan, fabuleux.
Ghosts of the Abyss (Les Fantômes du Titanic, 2003) Documentaire pas follement passionnant pour une aventure située quelque part entre les deux films auxquels font références les titres original et français, dont l'intérêt est crée par l'IMAX 3D.
Aliens of the Deep (2005) Pas vu. Je soupçonne un truc similaire à celui du dessus.
Avatar (2009) 6/6 - Un rêve éveillé, une expérience sensorielle, un spectacle épique. Sur un canevas classique, Cameron tisse un nouvel univers, une nouvelle mythologie, et c'est un enchantement de tous les instants. Beau dans la forme comme dans le fond (Jake dans les bras de Neytiri!!!!).
En gros, je préfère quand Cameron fait de la SF.
Moyenne : 5.6/6
Top : 1. Abyss (1989) 2. Terminator 2 (1991) 3. Aliens (1986) 4. Avatar (2009) 5. Terminator (1984) 6. Titanic (1997) 7. True Lies (1994)
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