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 Sujet du message: The Rock (Michael Bay - 1996)
MessagePosté: 19 Sep 2009, 02:46 
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Putain, sérieux mec
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Bon, c'est quand même très dur, maintenant que je vois la barre clignoter sur ma page blanche, d'écrire de manière posée et quasi objective sur un film qui depuis 13 ans déjà me fout en l'air sur tout un tas de points, alors avant de commencer à parler du film,

NIQUE SA MERE L'OBJECTIVITE.

Gamin déjà, c'était un film que je matais et rematais religieusement, souvent accompagné de mon frère et de mon daron.

Religieusement ouais, religion d'un converti à la grosse musique bourrine d'Hans Zimmer, à ces plans épileptiques surexposés, à ces héros d'horizons différents qui mettent tout sur la ligne pour défendre leurs valeurs, à cette violence physique comme verbale, à ces explosions, à cette course poursuite, à Vanessa Marcil et son grain de beauté, à Claire Forlani et sa bouche de suceuse qui émoustillait tout entier ce corps de gosse de 13 ans...

Putain, chaque fois que je matais ce film, c'était tous mes Noëls et tous mes anniversaires combinés dans tout mon putain de corps, cerveau, coeur et 5 sens compris.

Et le truc fou, c'est que ça faisait pareil à toute la maisonnée putain, comme si le film parlait à tout le monde, sensation chelou, comme mater un Indiana Jones en fait (j'y reviendrai plus tard).

Bref, hissé au rang de culte en un temps record, pour moi tout du moins.

Je l'ai rematé très fréquemment en grandissant, jusqu'à il y a quelques années, où je me faisais tout de même le défenseur de ce film.

Puis récemment, je me suis rendu compte que mon argumentaire s'entortillait parfois, comme si j'avais oublié le film ou que lui m'avait oublié.

I needed my fix.

Après avoir recommencé à parler du film plus souvent que d'habitude et avoir tourné du pot, je l'ai choppé en DVD, sans hésiter, of course, ma VHS était morte anyway...

Rematé avec mon frère dès le retour à la maison.

Tout était là, cette religion, cet opium du peuple, ce film Dieu oublié, omniprésent, presque lovecraftien dans sa portée était éveillé, puissant.

Cette facilité à entrer dedans, à offrir mon sourire, mon rire, mon dégoût, mes larmes, la puissance du truc.

Je me suis rendu compte qu'encore maintenant, ce film défend tellement de choses qui me tiennent encore à coeur, des valeurs, des morceaux de trucs, de l'héroisme de types qui ne devraient même pas être là (oui, j'aime Die Hard aussi) à la figure du père perdu qui veut retrouver sa fille, du mec qui se livre corps et âme, traverse l'enfer pour récupérer une once d'honneur, pas pour lui, mais ses camarades morts au mec qui regrette de voler la moto d'un petit jeune.

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On pourrait dire que le film s'éparpille, mais "on" se met le doigt dans l'oeil jusqu'au fion, parce que justement, c'est là sa force, je l'avais compris mais l'ai réappris, il passe par le plus court chemin, par la symbolique la plus grossière pour parler à un maximum de gens, parce que oui, que le film soit con ou pas, l'important, c'est qu'il ne prend pas son public pour tel, il ne se place jamais au dessus de lui, et tel un conte épique homérique, beowulfesque, il donne les bases pour une putain de grande aventure, et une exploration du genre, de ses limites et de sa place dans son contexte, le cinéma.

Car ouais, ne pas oublier que ces vestiges de civilisations mutées ou transformées étaient destinés aux lettrés et au illettrés, même aux femmes (oui, c'est une blague), que plus tard, des types comme Molière ou autres racontent des histoires intelligibles par tous, dans le but de faire réfléchir parfois, mais surtout, de divertir, de communiquer.

Et The Rock, n'hésite pas à puiser dans la mythologie propre à son médium pour faire une parabole qui parle à beaucoup, sans pour autant être pédant.

Il y a évidemment Alcatraz, la référence la plus visible du film, cette ville prison qui fascine, dégoute, mise en scène maintes et maintes fois, que ce soit durant son activité, dans L'évadé d'Alcatraz par exemple, ou dans son inactivité/réouverture temporaire dans Point Blank de John Boorman.

James Bond, qui est ici représenté pas un Sean Connery filmé dès le départ comme une légende perdue, avalée par des tentacules qui le dépassent, nous dépassent, comme Marlon Brando dans Apocalypse Now en fait... Un mec rendu ouf par le pouvoir, pas celui qu'il peut exercer, mais celui qu'on a essayé de lui imposer, de lui marteler, et qui d'autre dans le cinéma américain peut le faire mieux que:

Le FBI, la CIA, tout ce bordel. Ce mythe là à été développé depuis des années dans le cinéma américain, rendant ces organes du pouvoir tout puissant. On n'a même pas besoin d'en parler, de les décrire, ils vont souvent de pair avec "Top Secret" ou devrais je dire "Secret défense, et tu n'es pas dans le secret". Ce qui nous mène à un autre mythe, véhiculé par des images, puissantes, et dont le secret échappe à tous, sauf peut être aux sus-mentionnés:

JFK, le mystère, l'interdit, les jeux de pouvoirs, derrière cette enquête, cette vérité qui existe quelque part et que si peu de gens connaissent et défendent au prix de la vie de gens, de vrais gens qui vivent et qui respirent, c'est bien le film de Stone ça, film influent tant sur sa forme (après on peu ne pas aimer, moi j'adore), que sur son fond, sa manière de nous dire d'aller chercher les choses où elles sont, ce mythe remystifié par un film épique et exemplaire, ouais, on peut dire que c'est une inspiration.

Cette vérité donnée à un chimiste par son copain du MI-6, comme si c'était un jeu.

Car ouais, malgré la passion pour cette mythologie, Bay n'oublie pas que son film est un jeu, un objet ludique si-tant-est-qu'on s'y prenne. C'est pour cela que ses personnages sont construits souvent autour de leur rapports, entre eux, entre leurs proches, leur vision.

Connery et Cage sont rendus crédibles par une ironie, une situation, une femme, une fille et peuvent ainsi évoluer dans un univers construit sur de solides bases, qui peut donc parfois bifurquer vers de l'absurde, du vulgaire, du grossier sans endommager le sens, la force, mais au contraire, en y ajoutant de l'âme, tout comme Spielberg a pu le faire en foutant un gun dans la main d'Indiana Jones, dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue, grossier, mais efficace, et surtout, définissant en 2 secondes un personnage.

Bon ensuite, y a toujours Zimmer, les explosions, les flingues, les militaires, les voitures, les bonnasses, les belles images.

Un bon gros 6/6 des familles pour un mec qui a pigé que le cinéma, c'est fait par le peuple, pour le peuple, et ça, je kiffe.

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MessagePosté: 19 Sep 2009, 02:52 
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Meilleur Foruméen
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Message qui transpire la passion et l'enflammance. Et qui a tout compris au film et à la démarche de Bay.

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MessagePosté: 19 Sep 2009, 13:04 
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Oberkampf Führer
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Tu pars complètement en vrille, mais on a bien compris que tu aimais le film.


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MessagePosté: 19 Sep 2009, 15:24 
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En fait moi je me suis rendu compte que The Rock pour moi c'était juste la première heure, voir les 30 premières minutes. Dès qu'ils dont Alacatraz je trouve que ça perd beaucoup en intérêt... c'est long et lent.


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MessagePosté: 19 Sep 2009, 23:13 
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Expatrié en tongs
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Ouais chuis un peu pareil en fait. La partie Alcatraz est plus convenue là où les diverses jeu de chat et de souris qui cherchent à s'apprivoiser de la première partie sont vraiment excitants.


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MessagePosté: 20 Sep 2009, 13:17 
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Mon préféré de Michael Bay. Action pure, sentiments à l'extrême, et y'a même pas (ou presque) d'ode au patriotisme (bien moins que dans Armageddon par exemple, où c'est souvent un reproche fait au film). Après, y'a aussi d'excellents acteurs en pleine forme (Cage, Connery, Harris, Morse) qui apportent un surplus d'âme à ce qui n'aurait pu être que "pyrotechnique" sinon (pour reprendre un autre reproche souvent adressé à Bay). C'est peut-être d'ailleurs là la grande différence avec Pearl Harbor ou Transformers, j'ai l'impression que dans The Rock Michael Bay faisait davantage confiance aux acteurs, ou du moins leur laissait une plus grande place (c'est encore vrai pour Armageddon). Du coup le mélange numéros d'acteurs + réalisation carrée et efficace = excellent divertissement.
Même si les deux cinéastes sont très différents, j'aurais tendance à rapprocher ce film du "Volte-Face" de John Woo, pour le côté "à fond" de l'histoire qui du coup la rend totalement palpitante (après bien évidemment le Bay est largement plus premier degré que le Woo, qui nourrit des thématiques bien plus approfondies, mais en même temps c'est pas ce qu'on demande à Michael Bay).
J'aime bien que le film ne se réduise pas à seulement "l'attaque d'Alcatraz", toute la première partie autour du personnage Sean Connery est bien pensée. Après la partie sur le Rocher est très bien menée, y'a pas de problèmes là-dessus, et surtout la toute fin avec le ralenti et les fusées vertes me font vibrer à chaque fois, c'est tellement premier degré que ça en devient jouissif.
Bon, 5/6.

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 14:06 
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Garçon-veau
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Après ce message, je voudrais que l'on passe Sawyer de "petit joueur" en "expert" direct :D

Bon sinon j'ai pas le temps d'écrire tout mon amour pour ce film, même si j'aime moyen la filmo de Michaël Bay (si si), pour moi il ne fera jamais mieux, ça semble maintenant évident.
Scénar-prétexte mais super prenant, acteurs au top, réalisation magnifique au service de la narration... Et effectivement un côté un poil "trop plein" sur l'île elle-même (la course en chariot me fait chier).
On va dire 5,5/6.

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 14:35 
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Schtroumpf sodomite
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Puck a écrit:
un mec qui a pigé que le cinéma, c'est fait par le peuple, pour le peuple,


Le film de communiste, t'sais.

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 15:59 
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Tetsuo a écrit:
Puck a écrit:
un mec qui a pigé que le cinéma, c'est fait par le peuple, pour le peuple,


Le film de communiste, t'sais.


Lol grave...

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 17:12 
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Putain, sérieux mec
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the black addiction a écrit:
Tetsuo a écrit:
Puck a écrit:
un mec qui a pigé que le cinéma, c'est fait par le peuple, pour le peuple,


Le film de communiste, t'sais.


Lol grave...


Mais grave, dans un sens, c'est un des seuls trucs sur lequel je me permet d'être naïvement communiste et exigeant, c'est la capacité d'une oeuvre d'art à ne pas être destiné à une élite et au contraire être compréhensible par tous, Tets, je crois que t'es fan de Welles et de Carpenter, tu ne me dira pas le contraire ;)

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 17:17 
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Ah moi j'ai toujours pensé que la grande force du cinéma c'est d'être un art populaire !

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 17:25 
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Enfin y aurait beaucoup de films communistes si c'était le cas Puck. Les trois quart des films (et encore) sont quand même compréhensibles par tous, je dis bien compréhensible et pas apprécié, ce qui n'est pas le cas de Rock non plus. :)

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 17:39 
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the black addiction a écrit:
Enfin y aurait beaucoup de films communistes si c'était le cas Puck. Les trois quart des films (et encore) sont quand même compréhensibles par tous, je dis bien compréhensible et pas apprécié, ce qui n'est pas le cas de Rock non plus. :)


L'appreciation ensuite c'est un autre problème.

Je suis d'accord que les films sont pour la plupart compréhensibles par tous, mais dans ceux là, on se retrouve souvent, surtout de nos jours, avec des petits malins qui se croient au dessus de la masse de leurs spectateurs, et à partir du moment où un film me prend pour un débile en me disant "regarde comment je suis intelligent", ça m'emmerde, d'où une haine certaine pour quelques réalisateurs modernes...

C'est des images qu'il faut montrer, pas son nombril.

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 17:57 
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Je suis 100% d'accord avec toi.

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MessagePosté: 20 Sep 2009, 18:25 
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Puck a écrit:
Je suis d'accord que les films sont pour la plupart compréhensibles par tous, mais dans ceux là, on se retrouve souvent, surtout de nos jours, avec des petits malins qui se croient au dessus de la masse de leurs spectateurs, et à partir du moment où un film me prend pour un débile en me disant "regarde comment je suis intelligent", ça m'emmerde, d'où une haine certaine pour quelques réalisateurs modernes...

C'est des images qu'il faut montrer, pas son nombril.


Je suis également entièrement d'accord avec ça, néanmoins faut pas tomber non plus dans l'excès inverse, c'est-à-dire prendre le spectateur pour plus con qu'il n'est en ne lui offrant que de la merde pour décérébré. Un cinéaste peut aussi tendre des pièges au spectateur, ou lui montrer de nouveaux trucs, le remettre en question, sans pour autant passer pour un prétentieux qui veut en mettre plein la vue. Le tout c'est que ça ne soit pas une fin en soi (sinon oui c'est de la masturbation nombriliste), mais seulement un moyen pour faire "progresser", ou du moins évoluer, le spectateur.
Pour ce qui est de Rock, à mon avis c'est ni l'un ni l'autre : je n'ai pas perçu de condescendance vis-à-vis du spectateur, et bien évidemment Bay ne cherche pas dans ce film à montrer au public combien il est intelligent. C'est juste un film qui remplit son contrat de divertissement, et c'est déjà pas mal.

Pour Pearl Harbor en revanche, on pourrait croire que Bay a voulu se la péter en montrant à tout le monde "regardez comme je peux faire moi aussi une oeuvre lyrique et épique à la Gone with the wind", sentiment de mégalomanie a été renforcé par l'histoire de Bruckheimer qui fait exploser un porte-avion juste pour être pris en photo devant. Le problème, c'est que le film est assez joliment raté, du coup on a pu entendre aussi que Bay a été suffisant avec le public en lui sur-balisant le récit (genre le film lyrique pour les nuls). Ce qui prouve la difficulté à ne pas tomber dans ces deux extrêmes, de même que la subjectivité de ceux-ci. Personnellement, pour Pearl Harbor, je pense que Michael Bay n'a commis aucun de ces deux "péchés", il s'est juste totalement planté ce qui a fait de son film un produit boursouflé, mais je ne pense pas qu'il ait pu nourrir des pensées nombrilistes lors de l'écriture du film.

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