'charles bélanger' à 30 ans, il s'entretient avec son père de 70 ans pendant que son fils de 10 ans joue dans les parages, lorsque sa femme le quitte.
20 ans plus tard, son fils a désormais 30 ans et une bonne amie, et sa femme revient. on est dans le théâtre filmé pur et dur : la pièce a été créée en 19, mais reprise en 36 et il fait le film la même année, sans changer une virgule, dans une décors unique, avec la même distribution, et tourné en quelques jours car la mise en scène est strictement similaire.
et quel miracle et bénédiction que le théâtre filmé quand même, sinon on n'aurait pas ça. incroyable.
et en même temps, ça sent le sacha guitry qui écrit à la chaine, quitte à tirer un peu à la ligne, qui joue tous les soirs, il ne joue pas sa vie à chaque plan, hein. un film, de fait, ça a une petite dimension spéciale, mais là on sent que c'est un texte parmi beaucoup d'autres, joué quelques mois à peine et c'est bien comme ça.
le fait que ce soit aussi léger n'est en vérité pas un défaut, tant il est constitutif d'un élément d'identité du film : une incarnation quasi parfaite de l'esprit français, si on peut le définir... ou si on veut le définir, on peut le prendre comme exemple.
on ne parle de quasiment rien, on en parle sur un ton léger, sans drame et sans grand affect, on en parle avec élégance, des mots d'esprits merveilleux, on badine avec raffinement.
et en réalité, on parle du temps qui passe, des rapports père fils, des blessures profondes qui vous définissent, de l'amour et de la confiance...
et c'est super beau comme ça, les rapports pères / fils sont hyper intéressants et touchants. intéressants parce qu'ils m'ont semblé très typiques de l'époque et du milieu social : cordiaux, urbains, très respectueux et formels, mais avec une profonde affection qui ne craint pas non plus de s'exprimer. et touchante parce que l'idée des génération (on voit sacha et son père de 70 puis sacha et son fils de 30) est très belle, avec ses traits de personnalité et ses névroses et ses qualités qui se transmettent.
et les analyses des rapports hommes / femmes me parlent moins pour des raisons plus ou moins évidentes, mais je reste toujours frappé par la modernité des choses : j'ai toujours une tendance à imaginer que beaucoup de moeurs contemporaines sont nées après 1968 mais en vrai, tout ce qui est dit et montré dans le film n'a pas tant vieilli que ça.
sacha est comme d'habitude iconique et extraordinaire, même s'il tire vraiment trop la couverture à lui, il y a des dialogues où il se filme lui de face, sans contre champs, ni mise en scène qui permet de voir autre chose que les cheveux de son interlocuteur. c'est parfois assez désagréable.
et puis ça date de 1936, ce qui commence à sérieusement dater, et ça me fascine toujours, le pré-ado en culottes courtes qui s'appelle maurice, tout le monde qui a les mêmes traits que nos (arrières) grands parents. le langage si élégant et sophistiqué mais qui est parfaitement naturel dans leur bouche. et même avec la restauration de grande qualité on sent que ça commence à piquer techniquement. je ne m'en lasse pas, le cinéma permet ces voyages dans le temps et passer 1H30 avec un immense acteur du début du siècle dernier, ça me fascine.
(c'est un de ses plus connus je crois, mais pas le plus indispensables à mes yeux, mais clairement un très bon)