j’aime vraiment bien franck dubosc. tout a commencé quand j’ai lancé son spectacle fifty fifty par pure curiosité de voir à quoi ressemblait un one man show d’un vétéran de sensibilité tf1 - et je me suis retrouvé mort de rire, à me remettre des passages, un festival de blagues d’excellente qualité, parfois très piquantes, dans un spectacle entièrement écrit tout seul.
du coup j’ai regardé quelques films, et si ses performances en tant que patrick chirac resteront dans l’histoire, vraiment son rôle iconique - le fait est que globalement c’est vraiment très mauvais. et ça continue sans fin, il se spécialiste vraiment dans des comédies mainstream sans aucune ambition ni intérêt, qu’il tourne à la chaine, qui ne marchent pas follement, vraiment un petit peu de mal à comprendre pourquoi il fait ça quand il pourrait faire tellement mieux.
mais celui-là m’a évidemment tapé dans l’oeil, et le résultat confirme qu’il est vraiment très chouette quand il veut, et qu’il se gâche largement.
la référence à fargo a été souvent lâchée parce qu’il y a des crimes et de la neige, mais ça n’est qu’une parenté lointaine, ça peut aussi faire penser à du dave barry et à d’autre machins, un plan simple, mais l’originalité du truc se situe principalement dans le cinéma français où c’est vraiment une proposition originale -
bonne conduite voulait un peu essayer et se plantait. .
c’est donc une comédie, c’est authentiquement rigolo, et ça passera sans problème sur tf1, c’est un humour mainstream, des gens normaux dedans.
puis c’est une comédie policière noire avec plein de morts, de l’argent de la drogue, et ça n’a pas peur, il ne touche pas ça du bout des doigts, il raconte franchement son truc.
l’intrigue est sérieusement racontée, et très solidement construite : il me semble qu’il a globalement écrit seul avec de l’aide et c’est vraiment un solide roman policier. il y a un moment où ça devient un poil trop long, mais au final c’est aussi plaisant que ça ne soit pas strictement obnubilé par l’efficacité stricte et laisse le temps de se déployer.
et dans les aspects impressionnants pour un mec dont ça n’est pas l’univers à priori, c’est la manière dont il arrive à se dépatouiller et conclure l’affaire. ça n’est pas 100% solide, mais c’est toujours une problématique compliquée de concilier un truc amusant, pas trop immoral, mais pas juste moraliste, plausible, qui clôt tout… c’est un peu mission impossible et il s’en sort très bien.
comme il se sort très bien de l’écriture des personnages, qui sont de vrais êtres humains, il résiste à l’envie d’en faire des caricatures de quoi, et c’est au final le fait que ce soit de vrais êtres humains qui leur donne un vrai moteur pour faire avancer l’histoire, plutôt que juste les réduire à clichés qui font des trucs pratiques. ce sont les actes des personnages - certains logiques, certains nawak - qui définissent l’histoire et l’histoire provoque ensuite les actions suivantes des personnages. les coutures n’apparaissent pas trop. vraiment c’est du beau travail.
pour un film qui est donc drôle, formidablement bien joué par les vedettes (dubosc qui a 28 répliques et arrive à créer un personnage drôle, crédible et même touchant) et superbement casté pour les secondes rôles (le jeune flic arabe qui a une tête parfaite et qui arrive, pareil, à faire de son personnage un être humain avec 12 répliques, la fille de poelvoorde qui ressemble à sa mère et qu’on comprend directement, les trafiquants… tout le monde est parfait et personne n’est évident). ce n’est pas un grand metteur en scène, c’est sans style ni vision particulière mais ça n’a pas la photo basique des comédies françaises, ils ont réfléchi à une forme adaptée et ça l’est.
c’est pas un smash ou quoi mais c’est très sympathique, ça marche bien et c’est très cool et ça va faire une excellente soirée netflix pour des millions et millions de personnes à travers le monde.