Forum de FilmDeCulte

Découvert ce film hier matin à la faveur d'un tweet de l'indispensable et mystérieux Jon W. qui balançait le lien du film (il l'a supprimé depuis soit disant à la demande des réalisateurs). Téléchargé dans la foulée et regardé hier soir.

Réalisé par un collectif activiste de deux palestiniens et deux israéliens, le film dépeint la situation particulière de Masafer Yatta, un regroupement de petits villages perdus dans le désert en Cisjordanie où vivent paisiblement des palestiniens depuis près de deux cents ans mais où depuis 30 ans Israël tente des les chasser car depuis une décision de justice israelienne la zone a été déclarée zone d'entraînement militaire. On suit donc ces villageois recevoir régulièrement la visite de l'armée et surtout assister totalement impuissants à la destruction de leurs maisons, leurs villages et les obligeant à aller vivre dans des grottes alentour. Les deux personnages principaux sont (et aussi réalisateurs) sont Basel Adra, un jeune homme palestinien qui tente coûte que coûte de faire connaître cette situation inuste et d'alerter l'opinion internationale et Yuval Abraham un israélien qui défend le droit des palestiniens de continuer de vivre là où ils ont toujours vécu (même si sa présence n'est pas toujours bien acceptée).

Le documentaire est passionnant pour deux aspects je trouve. Le premier c'est évidemment son caractère métonymique. En se focalisant sur cette situation pariticulière, dans ce territoire à la taille modeste, le film expose parfaitement bien les rouages de l'état totalitaire et fasciste d'Israel, qui organise un procès fantoche intenté par les palestiniens mais décide que leur territoire leur serait retiré pour en faire une zone d'exercice pour tanks (!) et que l'intégralité de leurs habitations seraient détruites sans aucune compensation. Et cette armée qui a plus des airs de milices n'a face à elle que des civils désarmés. Ca ne l'empêchera pas de tirer sur la foule, de blesser un homme en le laissant quasiment intégralement paralysé, là encore sans aucune compensation, ni considération. Une armée dont le rôle est clairement d'éradiquer une population, de détruire ses moyens de subsistance (on va jusqu'à leur couper l'accès à leau) et d'éducation (avec ce tabou ultime de venir détruire une école). Et tout ça résonne très fort avec l'actualité évidemment (le film se termine d'ailleurs là où commence la guerre actuelle). On l'impression que se joue dans ce petit bout de désert une synthèse échantillonnée de ce qui se passe de manière aujourd'hui encore plus tragique et radicale dans l'ensemble de la Palestine.

L'autre point très réussi du film c'est ce personnage de Basel Adra. Au grès des ellipses (le film se déroule sur 4 ans) on le voit se déssecher, s'épuiser et tomber dans une sorte de dépression terrible où sa vie semble en stand by, uniquement obnubilée par l'armée et par la peur du lendemain, d'être en prison ou pire. Et là encore on ne peut que penser à tous les autres comme lui, qui ne vivent plus que tendu au bon vouloir d'un état fasciste qui n'attend que ta mort. C'est effrayant et bouleversant.

Le documentaire est très simple, un peu répétitif mais c'est nécessaire pour bien montrer cette espèce de torture psychologique infligée par Israel qui détruit une maison par semaine sans que les populations ne sachent jamais quelle sera la suivante. Mais c'est surtout un documentaire qui enrage, qui nous met face à ce que l'humanité à de plus dégueulasse, ce sentiment de pouvoir et d'impunité qui détruit tout sur son passage. A vomir. David Ehrlich qui a vu le film à Berlin dit qu'aucun distributeur ne veut sortir le film et ça ne m'étonnerait pas. Pendant ce temps Basel Adra continue de documenter son quotidien, rythmé par les incursions de l'armée sur son territoire, sur Instagram ou sur X.

4.5-5/6

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Le film sortira le 13 Novembre en France (L’Atelier Distribution).

Ah je savais pas, un peu honteux de l'avoir dl du coup.

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J’ai checke après avoir vu ton tweet, j’étais à 2 doigts de dl également. Curieux de le voir et de comparer avec les docs de Avi Mograbi.

C'est beaucoup plus direct et "reportage" que Mograbi (enfin si je compare avec le seul que j'ai vu de lui, Z32 qui était un vrai "documentaire de création")

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