Forum de FilmDeCulte

Tenéis que venir a verla en VO

Une nuit d’hiver à Madrid, deux couples d’amis se retrouvent après s’être perdus de vue. Susana et Dani rayonnent depuis leur installation en banlieue et annoncent l’arrivée prochaine d’un bébé. La nouvelle perturbe Elena et Guillermo qui ont fait d’autres choix de vie. Pourtant au printemps, ils se décident à venir voir.

Trop occupé à remater la poursuite en camion de TERMINATOR 3, j'avais raté EVA EN AOÛT. Je ne savais donc pas quoi attendre de ce premier Jonas Trueba.

En tout cas ça a bien commencé avec cette longue et douce intro musicale qui littéralement te berce, surtout à 14h30. Ca fait tellement du bien de voir un film clairement et manifestement fait pour la salle, l'antithèse d'une série quoi, juste tu commences doucement, tu rentres dedans tranquille, aucune volonté de "t'accrocher", de te "teaser".

Le double portrait de couple trentenaire est pas mal car Trueba saisit bien ce début de lassitude au moment de la trentaine, c'est croqué avec un tout petit peu de mordant et d'humour tout en restant doux et dénué de cruauté. Les moments de vie tristement ordinaires en milieu rural sont bien saisis également, il y a juste ce qu'il faut d'ennui et de malentendu, tout en ayant une langueur agréable.

Après je suis moins convaincu par le choix du format 4/3 qui ressemble fort à de la pose, tant le film regorge de sujets horizontaux: paysages, voyage en train, couples côte à côte, table de ping pong...

En ce qui concerne la fin, le rire est génial, mais je reste perplexe face Cependant, j'ai compris à ce moment-là pourquoi le cinéaste était tant aimé de mon kiarostamien sûr Lohmann (dont j'ai senti la présence à côté de moi avec un couteau pendant toute la séance).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Pour une fois un titre français est plus court et punchy

J'adore quand tu fais comprendre que t'as ronflé comme un goret.


C'était pas son couteau.

Tu l'as vu aussi ?

Marrant parce qu'on perd pas mal du sens du titre VO qui se traduirait par "vous devez venir la voir" ce qui semble être la proposition du film. L'injonction du couple rural qui force le couple urbain à sortir de sa zone de confort.

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CroqAnimement votre

Ouais mais ça sonne pas bien. En Espagnol non plus.

T'es ouf ça sonne trop bien en espagnol

Grave, mais rappelons que Baptiste a un "dégoût" de la langue espagnole .

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CroqAnimement votre

Et peu importe qu'un titre sonne bien ou soit beau, le plus important reste tout de même le film.

Evidemment mais je trouve toujours dommage que des titres traduits perdent un peu du sens du titre VO (c'était d'ailleurs particulièrement le cas déjà de Eva en aout/La virgen de agosto).

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CroqAnimement votre

Un jour de semaine à 14h00 ? Non.

Entre deux phases de ronflements, ça m'a fait penser à du vieux Guédiguian (je regarde le spleen de la petite-bourgeoisie avec bienveillance), mais fait par un jeune. Visiblement le dernier cinéaste en date qui peut faire n'importe quelle petite mignardise inconséquente et être adoubé par la "critique intello de gauche" tendance Cahiers... Le coup du final méta, ça marche à tous les coups, voir Miguel Gomes...

Ça ferait apparemment référence au Goût de le Cerise (j'imagine que c'est la raison pour laquelle tu fais la remarque), mais comme c'est peut-être le Kiarostami qui m'a le moins marqué, j'ai totalement oublié en quoi consistait sa fin... il faudra que je le revois. Sinon tu n'aurais pas fait le malin à aller le voir dès sa sortie, plutôt que de t'accompagner avec un couteau je t'aurais plutôt dissuadé d'y aller (à tort, donc). Parce que ça ne me semble pas être l’œuvre la plus amène avec laquelle le découvrir. Format court, photo un peu moche, deux/trois situations et puis s'en va, j'ai trouvé le film assez ingrat, il ne fait rien pour se rendre vraiment plaisant... et pourtant sur la longueur (si on peut dire) j'ai marché à fond.

Pour ce qui est de sa parenté, il en est une qui fait figure d'évidence, c'est Le Rayon Vert (et pas seulement parce que l'on y parle de végétarisme). Mais plutôt que de le rapprocher de Rohmer (qui est un peu le chausse trappe habituel de tout cinéma naturaliste-intello-verbeux), j'ai l'impression d'une Hong-sang sooisation en avance rapide de son cinéma. Comme s'il avait parcouru en 4/5 films le chemin que le coréen a effectué en 25 ans (et au moins autant de film). J'espère que ce n'est pas le cas et que le prochain sera un peu plus convivial. Mais n'empêche, et pour revenir sur la raison pour laquelle je ne le recommanderai pas pour découvrir Trueba, et qui est la même pour laquelle je lui trouve une proximité avec HSS, c'est qu'il partage une même conception de sa propre filmographie. Les mêmes thématiques sont ressassées de film en film (au point que certains leur reproche de systématiquement faire le même, les idiots), à ceci prêt qu'elles sont toujours au diapason de l'âge du réalisateur. Pour HSS il suffit de comparer Conte de cinéma et Un jour après, un jour sans pour s'en convaincre. Pour Trueba, bien que n'ayant vu que 4 de ses films, tout ce que j'avais pu relevé dans les précédents est une nouvelle fois là : la maternité (qu'elle soit désirée ou crainte), l'opposition centre-périphérie (vrai mouvement d'attraction-répulsion) (Eva en Août), la musique comme élément de lâcher prise (La Reconquista), et j'en omet certainement bien d'autres. Toujours les mêmes acteurs, comme une famille dont on a plaisir à voir les évolutions, même s'il ne semble jamais savoir vraiment comment franchir toutes nouvelles étapes qui se présentent à ce moment du chemin de leur vie.

Sinon je voulais faire le malin avec Bresson, si l'on omet la séquence liminaire qui s'appesantit longuement sur les visages mais que je trouve assez peu bressonienne, il ne reste que ce beau moment lorsque Elena et Daniel sont allongés dans leur lit et que la caméra saisit ce court instant où leur main s'enlace. Ça peut sembler peu, mais tout ce qui définit ce couple semble y être circonscrit, tel le peu d'intimité qu'ils semblent avoir (à l'image de cette séance de lecture où lui préfère s'empiffrer de son agneau de lait).

4.5/6

Lohmann : « les idiots »

Moi : haha

Le titre exact est Ha Ha ha.