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Red River en VO.



Tom Dunson a construit un empire du bétail avec son fils adoptif, Matthew Garth. Ensemble, ils partent avec un troupeau de dix mille bêtes à convoyer du Texas au Missouri. Mais la tyrannie de Tom commence à effrayer les hommes embarqués dans cette aventures...


Légers spoilers. Ce cinéma masculin, dur, efficace, direct, sans chihi ni mélancolie, de bonne camaraderie... bref, tout ce qui fait le cinéma de Hawks arrive ici à un point d'ébullition. Malgré l'ampleur des grandes plaines aux 10 000 bêtes (masses violentes occupant toute la place, dont le chaos serré répond parfaitement au bouillonnement viril du film), on reste en fait très étouffé par le resserrement sur quelques personnages, et sur des enjeux très utérins : s'approprier une terre par la violence, idéaliser papa puis vouloir le tuer, jouer à se comparer les fusils avec son frère pour être le préféré, désirer une femme qui va désirer mon père... Bref, tout un blougiboulga psychologique intense, presque fiévreux, qui croît discrètement, les personnages peinant à formuler clairement ce qui prend petit à petit un caractère d'évidence : le personnage de Wayne est devenu fou. Exactement la même hésitation que celle qui frappe le film, celui-ci peinant à tracer une frontière nette entre les moments où Hawks admire ce modèle de virilité sûre d'elle-même, qui donne les ordres et refuse tout commentaire, et les moments où il la trouve déviante, désolante.

Plusieurs problèmes empêchent le film d'atteindre l'ampleur désirée. Déjà, deux seconds rôles (l'autre fils, puis la femme) restent trop peu vus, trop peu imbriqués dans la narration, l'un disparaissant au fur et à mesure (dès que le scénariste n'en a plus besoin), l'autre n'ayant pas assez de background pour avoir une légitimité à résoudre d'un coup tous les enjeux du film.

Autre chose : les déplacements récurrents de bestiaux, moteur rythmique qui fait avancer l'histoire comme par à-coups, ne sont pas très bien liés au reste des péripéties (même si on sent bien, en voyant les bêtes se rependre dans la ville, que quelque chose se résout - et que, par là-même, quelque chose à travers ce troupeau était formellement et narrativement au travail). La ligne qu'ils dessinent, l'évolution qu'on aimerait y lire, reste assez brouillonne. J'ai lu entretemps qu'Hawks déléguait ce genre de scène à un autre réal, et de là vient peut-être déjà une partie du problème...

Un très bon Hawks au final, assez imparfait mais centré sur un conflit cru et fort.

Vu il a quelques mois. D'accord avec la critique. Un film agréable dont l'intérêt tient plus dans la confrontation du vieux borné comme pas deux avec le mignon petit Clift que du déplacement des boeufs (le trajet reste bien tranquille).
Je garde un très bon souvenir de la scène finale : encore une preuve du bon sens des femmes par rapport à celui des hommes!

Souvenir de légère déception face à un film adulé par les hawksiens purs et durs. Je n'ai pas grand chose d'autre à dire de plus, j'ai déjà bien oublié ce film malgré une certaine intensité, effectivement.

Avec ça et Rio Bravo notamment, pour l'instant les westerns de Hawks je suis pas si fan que ça.

Rio Bravo je trouve ça des lieues au-dessus quand même : c'est une machine de guerre totale, tout est parfaitement à sa place, tout est unifié, resserré autour de l'essentiel, cohérent, c'est d'une sur-efficacité de tous les instants. Ici si c'est parfois intense, c'est aussi parce que c'est très instable et perfectible.


Je sais pas s'il est si féministe que ça, Hawks... La femme y révèle souvent aux hommes ce qui les lient entre eux, mais ne prend pas place dans ce groupe : cette camaraderie/fraternité masculine reste célébrée placée au-dessus de tout. Bon, faudrait en voir plus pour conclure un truc pareil...

Il faut tenter La Captive aux yeux clairs et El Dorado.
Mais bon, si tu as pas aimé Rio Bravo, pas sure que ca te touche plus.



Je disais ca ironiquement. Sinon c'est certain que dans le film, elle reste souvent en retrait.

Dommage pour la fin qu'ils n'aient pas gardés celle du livre, beaucoup plus dark.

C'est quoi, par curiosité ? (en spoiler, pour pas donner d'indications à ceux qui auraient pas vu le film)

J'aime beaucoup ce que le film raconte, que ce soit dans le macro (le récit de la première conduite de bétail à travers le pays comme toile de fond d'un conflit ouvrier sur l'exploitation tyrannique d'employés par leur boss) ou dans le micro (la relation œdipienne entre un homme et son fils adoptif) avec tout ce que ça charrie de portée thématique (la construction de l'Amérique sur le capitalisme), de réflexion sur le genre (il est toujours question de notion de justice et de masculinité mais via le monde du travail et non du banditisme) et même de dimension métafilmique (le casting de John Wayne, icône du western et jeu à l'ancienne, face à la découverte Montgomery Clift, en proto-Actors Studio et futur habitué des rôles plus sensibles, destiné à le supplanter) mais je mentirais si je disais que l'exécution m'avait transporté.

J'aime bien l'introduction, succincte, entre la perte de l'être aimé, la violence contournant la censure avec le meurtre dans l'eau, la narration par le symbole visuel (le bracelet comme leitmotif tout le film), la caractérisation du jeune Matt, et j'apprécie le dernier tiers, avec ce personnage féminin vaguement hawksien qui vient apporter le point de vue de l'auteur (même si c'est précipité dans ce final qui change donc du matériau de base) mais toute la partie centrale m'est tout de même apparue quelque peu redondante, avec une colère larvée plus qu'un crescendo, et ça culmine avec la confrontation qui est au centre du film et qui rend tout ce qui suit pareillement un peu en sous-régime (pas ressenti de tension à l'idée que Tom le traque).

Formellement, tu sens que Hawks préfère ses scènes de confrontations entre hommes. Les scènes de bétail sont impressionnantes mais je ne suis pas étonné d'apprendre que, comme pour sa comédie musicale, il a laissé ces morceaux de bravoure à un autre.

Déception donc face à ce film réputé comme un des meilleurs western ever.

La semaine prochaine, Rio Bravo, qui sera j'espère à la hauteur de sa réputation. Et j'aurais fini ma petite sélection Hawks.

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