Forum de FilmDeCulte

Toute la presse ne parle que de ça : le maniaque tueur d’enfants, qui terrorise la ville depuis quelques temps, vient de faire une nouvelle victime. Chargé de l’enquête, le commissaire Lohmann multiplie les rafles dans les bas-fonds. Gênée par toute cette agitation la pègre décide de retrouver elle-même le criminel : elle charge les mendiants et les clochards de surveiller chaque coin de rue…

SPOILERS ALL OVER

Je sais pas pourquoi, j'ai cru pendant un moment que Becker serait innocent. Sans doute étais-je trop dans une optique de condamnation de la cancel culture mais à voir comme les quidams accusent tout le monde et n'importe qui au départ, je me disais que Lorre avait justement trop la gueule de l'emploi et que c'est ce qui lui vaudrait d'être stéréotypé. J'ai trop appréhendé l'histoire avec un esprit de spectateur de 2020.

Il n'y a pas de twist mais l'idée qu'une mentalité de meute est nocive demeure.

Ce concept (les criminels qui s'improvisent justiciers parce que ça nuit à leurs affaires et que la police en est incapable) est génial. Je déplore un peu que "l'enquête" à proprement parler soit si facile et brève (même si j'aime l'idée "méta" d'utiliser le son, technique et possibilité encore flambant neuve à l'époque, comme détail qui confond l'assassin) et qu'une majeure partie du récit soit consacrée à la recherche du tueur dans l'immeuble. J'apprécie toutefois l'ambiguïté induite par le fait que ce sont des méthodes crapuleuses et peu scrupuleuses qui permettent de le débusquer (effraction, destruction) même si l'équilibre est établi avec l'enquête policière en parallèle (ils avaient trouvé son appart et l'attendaient chez lui donc l'auraient choppé de toute façon).

(en parlant de son, j'ai été surpris par ces longues plages de silence si bien qu'en regardant le film, j'ai blagué "ah y avait plus d'argent pour le son là" et il se trouve que c'était effectivement un choix économique mais que Lang a voulu l'exploiter pour créer de la tension et effectivement ça fonctionne bien, un peu comme aujourd'hui quand une scène se passe de musique et "ressort" forcément, vu comme on est habitué à avoir une nappe musicale omniprésente)

L'idée du tribunal de criminels et de SDF qui deviennent alors symboles d'une société prête à se faire justice elle-même et sans hésiter une seconde concernant une exécution est forte, avec cette mise en scène évocatrice où le public et la cour sont toutes du même côté. Seul un avocat de fortune demeure pour plaider la cause du tueur. Mais c'est le monologue et la performance de Lorre dans cette séquence qui sont époustouflant.e.s et présentent un véritable plaidoyer pour la réhabilitation et le traitement adéquat des personnes atteintes de tels troubles.
C'est vraiment le meilleur segment du film.

Après, je trouve la toute fin un peu trop didactique, un peu comme si Lang se disait "attendez, mon vrai propos c'est ça" et le fait littéralement dire par une mère face caméra in extremis dans une scène de 30sec : "c'est à nous de surveiller nos enfants". (han, #victimblaming)

C'était intéressant de voir aussi où le film avait pu influencer Fincher ou Nolan par moments, thématiquement ou esthétiquement. D'ailleurs, le film paraît franchement moderne dans sa mise en scène. Tu sens que c'est par moments encore timide en termes de mouvements mais ça ose (y a même un plan qui passe à travers les carreaux d'une fenêtre à un moment et il est nickel!).

Préférence pour Metropolis tout de même qui m'avait fait davantage impression.

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J'allais parler de ce plan qui m'avait marqué. On voit quand même la vitre s'ouvrir, mais ça reste impressionnant.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Timide en terme de mouvements? Mais ça c'est toi qui aurait voulu plus de mouvement, pas Fritz Lang qui a manqué d'audace. Mes deux ou trois visions commencent à remonter, je vais peut-être me le refaire et venir faire une réaction plus précise, mais dans mon souvenir le film est dynamique avec justement une relative économie de moyens, même l'expressionnisme associé au cinéaste est ici sobre.



Pour le coup le propos du film en aurait été diminué: même les grands criminels sont des humains plutôt que des monstres et méritent une enquête et un procès en bonne et due forme.



Je suis d'accord, mais je me demande si justement ce n'est pas de l'ironie, une nouvelle critique dissimulée.

Peut-être. En fait, certains ressortent tellement que le reste peut paraître statique parfois.


Vrai, ça m'a surpris.


Entièrement d'accord. Ici, c'est plus riche.


Si j'en crois ce que j'ai lu, la fin originale montrait le procès et n'avait pas cette scène.

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Du coup en cherchant l'entrée "M le maudit" dans le Dictionnaire des films de Lourcelles, voilà ce qu'il dit de Mabuse qui s'applique aussi ici: "Comme presque tous ses films, Mabuse repose sur une dualité esthétique extraordinairement féconde, où se marient d'une part l'irréalisme du sérial et d'autre part le profond réalisme, l'immersion dans un contexte social et moral véridique".

Car j'ai failli mettre en effet dans mon message initial que Lang ménage un équilibre entre le mouvement que tu évoques et un côté statique, je pense que ce dernier est lié à l'aspect documentaire du film, le réalisme dont parle Lourcelles.

L'enculé a fait trop de film. J'aimerais voir Moonfleet. C'est quoi les autres incontournables?

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J'aime bien chasse à l'homme ( Man hunt ) sur sa période américaine.

La rue rouge c'est indispensable comme modèle de film noir.

Moonfleet, oui. Et toute sa période allemande, que je préfère à sa période américaine. Mais en fait, y a rien à jeter, même ses moins bons sont passionnants.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Mec qui aide pas.

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Bah après, tu sais quels sont les plus connus : les Mabuse, Moonfleet, la Rue rouge, Furie... Tu peux commencer par là. Mais ce serait dommage de t'arrêter là.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

46 films, pour un réalisateur de cette époque, ça ne fait pas tant que ça. Beaucoup de ses contemporains sont à 100+.

Les incontournables, on pourrait presque dire tous...
Pour n'en retenir qu'un ou deux par époque:
- Le diptyque Mabuse (1922)/Le Testament du Dr Mabuse (1933)
- Fury
- Man Hunt (qui est particulièrement apprécié des exégètes langiens mais qui est tout de même très théorique)
- Règlement de compte (même si personnellement je préfère La Femme au portrait, La Rue rouge ou Le Secret derrière la porte)
- Moonfleet (qui devrait être celui que tu pourrais préférer)
- Le Tombeau Hindou/Le Tigre du Bengale

Les Pionniers de la Western Union c'est pourtant bien nul.

Merci!

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Pas vu !

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."