Forum de FilmDeCulte

Comme souvent avec les films à la genèse tortueuse, on se souvient surtout des problèmes de tournage, et en particulier du conflit entre Crichton et McTiernan qui occasionna de nombreux désaccords: la fin en hommage à Zoulou, l’aspect des créatures, le changement de titre, le rajout de scènes gores, les reshoots, le changement de BO, toute la partie à Bagdad raccourcie, les deux versions différentes de la scène avec la mère des Wendols, et certaines intrigues secondaires enlevées (l’amour platonique entre le leader des guerriers et la reine, le fils du roi tué par Ahmed, sa réticence à suivre les guerriers vikings).
Contrairement aux rumeurs et aux fantasmes des fans, la version voulue par McT ne faisait que dix/quinze minutes de plus, même s’il est difficile de discerner le vrai du faux, Kulich affirmant avoir vu la version initiale comme étant bien différente du résultat final (peut-être un simple work in progress ou une projection test qui n’a pas plu au public).
Le Director’s Cut ne verra sans doute jamais le jour, McT étant de toute façon réticent à cet exercice, du moins pour ses films plus anciens, et étant assez lucide, il l’avoue lui-même: « non, aucun chef d’oeuvre incompris n’est enfoui dans les hangars du studios ».

Le film ne manque pourtant pas de qualités, qu'il s'agisse des scènes épiques, de la mise en scène nerveuse ou encore de sa photographie crépusculaire qui lui donne son ambiance si particulière, sans oublier ses singularités, notamment le fait que le personnage principal soit musulman, qui plus est un témoin de l’histoire plus qu’un véritable héros, qui s’assurera que l’histoire de Buliwyf/Beowulf ne soit pas oubliée.
Il regroupe également la plupart de ses thématiques récurrentes (l’union d’un groupe disparate que tout oppose face à une cause commune, le choc des cultures qui finit parfois par s’atténuer, la nécessité de s’adapter pour survivre, le retour à un environnement sauvage et inconnu, la communication) la compréhension progressive du langage donnant lieu à une scène ingénieuse, résumant en quelques plans cet apprentissage, figurant le temps qui passe par de simples détails.
Le résultat final est parfois bancal à certains moments, mais je le trouve pour ma part suffisamment satisfaisant malgré les coupes et le remontage, un grand film malade certes, mais avec de beaux restes, étant mine de rien sa véritable dernière oeuvre marquante avec le ludique Thomas Crown.

5/6

J'étais content de voir qu'édition Blu-ray, tant dans le doc que dans le livret, était en fait super lucide et pas dans une vocation "le director's cut était un chef d'oeuvre indéniable!!!!".

Parce que moi je le trouve très bien comme ça ce film.

J'adore pour la mythologie, l'ambiance, la plongée dans le monde des vikings, l'apprentissage de la langue, ce côté old school dans l'approche, le combat final entièrement au ralenti précédé de la prière à plusieurs...c'est la grande classe. Un vrai film d'aventure.
Pour un film soi-disant tronqué, ça se tient totalement, en effet.

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J'adore ce film, même si c'est un peu flou dans ma mémoire (vu qu'une fois à sa sortie en salles).

En revanche, ce dont je me souviens parfaitement, c'est le souffle épique qui en émanait et la puissance dans l'évocation du monde des vikings (là où il est très facile de sombrer dans le ridicule).

Mctiernan n'était pas très loquace à la présentation du film vendredi dernier et doit faire le désespoir de pas mal de journalistes qui viennent l'interviewer à l'occasion de sa rétro à la cinémathèque.

Il a eu juste un mot pour dire qu'on voyait sa maison dans un plan du film.

Toujours un sentiment étrange devant ce film assez bancale mais qui emporte tout de même l'adhésion par une mise en scène enlevée, une caméra qui a l'air de danser autour des acteurs tout en rendant compte précisément de l'espace, une belle photo naturaliste, un amour des paysages et du tournage en extérieur que l'on ne voient actuellement plus à Hollywood, un récit simple qui ne s'appesantit pas et une psychologie des personnages dessinés avec sobriété, n'empêchant cependant pas l'attachement. Le perso de Banderas pâtit un peu de ce film qu'on sent quand même coupé à la serpe (début et fin).

L'emphase finale qui me plaisait avant a eu moins d'impact à cette vision, contrastant trop avec la retenue générale du film.

Très bon souvenir pour moi. Mais je ne l'ai pas revu depuis sa sortie en salles.

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Tennis de Table Bordeaux

Le teaser du film qui avait circulé aux USA quelques mois en 1998, avant d'être retiré des salles. Normal à l'époque il s'appelait toujours "Eaters of the dead".
https://www.youtube.com/watch?v=Xhi6zor1wSk

Il y a aussi Graeme Revell de crédité et un "A John McTiernan production" qui a sauté je crois... Ambiance film d'horreur

L'envie de le revoir me taraudait depuis un moment et comme c'est enfin chose faite, je vais m'épancher un peu plus.

En conséquence du culte que je vouais à Jurassic Park, je suis inévitablement devenu fan de Michael Crichton à l'adolescence et Les Mangeurs de morts s'est rapidement imposé comme mon préféré parmi ceux que j'ai lu. C'est même le seul que j'ai lu plus d'une fois. Alors c'est le plus facile à relire de par son petit volume mais ce n'est pas la seule chose qui le distingue des autres romans de l'auteur. En effet, on est à des kilomètres des (techno-)thrillers qui ont fait le renommée de Crichton. L'ouvrage est né d'un défi entre le romancier et un ami qui dénonçait le poème épique Beowulf comme "un ennui", poussant Crichton à prouver que le même récit pouvait être entraînant présenté convenablement. Au vieil anglais rédhibitoire, l'écrivain substitue une prose à la première personne, réinterprétant de façon réaliste le mythe, quitte à taper dans des théories pseudo-scientifiques - les Wendols comme "chaînons manquants" de l'Humanité plutôt que la créature Grendel - et adopte un point de vue externe, en intégrant l'intrigue dans le compte-rendu bien réel fait par Ahmed Ibn Fahdlan.

On comprend alors ce qui a pu attirer John McTiernan, l'ancien étudiant en anthropologie, dans cette histoire d'un individu qui découvre et apprend un autre monde, qu'il s'agisse des us et coutumes et croyances des peuples scandinaves (déjà parmi les parties les plus fascinantes du livre) ou de la bestialité d'une tribu méconnue de l'homme. En un sens, c'est déjà l'histoire de Nomads, son tout premier film, l'érudit musulman Fahdlan remplaçant l'anthropologue Jean-Charles Pommier (Pierce Brosnan) et les Wendols succédant aux inouats. McTiernan aime amener ses protagonistes vers l'humilité, les défaire de ce qui fait leur supériorité pour les confronter à l'ennemi, souvent horrifique (Dutch désarmé face au Predator, McClane pieds nus et seul face aux terroristes, Jack Ryan projeté des bureaux au terrain face aux russes, Jack Slater rendu vulnérable par son passage dans le monde réel) et Le Treizième guerrier ne déroge pas à la règle, racontant comment l'ambassadeur devient un homme, non pas par la virilité mais par l'apprentissage, la compréhension de l'autre (le montage de trois nuits durant lesquelles Ahmed observe et apprend leur langue est peut-être une de mes préférées du cinéma et la meilleure représentation de cette obsession de l'auteur). En faisant un pas de côté, prenant pour héros non pas l'ersatz de Beowulf mais un observateur, McTiernan rejoue en quelque sorte Last Action Hero au premier degré, avec Ahmed à la place de Danny et Buliwyf remplaçant Jack Slater/Arnold Schwarzenegger. Dans une interview récente, je lisais que le cinéaste voulait initialement Michael Keaton pour le rôle d'Ahmed (#uneautreépoque) et que son approche était bien plus ironique. La parenté avec sa parodie de films d'action n'est donc pas uniquement le fruit de mon imagination mais je ne regrette pas la changement de démarche, étant précisément fan de la solennité, caractérisée par l'excellent Vladimir Kulich en Buliwyf, qui traverse le film fini.

Alors oui, on sent que l'entreprise est précipitée, on sent notamment l'exposition tronquée, avec ce flash-forward qui précède un bref prologue au Moyen-Orient que l'on devine plus long, on imagine que la version initiale, apparemment estimée à 127 minutes (contre les 102 actuelles), contenait davantage de respirations entre chaque face-à-face avec les Wendols, que tout a été ramené à l'essence, mais dans l'absolu, tout est là. Le sel est resté. Ainsi qu'un nombre de détails que j'adore, notamment dans la mise en scène, comme ces petits travellings sur chaque vikings tandis qu'Ahmed fait sa petite démonstration à cheval ou bien ce combat final intégralement au ralenti, McTiernan envoyant balader les conventions de climax pour une approche expressionniste iconique (avec cette prière du début qui revient mais dites à plusieurs, galvanisant as fuck) et le charisme de la gueule de l'équipée, certaines répliques toutes connes auxquelles je pense régulièrement ("Today was a good day."), la photo de fin du monde, les mouvements amples et rapides mais encore classiques de la caméra (y a simili-plan-signature bayien à la fin!).

Je ne sais pas si on peut vraiment parler d'heroic fantasy mais pour l'époque pré-Lord of the Rings, c'était ce qui se faisait de mieux en la matière.

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Inexplicablement vu une seule fois, moi je repense régulièrement à la scène d'apprentissage de la langue, pour le reste j'ai un peu tout oublié.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Dois-je rappeler que tu ne revois jamais les films sauf The Disaster Artist ?

Film que j’adore malgré ses scènes précipitées (le début fait mal au cœur, quel gâchis) et ses ruptures de rythme qui le rendent si bancal. Je regrette que la fin initiale , héritée de Zulu (que je dois voir prochainement) ne figure pas dans le montage finale ou n’ait même pas été tournée (?).

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)