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MessagePosté: 06 Mar 2018, 18:10 
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J'étais chaud.
J'avais lu des trucs super intriguants, des histoires de jungle surréaliste bourrée de trouvailles graphico-poétiques, de choix audacieux et réfléchis.

Je suis tombé de haut.
Effectivement il y a beaucoup de courage dans les choix de Mandico : la forme du conte / film d'aventures old school, l'usage d'une voix-off un peu tarte à l'ancienne (je jure que ça dit à un moment : "unis pour le meilleur... Et pour le pire!"), les délires végéto-sexuels sympathiques, les jeux graphiques avec les étoiles et les plumes, les zizis tout mal faits en carton-pâte, l'espèce de morale sexiste à l'ancienne aussi (pour calmer les mecs il faut en faire des femmes).
Mais il y a un moment ou ce n'est plus du courage, c'est de la connerie ! Les qualités-défauts cités plus haut s'accordent mal pour moi avec une forme parfois bien ratée : dialogues et acting très limite parfois (même si j'aime encore Vimala Pons, avec ou sans zizi), répétitions inutiles et agaçantes d'idées graphiques initialement bienvenues (les fleurs-bites, et les toiles d'araignée solubles dans l'urine, ça va une fois), noir et blanc sans saveur (j'ai lu "un N & B contrasté, mon cul) alternant parfois gratuitement avec la couleur, ...
Franchement, il y a des moments nanardoïdes, une auto-indulgence embarrassante, et des redites qui auraient pu / dû ne pas survivre au montage.

Et pourtant le fond n'est pas si con : les ados mâles ne pensant qu'au cul, ça justifie presque l'overdose de métaphores sexuelles enchaînées les unes après les autres, comme qui dirait bite-à-cul. Surtout, les bouleversements physiques et sensuels qu'ils subissent évoquent pertinemment l'éruption des caractères sexuels secondaires qu'on a tous vécu. Mais piégé par la forme parodique, le film ne décolle pas de son côté nanardesque.

D'habitude j'écris pas trop sur les films que j'aime pas, mais là la déception est forte, j'étais impatient de jouir de l'audace formelle annoncée, et ce fut un mauvais plan cul, embarrassant, et j'ai failli me tirer comme un rat avant que les lumières ne se rallument, sans laisser mon numéro.

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MessagePosté: 07 Mar 2018, 13:01 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
De mon côté j'ai absolument adoré. En fait ce que j'aime particulièrement dans le film est très simple. C'est l'association parfaite (ou presque) entre un cinéma proche de l'expérimental, très fragmentaire et surtout très "auteur" avec des propositions très singulières et des bizarrerires incessantes et un grand cinéma populaire d'aventures très premier degré. Le plus miraculeux c'est que ça fonctionne vraiment, l'équilibre assez précaire me semble particulièrement bien trouvé. Puis c'est un régal visuel, une orgie de formes et d'idées foisonnant de références à tout va d'une diversité folle, de Borowczyk à Suehiro Maruo en passant par Jules Verne, Portier de nuit, Genet etc... Il faut à ce sujet lire le génial interview des Cahiers où Mandico te namedrop dix mille trucs qui l'ont influencé et ce sont souvent des références assez obscures (j'étais super content de le voir citer cette BD géniale qu'est Nécron de Magnus, une BD italienne mélange improbable de SF et de Porno).

Bref je trouve que c'est totalement détonnant dans le cinéma français, un film littéralement à la croisée des genres qui offre une expérience unique, furieusement singulière et stimulante comme jamais et je trouve également qu'une de ses immenses qualités c'est que l'aspect formol que l'on peut voir de loin à base d'esthétique surannée et de références antédiluviennes est contrebalancé par un discours sur le genre ultra contemporain. Une fois de plus le film parvient à trouver cet équilibre casse gueule entre quelque chose de très ancien, volontairement poussiéreux et une contemporanéité évidente. S'il y a un cinéma de genre à célébrer en France c'est vraiment celui-là en tout cas. Très très fan (la musique aussi est géniale) et très envie de le revoir.

5/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 07 Mar 2018, 13:29 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
Messages: 36698
Localisation: Paris
Comme d'habitude, Art Core a tou-- euh non en fait j'aime bien mais je suis pas aussi à fond que lui.

Le film est en effet fascinant. Le mélange des genres est improbables, entre roman d'exploration à la Conrad, délire Oncle Boonmee, noir et blanc charbonneux, vision psychédéliques. C'est ultra-généreux, mais surtout c'est étonnamment narratif. Le film raconte véritablement une histoire linéaire, aussi fucked up soit-elle. Ca donne au film quelque chose d'assez innocent malgré les torrents de pose qui le traverse. Sympa également de voir Vimala Pons dans un rôle qui change un peu.

Après, s'il y a quelque chose d'hypnotique dans le film, je ne suis pas sûr qu'il mérite ses 1h50. Au bout d'un moment on a "compris" - ou tout du moins on sature, un effet de style en plus ou en moins, bon... Pour ce que ça raconte, ça aurait pu être tout aussi impactant en 1h20.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 08 Mar 2018, 11:48 
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L'avis négatif de Slacker a transformé le film en bonne surprise de mon côté, donc je l'en remercie. Disons que je m'attendais à pire et que j'ai apprécié. J'ai apprécié que Mandico fasse joujou continuellement avec sa caméra tout en produisant un flot continu de belles images, la bande-son qui contribue à en faire une expérience immersive en cinéma - quoiqu'elle m'ait tenu un peu à distance quand même, ainsi il est peu probable que j'eusse tenu la distance à la maison.
Les reproches, ce sont une esthétique passéiste, que j'ai tendance à réprouver, évidemment un côté poseur qui souffre que le film semble vouloir avoir un discours trop évident (ce qui n'est évidemment pas le cas, car Mandico doit avoir des idées un peu fumeuses). C'est marrant ce désir de fiction du cinéma d'auteur mais ça ne date pas d'hier, que ce soit chez Robbe-Grillet, les frères Quay, Ossang (dont l'ignoble [i]Dharma Guns[/i], qui passe à la cinémathèque le 18 mars, souffre de la comparaison avec Les Garçons Sauvages), qui passe souvent par le fourmillement de références vidées de substance ou du sérieux du genre.
Ici l'illustratif suffit à maintenir l'intérêt mais les tics restent trop voyants.


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MessagePosté: 08 Mar 2018, 16:53 
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bmntmp a écrit:
L'avis négatif de Slacker a transformé le film en bonne surprise de mon côté, donc je l'en remercie.


héhé, classique. Tout est dans les attentes.

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MessagePosté: 08 Mar 2018, 17:51 
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Sinon, Mandico est gay ? Je ne sais pas si c'est le cas mais c'est quand même curieux, même si ça s'explique (par des clichés), que les tenants d'un cinéma maniériste, baroque, décoratif ou sensuel soient largement des cinéastes gays (Greenaway, Tom Ford, Werner Schroeter, Terence Davies, même François Ozon, Pedro Almodovar, Gregg Araki, Xavier Dolan, Todd Haynes).
On se dit vraiment que les hétéros devraient se sortir un peu les doigts pour approcher le cinéma comme un art véritablement visuel parfois.


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MessagePosté: 08 Mar 2018, 17:55 
Ha mais le rejet du visuel a été pensé par Daney. Et il y a des maniéristes hetero, même si moins codés et plus violents (Lynch et Cronenberg)


Dernière édition par Gontrand le 08 Mar 2018, 18:38, édité 1 fois.

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MessagePosté: 08 Mar 2018, 18:01 
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Oui bien entendu qu'il n'y a pas de partage aussi clair.
ça me fait penser à la fois où j'avais invité Serge Bozon dans mon lycée et il disait que le cinéma française procédait de deux héritages contradictoires, celui de Cronenberg d'un côté et celui de Pialat de l'autre. C'est un peu grossier, ou péremptoire comme postulat, mais pas inintéressant. Pas impossible qu'il l'ait développé dans ses critiques.


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MessagePosté: 08 Mar 2018, 20:18 
bmntmp a écrit:
c'est quand même curieux, même si ça s'explique (par des clichés), que les tenants d'un cinéma maniériste, baroque, décoratif ou sensuel soient largement des cinéastes gays (Greenaway, Tom Ford, Werner Schroeter, Terence Davies, même François Ozon, Pedro Almodovar, Gregg Araki, Xavier Dolan, Todd Haynes).
On se dit vraiment que les hétéros devraient se sortir un peu les doigts pour approcher le cinéma comme un art véritablement visuel parfois.


Heureusement que tu prononces le mot "clichés", parce qu'en effet, dans le genre "catégories fumeuses pour épater dans les salons"...


En ce qui me concerne, quand je pense cinéma maniériste, voilà les noms qui surgissent aussitôt dans mon esprit avec la forme de l'évidence (et je ne pense ni à Lynch ni à Cronenberg):

Sam Peckinpah
Sergio Leone
Brian de Palma
Dario Argento
Francis Ford Coppola
JJ Beneix
Jim Jarmush
Alan Rudolph
John Woo
Lars Von Trier
Wong Kar Wai
Tsui Hark
Léos Carax
Guillermo Del Toro
Wes Anderson
Philippe Garrel
Pedro Costa
Darren Aronofsky
Nicolas Winding Refn
Terrence Malick (depuis TOL, c'est l'hémorragie)
etc

(Et à part 3 ou 4 exceptions, j'ai horreur de ça).


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MessagePosté: 09 Mar 2018, 01:07 
bmntmp a écrit:
Oui bien entendu qu'il n'y a pas de partage aussi clair.
ça me fait penser à la fois où j'avais invité Serge Bozon dans mon lycée et il disait que le cinéma française procédait de deux héritages contradictoires, celui de Cronenberg d'un côté et celui de Pialat de l'autre. C'est un peu grossier, ou péremptoire comme postulat, mais pas inintéressant. Pas impossible qu'il l'ait développé dans ses critiques.


Ce n'est pas si contradictoire que cela. Les rapports de couple dans Chromosome 3 ont un petit côté "Nous ne vieillirons pas Ensemble", le paysage urbain est aussi investi par tous les deux par un mélange de jugement moral sur un état de chute et de nostalgie du passé immédiat (ce qui les différencie de Scorsese) .

Sinon dans les maniéristes, il faut ajouter Carpenter.


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MessagePosté: 02 Mai 2021, 21:32 
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Inscription: 01 Fév 2016, 20:06
Messages: 8694
Le film est dispo sur arte.

Je trouve que le film fonctionne bien dans sa première demi-heure, l’étrangeté de l’ensemble et l’hétérogénéité des influences ne bloquant pas l’adhésion au récit et arrivant à susciter la curiosité, entre onirisme, aventure, sexualité adolescente perverse. J’aime bien le fait que Mandico ait choisie des actrices pour jouer ces garçons sauvages, au-delà même du fait que cela devienne cohérent avec le propos qui se développe ensuite dans le film.

Mais bon ça se délite peu à peu, et les allusions crypto-sexuelles à base cactus qui éjaculent et d’alimentation faite avec des fruits poilus, disons que ça participe à un manque de subtilité globale, parce que ces éléments pourraient servir d’arrière-plan un peu absurde, mais ici ils peinent à masquer un certain manque d'ampleur du propos, une deuxième profondeur de lecture, alors que pour paraphraser Qui-Gon Jinn, la puissance formelle aurait mieux fonctionné en comprimant un peu le tout. Cela dit je trouve la fin (l'idée du garçon restant devenant capitaine) belle et réussie.

Mais bon, quoiqu’on pense du film je suis plutôt content de me dire que des projets comme celui-là puissent exister (tout comme Un Couteau dans le cœur de son pote Yann Gonzalez, que j’avais moyennement apprécié également), ça me semblera toujours plus vivifiant pour le cinéma français que les comédies prêtes à diffuser en prime time.


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