Forum de FilmDeCulte

Un shérif arrête le frère de l'homme le plus puissant de la région. Il n'a pour alliés qu'un adjoint ivrogne, un vieillard boiteux, un gamin, une joueuse de poker et un hôtelier mexicain, et contre lui une armée de tueurs.

En fac de ciné, tu choisis différents UFR et, curieux de comprendre un mouvement de cinéma qui m'échappait, j'avais choisi "La Nouvelle vague". La seule chose que j'en retiens, c'est quand, au premier cours, le professeur, M. Gerber, nous avais dit "le cinéma en mort en 1959 avec Rio Bravo". Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire par là et, maintenant que j'ai vu le film, je ne suis pas plus avancé.

Mais le plus déconcertant, c'était de découvrir, après des années à avoir lu et entendu que le film avait servi d'inspiration pour Assaut (et donc Nid de guêpes), qu'il ne s'agissait...pas d'un film de siège?

Là où j'attendais un récit resserré sur un court laps de temps diégétique, suivant un shérif et ses adjoints retranchés dans un lieu unique à repousser les attaques de bandits (et potentiellement s'allier à un taulard), je me suis retrouvé face à un film de 2h20 qui se passe certes principalement en intérieur mais s'étale sur plusieurs jours et où les (rares) confrontations, dont la dernière, se déroulent toujours en extérieur.

Après l'excellente introduction muette, il m'a donc fallu un moment avant de comprendre qu'il fallait que j'arrête de me dire "elle est longue l'exposition, quand est-ce que ça commence?" et que j'accepte...bah qu'il s'agissait d'un film d'Howard Hawks, autrement dit plus intéressé par la peinture d'un microcosme (composé d'hommes et d'une femme) que par la progression d'une intrigue. En effet, j'ai trouvé ça très proche de Seuls les anges ont des ailes, les hommes de loi de l'ouest remplaçant les pilotes, avec ce même personnage féminin qui débarque dans ce monde et s'entiche du patron bougon mais bonne pâte.

A cet effet, si je goûte toujours autant aux échanges screwballesques entre tourtereaux (et d'ailleurs le film est très régulièrement drôle, notamment grâce au comic relief assuré par Walter Brennan, dont les répliques me font marrer à chaque fois, surtout quand elles sont hors champ), j'ai surtout accroché à la relation entre le shérif interprété par John Wayne et son adjoint en sevrage campé par Dean Martin. Ce n'est pas la bromance Earp/Holliday mais un rapport grand frère bienveillant/petit frère qui veut se racheter vraiment touchante. Elle remplace la dimension tragique du métier dangereux des pilotes.

Cela étant dit, une certaine tension sous-jacente demeure derrière la légèreté générale, avec cette menace sourde comme épée de Damoclès, héritée du Train sifflera trois fois. Peu importe d'ailleurs que la naissance du projet soit due à une volonté de Wayne et Hawks de répondre au film de Zinneman que le premier estimait "un-American" et l'autre contraire à ses valeurs, j'apprécie la célébration de la communauté qu'en fait le cinéaste, de gens qui veillent les uns sur les autres. Quentin Tarantino en parle comme d'un "hang out movie" et c'est tout à fait ça. On finit par se foutre de l'arrivée imminente de tueurs, on kiffe surtout de traîner avec ces personnages.

Et la mise en scène de Hawks en impose dans sa capacité à imprimer le rythme nécessaire à ces discussions en huis clos pour que l'on ne s'ennuie jamais malgré la durée, insérant juste quand il faut un conflit, toujours informé par la dramaturgie (l'arc de Dude) pour mieux y infuser la tension, et souvent par le biais du symbolisme (le sang dans la choppe de bière, l'attaque surprise alors qu'il observe son reflet dans l'eau tel Narcisse). Il y a une science simple du mouvement aussi, souvent réfréné et d'autant plus éloquent quand il se fait plus ostentatoire, comme lors du dialogue final entre Wayne et Angie Dickinson et qu'elle commande la caméra par sa présence et ses déplacements, Hawks signifiant son pouvoir. Quant au climax littéralement explosif, j'en parle même pas, c'est top.

Et j'ai donc fini ma petite sélection Hawks, à l'issue de laquelle mon top serait le suivant :

1. His Girl Friday
2. Rio Bravo
3. The Big Sleep
4. Only Angels Have Wings
5. Gentlemen Prefer Blondes
6. Red River
7. Bringing Up Baby
8. Scarface
9. To Have and Have Not

En se basant sur cette liste, y en a-t-il que je devrais rattraper?

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La Captive aux Yeux Clairs très bon "western" un peu décalé par son ton (d'abord guilleret puis brutalement âpre, potentiellement pro-indien, mais en même temps les personnage centraux restent bizarrement extérieurs à l'action, dans un climat d'initiation onirique), et son ancrage géographique (vers le Montana et en contact avec des Niitsítapi et Crows ainsi que des Métisses canadiens, et en bateau -halé contre le courant du Missouri plutôt qu'en cheval) et de très bons Kirk Douglas et Arthur Hunicutt

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He pays penance to the air above him

N.O. - The Him

Je dirais aussi Sergeant York.

Je citerais aussi "The Big Sky" (La captive aux yeux clairs). Un film qui redonne toujours une vraie fraîcheur au genre. par son sens de l'aventure.

Monkey Business.

Peut-être qu'il veut dire que c'était à ses yeux un cinéma relativement sophistiqué mais "naïf", sans réflexivité post moderne (ou sans doute ni culpabilité par rapport à l'histoire) qui montre sans avoir à justifier son existence face au spectateur.

Si on prend le western, des trucs comme l'Homme aux Colt d'Or de Dmytryk (et son match Fonda-Widmark, et l'idée d'une ville dont n'importe qui peut être le sherif ou son antagoniste si cela l'amuse) sorti aussi en 1959 sont déjà dans la relecture du genre (avec un élément psychanalytique) et la chorégraphie de la violence à la Peckinpah

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He pays penance to the air above him

N.O. - The Him

Scène qui a inspiré celle fameuse de la tartine dans Le boucher, moment qui m'avait tellement impressionné quand j'avais vu enfant le film de Chabrol à la télé.

De la même manière, de tous les films de Hawks vus gamin, jamais oublié l'angoisse ressentie devant The thing et ma déstabilisation face à ces personnages hyper bavards dont les paroles empiétaient les unes sur les autres, comme dans la vie. Une première expérience de la modernité, mais je le savais pas encore.

Précision : quand je disais "en se basant sur cette liste", c'était pour dire "en vous basant sur mes goûts/sur ceux que j'ai préféré", lesquels pensez-vous que je devrais rattraper.

Peut-être que vous aviez déjà pris ça en compte dans vos réponses mais je tenais à le signaler.

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Ptite rétro complétiste làààà
y'a qu'une quarantaine de films.

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You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

BILANS CINEMA : 2023 I 2024

Ouais nan, surtout les réals qui ont commencé dès le muet là, c'est pas possible. Ma watchlist compte déjà 406 films à l'heure actuelle...le complétisme me gagne quand il ne m'en manque vraiment qu'une poignée (genre clairement, l'intégrale Walter Hill, c'était pas forcément la peine).

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Monkey business. Ouais je lis avant de répondre.

J'avais lu mais me demandais si ton but était de découvrir d'autres films voire (soyons fous) discuter de Hawks, ou bien simplement de valider la petite sélection que tu avais de toute manière déjà faite pour afficher maladroitement par nos approbations un statut individuel de "super-cinéphile à la fois genre et classique", et ai à présent la réponse (qui ne faisait guère de doute) .

Pour les miroirs, IKEA marche mieux qu'Internet tu sais.

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N.O. - The Him

C'est une liste de films que j'ai déjà vus (et d'ailleurs tous chroniqués ici donc tu peux remballer ta pique sur discuter de Hawks) que je classais et présentais non pas pour votre validation (dont je me fiche) mais justement pour voir, selon vous, quels autres pas encore vus pourraient me plaire.

Je ne sais pas trop pourquoi t'as pris la mouche de cette force mais je pense avoir ma réponse aussi.

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En vrai, je t'ai inclus mais tu es le seul dont je doutais pas vu que tu as recommandé une comédie.

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Honnêtement, je n'ai pas suffisamment en tête les films de ta liste pour savoir où situer "The big sky" - mais l'aspect "hang out movie", personnages avec lesquels on aime passer du temps, je dirais que ça marche pour celui-là.