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MessagePosté: 08 Aoû 2020, 19:42 
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Eva, 33 ans, décide de rester à Madrid pour le mois d’août, tandis que ses amis sont partis en vacances. Les jours s’écoulent dans une torpeur madrilène festive et joyeuse et sont autant d’opportunités de rencontres pour la jeune femme.

Film assez doux et plutôt feel good malgré les quelques moments mélancoliques qui au final pèsent peu. En effet, pour une jeune femme qui décide d'expérimenter le temps long et la solitude dans une "Madrid déserte", elle fait beaucoup de rencontres et passe de péripéties joyeuses en opportunités heureuses... Oui je force sur le champ lexical du bonheur mais c'est aussi parce que le film est un poil agaçant dans sa déviation du programme initialement annoncé dans un carton, et dans sa manière d'étouffer tout le malaise de son héroïne, dont on apprend en fait qu'à 33 ans,
elle a décidé d'abandonner sa voie de comédienne sans avoir de plan B et vient de vivre une rupture difficile.


Si l'on ajoute le peu de réalisme de certaines rencontres ou développements (elle drague et pécho le gars final devant sa petite amie à lui??? elle rencontre sa fille seulement deux jours après?? elle se dit pudique et timide et aborde 10.000 personnes au mètre carré?), on se prend à penser qu'on est bien plutôt face à un conte qu'à un film naturaliste. D'ailleurs la révélation finale un peu what the fuck renforce cet aspect. Mais là où le conte rohmérien (que Trueba cite comme influence, paraît-il) se développait de manière organique avec des péripéties dont les logiques s'emboîtent, ici il est difficile de suivre le fil conducteur et le sens de ces aventures, on se demande un peu où Trueba veut en venir. Même s'il y a beaucoup de jolis moments, que certains dialogues (vraiment pas tous...) sont intéressants et que le film laisse un souvenir agréable.

Après la séance je suis sorti sous le cagnard me promener dans Paris en août comme Eva à Madrid et bizarrement j'ai pas vécu autant de choses :lol:


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MessagePosté: 09 Aoû 2020, 12:26 
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Oui moi aussi au départ cette succession de rencontres et de hasards (elle croise comme par hasard plein de gens qu'elle connaît comme si Madrid était aussi grand qu'un village) m'a un peu dérangé, surtout qu'on est dans un contexte social très bourgeois, très déconnecté de la réalité avec ce personnage de trentenaire sans emploi qui se laisse le temps de découvrir qui elle est et ce qu'elle veut faire de sa vie et tout autour gravitent uniquement artistes, journalistes & co. Mais là où je trouve que le film est beau c'est justement dans son évolution lente et délicate, du naturalisme initial vers quelque chose de plus trouble jusqu'à une fin littéralement fantastique et de ce centre ville bourgeois et oisif vers des zones urbaines éloignées où on habite toujours en colloc à 40 ans et où on fait des petits boulots pour survivre. Je trouve que c'est très fin, jamais appuyé mais que ça existe vraiment dans le film. Puis il y a une vraie finesse d'écriture, j'ai adoré la première scène avec le mec qui laisse son appart, où celle avec le anglais quand ils commencent à chanter une chanson des Brigades Internationales, plein de petits moments comme ça.

J'ai aimé que le film garde son mystère, ne soit jamais trop évident dans ces rencontres (par exemple cette manière de construire quelque chose chose avec les deux anglais pour ne plus les revoir), dans ses petits à côtés (ce truc avec la touriste asiatique), dans ses trajectoires. Comme l'espèce d'engueulade avec la copine maman au début, chose là mais dont on ne reparlera pas. Et surtout je trouve vraiment belle cette tristesse, cette dépression larvée chez ce personnage qui se cherche et qui ne parvient pas vraiment à se trouver. Il y a plein de petits moments comme ça que j'ai trouvé très beau comme quand elle a les larmes aux yeux en voyant passer la procession par la fenêtre et son rapport à la "foi", comme si elle cherchait à avoir foi en quelque chose sans trop savoir quoi.

Par contre quel dommage ce titre français qui je trouve passe totalement à côté de la poésie et du sens du titre espagnol (La Vierge d'août). Parce que la clef du film est sans doute là. Dans cette fin que j'ai pris comme une réalité
elle tombe enceinte de personne. Adoré d'ailleurs le plan sur le carnet avec la phrase commencé "C'est difficile à croire mais..."
se passe quelque chose d'inexplicable, un mystère insondable, elle qui était perdu comprend que tout se jouait à l'intérieur, au plus profond de son corps et non pas à l'extérieur dans la recherche des autres et des expériences exogènes. Puis, c'est quelque chose que j'adore dans le cinéma espagnol, et l'art espagnol en général, c'est cette manière d'être en permanence dans son folklore, dans sa culture sans l'embrasser naïvement mais justement en la réinventant, en l'utilisant pour ses propres moyens. Comme l'idée de la Vierge, tellement importante dans le folklore religieux espagnol, dans les fêtes organisées en son honneur, dans les célébrations qui lui sont consacrées. Et finalement si c'était elle ?

C'est à la fois très humble, le carton au début le dit, c'est "casi nada", presque rien et aussi un peu prétentieux (c'est très long). Et j'aime bien ce genre de film qui vont contre l'époque, pas de conneries de réseaux sociaux, de Tinder, d'argot contemporain de merde etc... Puis le film m'a rappelé à quel point j'aime l'Espagne, ce pays de la rue, du bruit, de l'agitation, de la célébration, ses rapports immédiatement chaleureux et familiers. Un vrai bon moment même si c'est un peu trop long et inégal (j'aurais coupé toute la partie avec la fille qui fait du reiki par exemple).

4-4.5/6

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MessagePosté: 09 Aoû 2020, 12:30 
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Ah oui belle idée aussi celle des cartons qui annoncent les jours et qui apparaissent précisément à minuit laissant la scène se continuer juste après. C'est bête mais j'avais l'impression de n'avoir jamais vu ça.

Sinon j'apprends que le réal est le fils de Fernando Trueba, réalisateur de La belle époque (Oscar du meilleur film étranger en 92) ou encore Chico & Rita.

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MessagePosté: 09 Aoû 2020, 12:57 
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Oui notre différence d'enthousiasme vient aussi peut-être de ce goût pour l'Espagne que je n'ai pas du tout (en fait, c'est même plutôt un certain dégoût même si le terme est fort, en particulier pour la langue espagnole).

Ce que tu dis sur le contexte social qui se fait jour peu à peu est juste. Et j'ai beaucoup aimé ce thème de la patience ("tu as le temps" à 33 ans). Ainsi que le dialogue intelligent sur le fait qu'il est paradoxalement plus difficile de se révéler dans un milieu connu et que le voyage, le déménagement aide beaucoup, je n'avais jamais vu les choses sous cet angle-là.


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MessagePosté: 09 Aoû 2020, 13:11 
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Oui excellent dialogue en effet, j'ai trouvé ça fort et très vrai.

C'est marrant par contre jamais rencontré quelqu'un qui avait un dégoût pour la langue espagnole, c'est vraiment une langue facilement aimable, je trouve. Quoique je dis ça et moi c'est le portugais, je déteste la musicalité traînante et hâchée du portugais.

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MessagePosté: 09 Aoû 2020, 14:04 
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Le "j" râpeux, la façon de rouler les "r", les intonations, tout plein de mots qui ressemblent au français mais veulent dire autre chose (généralement un truc plus sérieux que son faux ami français qui veut dire un truc trivial)... tout résonne vulgaire et même un peu violent en Espagnol de ma perception. L'Italien me paraît beaucoup plus beau. Mais bon! Je sais que c'est épidermique et peu intéressant comme considération :)


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MessagePosté: 09 Aoû 2020, 15:24 
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C'est la suite de Milou en mai ?

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MessagePosté: 09 Aoû 2020, 19:34 
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Oui, prequelle de Fin août, début septembre :o.

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MessagePosté: 09 Aoû 2020, 19:40 
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Ces titres, ça vend du rêve tout de même.

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MessagePosté: 13 Aoû 2020, 00:17 
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Bien aimé pour ma part ces tribulations de cette Agnès Jaoui trentenaire , c'est assez réussi dans l'ensemble. Sauf cette fin toute naze l
le trip d'être enceinte confine au ridicule
qui laisse un goût amer en bouche.

4/6


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MessagePosté: 13 Aoû 2020, 10:54 
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Je vois l'intention symbolique (comme dit Art Core, elle féconde elle-même son destin heureux), mais je suis d'accord avec toi, ça tombe comme un cheveu sur la soupe, ça ne cadre pas avec le ton du film et ce n'est pas le thème des fêtes madrilènes dans leur dimension religieuse, plutôt plaqué, qui y remédie.


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MessagePosté: 16 Aoû 2020, 10:54 
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Abyssin a écrit:
c'est assez réussi dans l'ensemble. Sauf cette fin toute naze
Baptiste a écrit:
ça tombe comme un cheveu sur la soupe, ça ne cadre pas avec le ton du film et ce n'est pas le thème des fêtes madrilènes dans leur dimension religieuse, plutôt plaqué, qui y remédie.

Je ne suis pas du tout fan du film, mais je ne comprends pas ce reproche: le thème religieux n'est pas plaqué, c'est le sujet même du film, comme l'indiquent d'entrée le titre original ou même l'affiche.
Baptiste a écrit:
le conte rohmérien (que Trueba cite comme influence, paraît-il)

Oui, Trueba cite "Le rayon vert". Comme chez Rohmer, on retrouve l'idée des 3 stades du "chemin de la vie" (que Rohmer pique à Kierkegaard): le stade esthétique (celui de la séduction, du plaisir multiplié mais vain), le stade éthique (celui du mariage, de l'enfantement) et pour finir le stade religieux. Le parcours de l'héroïne (qui se nomme Eva quand même, avant de devenir une nouvelle vierge Marie) me paraît suivre ce cheminement existentiel et tout ce qui précède semble préparer cette épiphanie finale: d'abord l'abandon au hasard des fêtes, des rencontres, qui multiplie les possibilités de plaisirs mais n'aboutit à rien (par exemple, la rencontre avec les deux Anglais, qui dessine la possibilité d'une aventure amoureuse mais ne donne rien; peut-être parce qu'Eva s'aperçoit, lors de la scène de la baignade, que le garçon est en réalité plutôt le type de sa copine, que c'est à elle qu'il est destiné), puis la confrontation aux choix de l'existence (se marier ou non, avoir un enfant ou non, questions qui reviennent à plusieurs reprises: avec l'amie perdue de vue, avec la performeuse qui a fait congeler ses ovocytes, avec la guérisseuse Maria), et enfin la question de la foi (omniprésente depuis le début, dans le dialogue sur les églises où l'on n'ose plus entrer, dans le folklore des fêtes précédant l'Assomption, dans la scène de la baignade filmée comme une sorte de baptême, dans les conversations sur les modes d'existence, notamment sur le refus du cynisme, de l'ironie, sur la difficulté à "bien admirer" ou à conserver un rapport de gratitude, d'émerveillement devant l'existence ordinaire).
Toute la partie initiale, où Eva erre désoeuvrée, est seulement un moment de préparation, qui trouve sa nécessité à la fin, c'est le moment où elle se laisse porter par le hasard, pour se dépouiller de toute volonté, de tout projet, ce qui lui permet ainsi d'accéder à la fin à quelque chose qui la dépasse, qui dépasse la décision individuelle et qui est de l'ordre de la grâce.
Art Core a écrit:
Un vrai bon moment même si c'est un peu trop long et inégal (j'aurais coupé toute la partie avec la fille qui fait du reiki par exemple).

La scène a sa place dans le cheminement d'Eva, puisque c'est le moment où il est question des règles, de l'utérus, de la puissance d'enfantement des femmes - et c'est aussi, bien sûr, un moment d'ouverture à une autre dimension.
Art Core a écrit:
quel dommage ce titre français qui je trouve passe totalement à côté de la poésie et du sens du titre espagnol (La Vierge d'août).

Le titre espagnol souligne également la proximité entre "agosto" (août) et Agostino (le gars qu'elle rencontre à la fin) et suggère clairement l'idée de prédestination: "la virgen de agosto", ça peut aussi s'entendre comme "la vierge d'Agos(tino)": c'était lui qu'elle devait rencontrer, c'est pour aller jusqu'à lui qu'il lui a fallu prendre ce chemin.


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MessagePosté: 18 Aoû 2020, 12:14 
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Ah ben ça expliquerait pourquoi le film ne me plaît pas, au final. Je suis plutôt allergique aux paraboles religieuses. Et pourtant j'adore Rohmer, mais sa manière est différente je trouve, pas du tout prosélyte en tout cas alors que sur ce film-ci j'ai quand même l'impression d'être démarché.


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MessagePosté: 19 Aoû 2020, 11:11 
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Baptiste a écrit:
sur ce film-ci j'ai quand même l'impression d'être démarché.

Le cinéaste reste prudent dans ses entretiens:
Citation:
TRUEBA: Quand je me suis décidé pour le titre du film (“La Vierge d’août” en espagnol), j’avais bien conscience d’amener le film sur le chemin de la foi. Mais j’entends la foi dans un sens cinématographique. C’est important pour moi de croire au cinéma, de manière simple et pas cynique.

http://www.arizonafilms.fr/upload/eva/EVA%20epk.pdf

Il y a un élément qui maintient une certaine distance vis-à-vis du parcours religieux de l'héroïne, c'est le fait qu'elle (et Agos) sont comédiens. Une caractéristique qu'ils partagent avec les personnages secondaires d'ailleurs: la voisine performeuse, les Anglais chanteurs... Même la séance de Maria la guérisseuse a quelque chose d'une performance. On peut donc aussi penser que la foi d'Eva a quelque chose d'un jeu qu'elle se joue à elle-même et auquel elle finit par croire.


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MessagePosté: 19 Aoû 2020, 14:08 
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Mouais... ce serait pathétique.


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