Forum de FilmDeCulte

Vous voulez voir une affiche bien moche?





Lolita n’aime pas sourire. Kévin ne sait pas se vendre. Hamid n’aime pas les chefs.
Ils ont vingt ans. Ils sont sans diplôme. Ils cherchent du travail.
Pendant six mois, les coachs d’un cabinet de placement vont leur enseigner le comportement et le langage qu’il faut avoir aujourd’hui pour décrocher un emploi.
À travers cet apprentissage, le film révèle l’absurdité de ces nouvelles règles du jeu.

Après les ch'tis à Ibiza et les ch'tis font du ski, voici les ch'tis à Pôle Emploi. Enfin pas exactement, vu que les réalisateurs ont filmé dans un cabinet de placement mandaté par l'Etat de suivre le parcours de jeunes souvent sans diplômes, filmer à Pôle Emploi étant de leur propre aveu trop compliqué au niveau des autorisations de tournage mais aussi trop désespérant. Bon, le nouveau Bories/ Chagnard n'est clairement pas le miracle documentaire des Arrivants (sans doute manque-t-il les moments de décrochage hors du cabinet qu'on trouvait hors de la cafda) mais perpétue leur montage de l'entretien entre ces jeunes parfois un peu butés ou branleurs et ces coachs qui cherchent à développer leur "employabilité" en leur inculquant des discours types d'éléments de langage à balancer en entretien de motivation pour booster leur positivité. Découpés en chapitres un peu paresseux débutant par un petit carton-teaser du genre "Lolita a un gros défaut" ou "Kevin veut tuer son frère", Bories et Chagnard traquent le petit geste désinvolte ou le mot malheureux lâché quand les jeunes sont à cran, dont la sincérité passe souvent pour de l'extrême naïveté (il faut voir comment Lolita refuse systématiquement d'adopter les conseils de ces coachs sous prétexte qu'elle se doit dire de la vérité, quand bien même elle la fait passer surtout pour la Kathy Bates de Misery). Encore une fois, les réalisateurs n'orientent pas leur film en dénonçant les pratiques du cabinet (surtout que les coachs ne sont pas forcément payés très au-dessus du smic maximum que peuvent viser les déclassés du système scolaire qu'ils conseillent) ou en ayant un regard cynique sur les intervenants, et leur film oscille souvent entre drôlerie pure et retour déprimant à la réalité, où l'euphorie du décrochage de job rejoint vite les désillusions d'un boulot ingrat et d'un salaire de misère.
4/6

Vivement la suite à Marseille

J'ai trouvé ça télévisuel dans la forme, facilement ironique dans le fond et complètement raté en tout. Grosse gueule de bois après Les Arrivants.

_________________

*

Les règles du jeu est un documentaire magnifique, subtil, qui met en scène la folie du monde actuel en filmant des jeunes inadaptés au système. Lolita cherche un poste en cuisine collective, poste pour lequel elle est à l’évidence tout à fait compétente. Mais elle refuse de mentir aux recruteurs pour adopter leurs « codes », car sa principale qualité, justement, c’est la franchise. Et elle y tient ! Kevin veut travailler dans la construction ; les coachs veulent qu’il investisse dans des souliers vernis pour mieux « se vendre » lors des entretiens d’embauche. Mais Kevin résiste, car d’abord il n’a jamais porté que des baskets, et qu’en plus c’est tout de même plus pratique pour travailler dans la construction... Sa conseillère pousse Thierry à se mettre en quête d’un CDD alors que lui préfère enchaîner les contrats d’intérim. Quand le contrat est finalement signé, sa joie est d’ailleurs de courte durée, puisqu’il se retrouve vite exploité, multipliant les heures supplémentaires non rémunérées. C’est l’absurdité des « règles du jeu » de ce qu’on appelle désormais le « marché de l’emploi » que mettent en scène les réalisateurs, en filmant avec beaucoup de respect des jeunes qui rejettent ces règles. Cette résistance des jeunes en question face à une société écrasante dans laquelle ils se retrouvent « superflus » est bien la seule note d’espoir de ce documentaire superbe. Car, face à la dignité des jeunes, l’impuissance des coachs qui cherchent à leur inculquer un discours et des valeurs aliénantes qu’eux ont intégrés est terrible. Pour conclure, un très beau film, très bien fait, à voir !

Attachée de presse?

Non : prof d'espagnol à Lyon. J'ai vu le documentaire samedi dernier dans le cadre du festival ACID et j'ai beaucoup aimé. Je n'étais pas la seule dans la salle à être enthousiasmée par le film, d'ailleurs : j'espère que d'autres personnes en témoigneront !