ça démarrait bien, j’étais vraiment content et je me voyais déjà acheter une place fantôme en sortant pour soutenir. histoire simple et basique comme j’aime : un routier prend une autostoppeuse et ce n’est pas une bonne idée. ça avance calmement mais fermement, situations de 4 minutes qui s’enchainent, logiquement, en exposant un nouveau point et en faisant monter la tension. basique, efficace, et vraie question de mais où ça va ? et puis, une euphorie particulière pour le personnage de l’auto-stoppeuse : une jeune femme noire et enceinte. une vraie silhouette pop hyper efficace et dans un film comme ça, totalement inhabituel. et puis, une joie particulière : enfin les noirs ont de nouveau le droit d’être des individus au cinéma ! ils ne sont plus condamnés à être l’incarnation de la pureté et de la bonté par la simple grâce de leur couleur de peau ! vraiment on respire.
après, le point positif c’est que le cassage de gueule fut assez radical et rapide pour éviter la lente désillusion des films qui démarrent bien avant de se déliter doucement.
donc au bout de 20 minutes, il y a un événement narratif fort qui m’a totalement, et définitivement, perdu. ça n’a rigoureusement aucun sens, aucune logique, c’est absurde et n’importe quoi, c’était terminé pour moi. j’aimais la logique du début, j’adore l’aspect réaliste et inextricable du postulat, il fout tout ça aux chiottes d’un coup, tire la chasse alors que vraiment je suis prêt à accepter du grand n’importe quoi dans les thrillers mais dans les 20 dernières minutes uniquement.
d’où il a peur qu’elle lui tire… dans la cuisse ? d’où les flics ne savent pas qu’il y a eu le meurtre pas loin, dans un camion de routier, et ne sont pas au taquet ? d’où le mec de l’appel d’urgence n’a pas transmis le signalement ? d’où ils mettent les 2 face à face dans cette petite camionnette ? d’où le mec n’a pas 4 secondes pour hurler qu’elle est la tueuse, appelez vos collègues vous verrez ? les flingues dispos dans la poche des flics suffit de se servir vraiment le poncif débile… et logiquement, 4 gendarmes tués c’est le branle bas de combat, des hélicoptères, des barrages, tout. logiquement tous les collègues sont alertés vu qu’il y a la caméra de surveillance… là... rien. un reportage bfmtv sinon on leur fout une paix royale. rien n’a de sens.
puis vient la révélation. et donc, après avoir jété 50% de ce que j’aimais du début, il se débarrasse des autres 50%.
et donc la fille noire n’est pas vraiment méchante, elle est bien l’incarnation de la pureté et de la bonté, mais elle est simplement venue se venger face à la cruauté des blancs. et alors la migrante clandestine subsaharienne qui a attendu un camion en france pour trouver des gens dont elle aurait envie de se venger, jamais confrontée à la cruauté des hommes avant de croiser des prolétaires blancs, lolilol vraiment. donc c’est pénible, on se retrouve avec ce truc totalement assommant, cet angle rigoureusement unique depuis 5 ans, dont je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il est vraiment fondamentalement raciste (que ce soit pour les noirs réduits au mythe de bon sauvage, dénués d’individualité au profit d’un statut au choix de saint ou de victime, incarnations contemporaines d’adam et eve, portant toute la pureté du monde avant d’être broyés par la cruauté et de l’avidité des blancs - ou pour les blancs qui portent et incarnent tous les péchés du monde et dont on dit « quand vous êtes gentils c’est pour cacher vos crimes »). et je ne peux pas m’empêcher de penser que tout ça n’est pas parfaitement maitrisé - [hide]parce que l’assassinat de sang froid, planifié, calculé de 4 gendarmes soit c’est un trope de film de genre et c’est une chose soit ça rentre dans son discours politique et c’en est une autre.
alors pour être juste, uma Thurman dans kill bill en version migrante ça pouvait être une figure pop aussi, mais est-ce que ça n’aurait pas été plus efficace, effrayant et stimulant de ne pas le dire ? qu’elle soit juste la folle psycho du début jusqu’à la fin, qu'arthur construise son récit dans sa tête avec cette storyline mais que nous n’ayons aucune explication et que nous l’imaginions ? [/hide]
et la fin, hyper cinéma français circa 2024 mais juste inacceptable dans un film comme ça.
ensuite ce qui est marrant c'est que ça fait inévitablement penser à hitcher et que je reprochais la même chose à ce dernier : commencer de manière carrée et réaliste mais de virer trop radicalement dans le n'importe quoi et une mauvaise gestion sur la durée du méchant.
et donc, c’est le premier film parasomnia - des films de genre à 1 million de budget, choisi à l’issue d’un appel d’offres. alors d’un côté, c’est un bon prototype - comparé à la précédente tentative du genre qui avait donné bloody mallory, c’est carré. après, ils mettent en avant le travail de dev, et pardon mais le scénario ne fonctionne vraiment pas, l’abandon de toute crédibilité dans la situation au bout de 20 minutes, le fait d’ignorer royalement les choses logiques mais qui ne les arrangent pas dans la situation, ça n’est pas sérieux. et si le budget fonctionne très bien - ça ne fait jamais cheap, tout est parfaitement adapté - ça reste filmé de manière totalement industrielle et anonyme, aucun style ou regard particulier. après, il y a la volonté annoncée de « faire des films de genre ayant un écho dans la société actuelle », mais si l’écho en question ce sont les poncifs racialistes américains d’il y a 5 ans, non merci - et puis je n'ai pas l'impression que ce soit un succès stratégique flamboyant là-bas donc je ne sais pas si c'est une excellente stratégie. et enfin, c’est un choix d’avoir des acteurs inconnus parce que dans les films de genre la star c’est le genre - et si le mec fait trop penser à des guillaume gouix ou dénis menochet jeune et maigre pour être vraiment une révélation, la fille est vraiment super au début, iconique et flippante et sur une tonalité vraiment originale. puis le personnage change, son jeu aussi et on retombe dans des trucs qu’on connait par cœur.
j’irai voir les suivants mais celui-ci est fondamentalement raté et c’est assez aberrant que personne n’ait vu les red flags dans le processus.
enfin les noirs ont de nouveau le droit d’être des individus au cinéma ! ils ne sont plus condamnés à être l’incarnation de la pureté et de la bonté par la simple grâce de leur couleur de peau ! vraiment on respire.
Choqué par un tel propos, j’ai dû le relire plusieurs fois. Comme je n’ai pas fait ce constat essentialiste, est-ce que tu peux me dire de quel cinéma tu parles, ou de quels films ? En nombre de préférence, pour qu’on étouffe vraiment. Dans l’actualité, pour un « gentil Souleymane », t’as aussi un « méchant Denzel Washington dans Gladiator II », et je suis d’avis à penser que le deuxième doit peser plus lourd dans la représentation collective.
Mec c'est mort. Le mec se vantait déjà de la phobie que lui inspire la schizophrénie en entamant ses avis sur les documentaires de Nicolas Philbert. Il entend à la fois être remercié du supposé courage avec lequel il étale sa mauvaise conscience et en être consolé de la banalité, et croit visiblement que la racisme est un scrupule (double bind déjà propice à une forme de folie au passage). Il y a un continuum avec cette phrase. Sur ce forum la petite bourgeoisie Monde Diplo est en train de papoter avec la petite bourgeoise lepeniste et ce n'est vraiment pas intéressant (du moins comme contenu, sinon comme constat sociologique).
_________________ Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ? - Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.
alors j'ai célebré la richesse et la complexité de la représentation de souleymane, et pour parler d'un truc ultra récent il y a here dont j'évoquais le fait que le couple noir est le seul à n'avoir aucune autre personnalité que sa couleur de peau et sa représentation idyllique.
pour le reste, oui depuis 5 ans il n'y a fondamentalement plus de personne noire méchante ou problématique au cinéma (je ne doute pas qu'il y ait des exceptions hein...) dans le cinéma us ils sont plus que généralement tous médecins / psys / maires / commissaires / CSP+, dans le cinéma français quand il y a un flic noir c'est le seul pas nazi du lot. bref, de mon impression il y a d'un côté une augmentation de la représentation mais au prix d'un affaiblissement considérable de la richesse et de la complexité dans l'écriture - au profit d'une approche que je considère comme étant fondamentalement raciste - projeter des qualités ou des caractéristiques sur des gens du simple fait de leur couleur de peau, ça me choque.
alors je n'ai pas vu gladiator mais je suis bien persuadé que certains excès se corrigeront d'eux-mêmes - et c'est en train de se faire de ce que je perçois, et je ne doute pas que les acteurs noirs qui auront prix du galon auront à coeur à un moment de réclamer une écriture plus riche, humaine et complexe de leurs personnages, ou juste d'avoir le droit de nouveau le droit de jouer des méchants parce que c'est plus marrant (comme le fait denzel, donc) (et mélodie serait rentrée dans la légende si on l'avait laissée remaker rugter hauer jusqu'au bout).
Inscription: 13 Juil 2005, 09:00 Messages: 36781 Localisation: Paris
Je n'avais pas lu l'avis de FingersCrossed et limite je suis allé voir le film juste pour pouvoir le lire, et c'était un régal car je suis d'accord en quasiment tous points, même si je serai moins dur.
J'adore le concept car je suis fan du HITCHER. Et d'ailleurs ça commence bien, carré, simple. Le problème c'est que ces pitchs à la HITCHER se doivent d'être étanches de chez étanches. Ici le film souffre de l'incapacité du personnage à un seul moment formuler à voix haute "Cette femme est dangereuse elle a un flingue, barrez-vous bordel !" Alors certes une fois elle a un flingue pointé sur lui, une autre fois elle a sa main sur son sac, OK, mais tout le film ? Et au bout d'un moment ce ne sera jamais qu'une femme, enceinte qui plus est, vs. un routier qui pourrait juste la choper, lui tordre le bras et l'étrangler. Au moins dans THE HITCHER Howell se débarasse facilement de Hauer au début, c'est juste qu'il le retrouve et ne le lâche plus.
L'exécution est carrée, sans erreur. Mais on sent le petit budget: zéro cascade automobile, même pas d'accroches sympas sur le camion. Le film aurait gagné à un peu plus de bonbon visuel, là c'est quand même très posé.
Niveau jeu Mélodie Simina est franchement pas mal. Mais c'est dans les persos secondaires que parfois ça pêche. Le pire c'est au bout du fil: Garcia (d'ailleurs trope horrible: le personnage B appelle, le personnage A décroche mais c'est le personnage B qui dit "Allo ?"...) qui au téléphone est à peine émue de la mort d'un de ses employés. On est où ?
Concernant le message du film, évidemment dans HITCHER c'est un film américain donc c'est comme DUEL, c'est animal, c'est l'homme contre la machine, c'est le puceau contre le queutard pervers. Ici c'est la France monsieur donc
c'est un sujet sociétal.
Heureusement il y a des bons twists pour rendre le récit prenant de bout en bout
(c'est une migrante > elle se venge des passeurs > Denis Ménochet était un passeur > Ah ben non > C'était Patti > Ah non c'était peut-être lui, etc.) Mais au final le message écrase tout et la femme noire qu'on s'attendait à voir dangereuse, complexe, sera au final bonne, comme on pouvait s'y attendre avant même de rentrer dans la salle. Et puis on peut tuer six personnes de sang froid mais Bailo naîtra and all will be right with the world. Tone deaf en diable.
Bon et sinon le film s'appelle TRENTE-SEPT, pas du tout 37: L'OMBRE ET LA PROIE.
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