Forum de FilmDeCulte

j’y suis allé à l’aveugle. je me disais il y a un mois que c’était fou comme steve mcqueen n’avait pas follow-upé : un film gentiment random après son oscars, une série passée inaperçue, un documentaire de 4h30… rien pour cimenter son statut de réalisateur star qu’il se construisait. et une semaine après, je voyais l’affiche du film pour annoncer les projections spéciales avant sa sortie sur apple : n’en dites pas plus.

au final, c’était surprenant à quel point c’était… random ? un film qui suit un petit garçon perdu pendant la seconde guerre mondiale en angleterre. un film à oscars (nominations hein…) d’il y a 20 ans. alors l’histoire est déjà vue mais toujours forte, c’est très proprement fait (un peu trop proprement d’ailleurs, on sent le plateau, les régisseurs, les costumes, tout). il y a de jolies scènes, c’est bien raconté… non vraiment c’est propre. mais enfin c’est quand même random.

alors il y a le parcours de ce garçon, un peu oliver twist, et le seul petit twist c’est qu’il est métisse, d’un père noire et d’une mère blanche (saoirse ronan, dont je n’avais tilté qu’elle avait été nommée 4 fois à l’oscar à 25 ans, impressionnant. pas sûr qu’elle ait une 5ème nomination avec ça autrement que pour le kiff, mais elle est très bien). les noirs constituant à cette époque là moins de 0,5% de la population britannique, il ne raconte donc pas une expérience universelle de la guerre, et cet aspect un peu artificiel de la thématique est visible tout du long : ça n’a qu’un impact qu’extrêmement relatif sur le récit (pour ne pas dire quasi nul) et c’est vraiment fait avec des moufles : en gros l’expérience racisée en angleterre c’est des agressions racistes grand-guignolesques et randoms puis finalement un discours sur la nécessité de l’amour universel.

l’enfant en question a environ 20 lignes de dialogues, donc il aurait fallu une puissance extraordinaire pour transcender ça, et le jeune acteur ne l’a pas vraiment mais est quand même tout à fait bien.
harris dickinson a 3 lignes de dialogues et est à la limite de la figuration, pas compris.
un peu à l’image du film, quoi. c’est intéressant mais pas passionnant. bien fait mais pas transcendant. fait par quelqu’un de talentueux et appliqué mais qui n’était pas manifestement pas très inspiré. un peu hors d’âge mais toujours d’actualité.

difficile d’être emballé, difficile de dire du mal aussi.

Curieuse carrière que celle de Steve McQueen qui a débuté par deux films très radicaux, très "arty" avant de bifurquer vers un cinéma plus conventionnel, voire classique avec Twelve Years a Slave et Les Veuves (pas vu Small Axe). C'est encore plus vrai ici avec ce simili film de guerre presque pour enfants tout lisse, tout académique. Déjà je trouve le film affreusement construit, on a l'impression qu'il ne démarre qu'au bout d'une heure tellement tout est très confus dans la narration avec du flash-back inséré n'importe comment, des digressions (l'obsession, ici hors sujet, de McQueen pour les scènes de fête) et un vrai problème de point de vue. Ce devrait être l'histoire de cet enfant et là on a sans cesse l'impression de s'égarer, de passer à côté du vrai sujet du film. Déjà que l'enjeu est très faible, presque risible au sein de la seconde guerre mondiale (le gamin s'échappe pour se faire pardonner de n'avoir pas dit au revoir à sa mère, ok). Du coup ça crée un film que j'ai trouvé dramatiquement inerte, très faible et quand enfin il décide de s'y mettre dans sa deuxième heure (dans notamment une espèce de bref adaptation d'Oliver Twist trop évidente pour être honnête), c'est très moyen, jamais engageant et la promesse de l'épopée de cet enfant en plein Blitz n'est clairement pas tenue tant d'épopée il n'y en a pas.

Tout cela se ressent aussi dans une écriture trop premier degré notamment tout ce qui touche au racisme qui semble tenir à coeur à Steve McQueen mais qui s'avère écrit avec une lourdeur terrible. Vraiment l'impression que le film s'adresse aux enfants tellement c'est littéral (le discours du soldat noir à un moment, ce facepalm). Et ça donne au film aussi un drôle de fumet pas totalement réaliste (il y a beaucoup de personnages noirs, bien plus que dans la réalité - il me semble) mais du coup comme c'est un sujet c'est étrange et ça ne fait que renforcer l'aspect artificiel d'un film qui n'est que ça pour moi, totalement artificiel et factice malgré la volonté de raconter historiquement ce qu'ont rééllement vécu les londoniens (fermeture des stations de métro durant les bombardements notamment).

Il y a quelques beaux plans mais quand l'émotion est à zéro sur ce type de film c'est qu'il y a un problème. Vraiment un tout petit film, ironiquement un parfait film de plateforme, forcément très décevant de la part de McQueen qui semble avoir totalement abandonné le côté plus expérimental de son cinéma.

2/6

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CroqAnimement votre

Ah t'es dur Art. J'ai trouvé ça ultra classique mais très bien emballé. Je vois pas ce que tu trouves confus dans la narration, c'est très limpide pour ma part. Il y a quelques scènes vraiment saisissantes comme celle du club de jazz et l'ellipse qui suit. Pour moi, McQueen confirme son talent. Après, je vais pas mentir, je préfère quand McQueen penche du coté radical, mais j'ai trouvé le film très plaisant à suivre.